Vous y trouverez des poètes, des nouvellistes et
romanciers, des auteurs de pièces de théatre, hommes et
femmes, connus et inconnus, venus des cinq continents. Vous pouvez,
vous aussi, en faire partie en nous proposant un texte.
«
Dire d'abord que ce n'est pas de la poésie. Même pas
muette. Ca parle. Vous voyez bien. Au fait, il n'y a même
pas de vous, pour l'instant. Vous apparaîtrez plus tard. Maintenant
juste moi et cette poésie muette qui n'existe pas. »
Ana Maria David, auteure édition d’octobre.
« Histoire à tiroirs que
l'on voudrait voir se poursuivre, portés par son rythme...
à nous
d'entrer dans le rythme, d'imaginer... »
(Liette, membre du comité sous le charme de cette poésie
muette)
Et que dire après tout si pour cette édition d’octobre
nos francopolissons ne sont pas si muets que cela ? D’ailleurs
vous vous en doutez bien qu’ils ne sont pas muets, ils parlent
dans les coulisses et vous ne les avez toujours pas lus ? Mais qu’attendez-vous
donc pour découvrir les nouveaux auteurs sélectionnés
ce mois ?
Tout d’abord, fierté de l’équipe. Une
fournée agréable, de nouveaux auteurs. Huit auteurs
derrière le rideau rouge, tous nouveaux dans notre distribution,
sauf Eva Born et Umar Timol. D’ailleurs double fierté,
car la francophonie est plutôt bien représentée
avec des auteurs des quatre coins de la France, une auteur qui nous
vient de Roumanie, Ernest Pepin auteur reconnu de Guadeloupe et
Umar Timol de l'île Maurice.
Mais, je discute, je discute, je vous vois qui frétillez
d’impatience… 1 – 2 – 3 applaudissez, le
rideau se lève !
Nous allons donc commencer notre présentation par «
de petites touches impressionnistes », «
une atmosphère charmeuse » (Lilas) «
comme un instant de vie croqué » (Liette)
et ces mots de Ghislaine Lejard qui nous vient
de Nantes.
Sur la margelle du puits
Le chat guette
L’ombre.
Ce sont des extraits de Un papillon sur l’épaule.
Certains membres du comité y ont vu des haïkus. Je dirais
plutôt que ce sont de petits instantanés. Et quelque
chose comme le dit Philippe « cristalin...
transparent aussi, simplicité »
Ensemble de petits textes qui séduit le comité dans
son ensemble, « pas facile juger
un ensemble mais il y a une belle fraîcheur »
(Gertrude)
« les trois petits tableaux sont
liés, le passage de l'un à l'autre apportant sa surprise,
découlant du précedent...un bel ensemble »
(Liette)
« Je ne suis pas adepte des haïkus
mais il y a une certaine fraîcheur dans ceux-ci. » (Jean
Marc)
"J’aime beaucoup ces petits
moments délicats, comme des petites touches intimistes."
(Michel)
Seule Sabine semble moins emballée : «
un peu léger pour des haïkus, on ne fait qu’effleurer
l’idée, la chose, cela manque de précision.
Il manque aussi cette part d’ombre qui fait le charme de ce
genre de textes par cette ouverture à une autre dimension,
le sentiment que tout peut basculer d’un moment à l’autre
»
La deuxième auteure s’appelle Ana Maria David
de Roumanie. Elle nous présente trois textes. Ce sont des
textes en prose. Pour Jean-Marc «
l’écriture est fascinante, très originale. Un
coup de cœur ». Lilas est également
séduite « … pour la
présence et l’originalité de cet auteur, en
particulier dans le premier texte : l’on savait que la poésie
est dans le regard, mais l’on oubliait, entre deux, devant
la vitrine, la poésie muette ! Merci pour l’originalité
de ce rappel souriant au bienveillant humour … » Gertrude
est fascinée, trouve que le texte mérite qu’on
s’y attarde « On y voit presque
l’arc-en-ciel dans cette pluie. »
Philippe est un peu plus distant mais formule tout de même
une bonne critique « je ne sais
pas quoi dire, il y a des formulation un peu lourde, la forme utilisée
est peut-être la raison, quelques inventions de langue, il
y a un vrai travail comme un recherche de quelque chose dans la
forme, une sorte d'exploration pour l'exploration même un
jeu de construire jusqu'au bout , d'empiler » Tout
comme pour Sabine «il y a indéniablement
de l’originalité chez cet auteur, mais là encore,
j’ai du mal à suivre. Un style à épurer
tout en conservant ces rapprochements inattendus qui permettent
de creuser autour d’un mot, d’une idée, en «
déshabituant le regard » pour mieux interroger le réel.
