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David
de Tautavel sélection décembre
2004
il se présente à
vous.
NOS INSUPPORTABLES RACINES
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Les insupportables racines achèvent la journée
En ramenant le soir entre deux cimes à l'Ouest.
Les nuages tombent scandaleusement dans mon oreille
Qui voit venir une fontaine et le crâne chevelu
Éclatant dans un silence inaudible, au royaume de l'oubli.
Où suis-je dans ce champ ?
Entre ces arbres ou le chant des oiseaux.
Ce champ n'existe pas.
C'est... non rien.
Il y a une rivière,
Une fille dans la rivière qui ne se noie pas.
Des bouteilles mortes dans l'herbe.
De l'alcool.
Je suis poursuivi par tout un village.
Je mange des racines,
Je dors.
L'insupportable sommeil ouvre le jour.
Les bras, las, caressent la paille humide.
C'est l'hiver sous la pluie.
Je ne comprends plus pourquoi la nature est là.
On n'échappe pas au royaume de la peau,
Le berceau éternel de tout,
Du soleil au radis.
As-tu déjà vu des pierres tomber du ciel
comme tombe la pluie ou la neige ?
Elles se sont abattues sur moi !
Voilà quels furent mes troubles
Dans la paille froide du pré matinal,
Ce 26 janvier 1909.
Et ce n'est pas tout.
J'ai aussi vu, dans un demi-sommeil,
Une forme dans le ciel.
Un dragon difforme, une dent,
Un morceau de peau et une aile.
La terre s'est morcelée d'elle-même
Et a formé de petits êtres volants
Dans les fleurs encore closes.
Je m'endormais dans les lèvres d'une bouche géante,
Non sans appréhension métaphysique.
Et je fus mis las et paillard au cachot.
Là j'ai continué à rêver.
Des limaces me gardaient,
Leurs mots ne voulaient rien dire,
Leurs voix étaient basses et rauques.
Vertes, roses.
La paroi des murs entrait dans ma tête,
J'allais au grès du noir de ma détresse.
Ma cellule s'enfonçait chaque jour plus dans la terre,
Les gardiens ne venaient plus.
Ils ne voulaient plus de moi !
Il m'abandonnèrent !
Je fus enfermé durant des siècles sans me nourrir.
Je voyais des yeux partout,
Ainsi que des narines de femmes qui transpirent.
Au bout de quelques 300 ans il fallut que je sorte,
Les phalanges en sang tel une momie.
Mon cerveau reprit sa place dans ma tête.
Ce fut une résurrection extraordinaire,
Je m'inventais des ailes pour voler avec les marabouts,
Et découvris des nuages inconnus de tout être vivant,
y compris des plantes volantes,
ñ grande invention du prochain millénaire.
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