»
Sur la 3ème marche, nous avons Eva Born
avec quatre textes. Déjà connue de nos fidèles
lecteurs.
Je est un tout petit germe.
Rien qu'un point.
Perché là, tout là haut, il fait le guet.
Il est tout chaud. "Le serrer dans mes mains, le porter à
mon cœur".
« Une poésie tranquille,
qui ne se prend pas trop au sérieux, et interroge, l’air
de rien, le réel. » (Sabine)
« Des poèmes qui séduisent
tour à tour par leur sagesse, l’audace de certains
passages, le regard intime porté sur les choses. Une vraie
veine poétique, authentique, dans ces quatre textes. »
(Teri)
« De l’originalité
et un style vif, efficace, qui suscite l’intérêt
et sait amuser. » (Lilas)
« Des mots simples qui mènent
loin » (Jean-Marc)
" Original, plein d’inventions"
(Michel qui dit d'ailleurs du 2ème texte : "Très
beau texte. Une mise en perspective ahurissante. Du grand art !"
Sur la 3ème marche toujours (tout le monde a la même
note comme à l'école des fans), nous découvrons
Dominique Tissot. Vous avez pu déjà
le lire dans des publications papier telles que Friches, Décharges,
N4728 par exemple.
La pluie est délicate :
une maison de papier.
A moins de ne plus attendre.
Le temps siffle continuellement.
Sabine est séduite : « Une
voix qui fore ses visions, le creusement de la langue pour transcrire
cela qui nait d’une extrême attention concentrée
dans un regard, une écoute silencieuse, j’aime cette
parole discrètement offerte, il y a des vers là qui
me touchent profondément « Lui le vent me veut du froid,
du tournis, des feuilles »
Mais aussi Teri ! « Un texte qui
démarre par « sur les brisées du bleu »
mérite déjà la note maximale, quoi qu’il
puisse se passer ensuite. » « Il n’y a aucune
fioriture, chaque mot semble choisi immédiatement en rapport
de celui qui précède, tout s’écoule comme
avec naturel. »
Un coup de coeur pour moi aussi.
sur les brisées du bleu.
au nord.
contre les oliviers.
oliviers poissoneux.
contre les iris par-dessus les murets crayeux.
Lilas : « Cet auteur a le regard
d’un peintre et les mots de sa palette composent des tableaux
où couleurs et structures traduisent ses rythmes et atmosphères
personnels et prenants. »
Philippe : « sans prétention
juste dire et confronter quelques mots où un parfum de présence
existe »
Liette : « vocabulaire intéressant
belles images, un rythme vient nous chercher »
Gert : « une suite de photos bien
lumineuses, surtout dans le premier paragraphe. »
Nous accueillons ensuite Ernest Pepin, auteur
de Guadeloupe avec 5 textes.
Regard des semences intérieures
au bord des paupières
Regard des pluies tissées d’absence
Qui tend le fil de l’horizon
Regard des mangroves sur les eaux du métissage
Apprend nous à aimer la solitude des îles
« une très belle écriture,
j’en goûte les mots, la musique, les visions, je me
laisse bercer par ce chant des profondeurs, il y a quelque chose
d’ensorcelant dans ces textes qui vraiment me plait. »
(Sabine)
« Un bel exemple d'écriture
classique très réussie. Les mots de cet auteur habillent
bien sa géographie et l'auteur les habite. » (Jean-Marc)
« Des poèmes inspirés,
au goût exotique, aux thèmes universellement touchants,
et qui emportent l’adhésion, par leurs métaphores
et leur lyrisme ». (Lilas)
« une écriture où
on sent bien la vie des îles. » (Gertrude)
« ici, les images ont un rythme
"la nuit perd ses eaux" j'aime... un rythme nous emporte
» (Liette)
"Très beau texte, lyrique
à souhait avec des expressions remarquables comme «
Regards des semences intérieures au bord des paupières
» (Michel)
Philippe par contre, est moins emballé, il est toujours un
peu plus tatillon notre Philippe: «
j'ai également quelques poussières sur le bord des
paupières et généralement je me frotte l'oeil
à rougir et je ne parviens plus à m'arrêter,
non il n'a pas dit poussières mais semences, c'est tout à
fait pareil, images assez classique. Il y a quelques expression
qui me plaisent mais certaines sont réellement usées
: solitude des île, larme du matin, courbes des femmes sang
humain, écorce des défaites, la rivière déplie
son rêve, troupeau d'étoile, rayon de l'amour, un soleil
à partager, même si on voulait pas le soleil on serait
bien obliger de partager( on a le droit d'aimer ces expressions
mais n'empêche qu'elles sont immensément classiques..)(
cela veut dire pour moi qu'elles ne remettent rien en cause, ne
bouge rien, ne m'invitent à rien d'autre qu'une lecture plate,
limpide, transparente) ( je suis un peu sévère peut-être...)
»
Je suis très contente car les textes de Christian
Degoutte ont trouvé lecteurs heureux parmi les membres
du comité. J’ai rencontré Christian lors du
festival
Poètes au potager qui a eu lieu à Montluçon
en juin dernier.
- Touche où je suis, touche
c’est frais comme à l’intérieur d’une
orange
« des textes délicieux,
à la sensualité réjouissante, et la forme dialoguée
est intéressante » (Sabine)
- Eau et feu dans un même
souffle : ce fruit
dans ta paume - cette orange comme bouche close
ou goulue ou fébrile ou amère ou grinçante
-
ce fruit comme une respiration où filtre tout mon être,
« poèmes confirment que
nous lisons un poète avec une vraie personnalité,
un vrai style qui parcourt l’ensemble des vers. Il y a toujours
quelques imperfections, mais elles participent du charme de ces
textes. » (Teri)
« Cette belle écriture,
maîtrisée, pulpée, fervente, vibrante, digne
d’un auteur confirmé, est mon « coup de cœur
» de la fournée. J’aimerais l’entendre
aussi sur d’autres thèmes. » (Lilas)
« exploration , expérience,
un ensemble peut-être un peut long, un vrai travail de lien
entre les cinq, un travail d'écriture on sent la recherche,
la volonté de faire,, la rupture portée comme regard
de l'écart pour mieux faire sentir, ressentir, ouvrir le
choix des mots
(remarque : après le da vinci code... je croyais que marie
madeleine et jésus... ben vous voyez ce que je veux dire,
ben quoi? ils ont fricotés... oui! on peut pas vérifier,
mais ce qu'ils disent à la télé c'est vrai
parfois, par foi?...) » (Philippe)
Quoi ? Les baisers, les paroles
comme à la table
dressée pour le Christ ?
- Non, il n’a jamais touché aux femmes.
Nous avons ensuite Umar Timol avec un texte, très
court. Auteur coup de cœur pour Sabine et Teri pour l’ensemble
des textes présentés (et pour moi aussi).
« J’aime énormément
ces textes, on peut y revenir inlassablement et ne jamais y trouver
la même chose, et les barres verticales hachent le texte d’une
façon intéressante, peut-être pas complètement
maitrisée d’ailleurs, dans le dernier texte notamment
il me semble que l’auteur aurait pu en ajouter… »
(Sabine)
« Des fragments juste magnifiques,
forts, une noirceur au cœur de laquelle point une petite lueur.
Et inversement. Une mise en page originale, plus que des coupures
ou des silences, de vraies frontières matérialisées
noir sur blanc, sans équivoque. Un vrai coup de cœur.
» (Teri)
Mais il faut de tout pour faire un monde, des goûts des couleurs…
« Aucune émotion. Autant
faire de la peinture à numéros. »
(Jean-Marc). Idée que rejoint Gertrude : «
un travail d’écriture loin de l’émotion.
» et Liette « je n'accroche pas à la mise en
page je ne sens pas le fond »
Lilas apprécie : «
De la recherche : rythme ( mais est-il bien nécessaire de
le souligner par ces barres obliques- trop frontières ),
jeu sur les classes de mots… »
Enfin nous accueillons la poésie de Thibault Mathouret.
Nous est toujours à part.
Imaginez vous, et vous savez qui n’est pas nous. Dans un coin,
esseulé. Accroupi, dans l’angle. Nous a les yeux fermés.
Les heures tournent autour de nous, soufflent dans son oreille,
font des bruissements d’aile. Elles disent que le facteur
n’est pas passé. Souffle. Que le facteur ne passera
pas. Souffle. Jamais.
Ce sont des extraits de Notre Asile. Un ensemble de textes
en prose qui s’articulent autour de Nous ; Personnellement,
j’ai été séduite par ces textes. Il y
a un peu de chacun de nous dans ces nous toujours à part.
Mais ça peut toutefois lasser certains lecteurs, comme par
exemple Gertrude :
« nous nous....ça fatigue
à la longue ce nous....ça défait la poésie...dommage.
je ne comprends pas vraiment ce « nous » omniprésent
chez cet auteur. »
Mais bien sûr, les autres membres ont beaucoup aimé
!
Sabine : « Une poésie en
prose originale, je suis entrée peu à peu dans le
mystère de ce « nous », j’ai pris plaisir
à sa compagnie, je le suivrais bien longtemps encore…
»
Teri : « On en sait un peu plus
sur ce fameux nous, au fil de quatre textes de qualité homogène
mais qui gagnent en force au fur et à mesure. L’auteur
suit une thématique et s’en sert de prétexte
à toutes les situations possibles, une belle réussite.
»
Philippe semble intéressé également : «
je connais une" elle qui ne sait pas dire Je"
la il ou elle ne sait pas dire je il ou elle dit nous.....impossible,
impossible attachement, relisons doucement ce texte écouté,
branchez vous sur ce nous, mettez vous dans le nous, faites vous
nous, et explorez ce nous cette multitude, à partir de deux
on peut dire nous, un des nous qui pleurent qui vit l'autre qui
ne sait plus rien, carcéral, ce nous, prison le nous, quand
il n'y a pas d'autre issue...( un texte à verser dans la
case maladie dégénérative) nous l'humain perdu
seul le nous, ils sont pleins dans les maisons de retraite, ces
nous qui attendent le courrier de quelqu'un de vivant, ces nous
tout seul qui écoute encore celui qui cet il qui depuis cinquante
ans fait parti d'un nous de solitude.. »
Lilas ajoute un grain de sel : «
Bien que je comprenne la raison d’être de ce nous, il
me semble qu’un « on » plus banal et aussi «
englobant » allègerait les textes et les rendrait plus
agréables à lire. Evidemment, cela supprimerait la
dimension névrotique que l’auteur a voulu suggérer…
Que faire ? »
Et voilà nos auteurs présentés..
Eh oui, c'est déjà fini. Vous ne vous êtes pas
ennuyés ! Bon, alors, sortons doucement par le salon, lire
les textes de Michel
Ostertag, membre de notre comité qui n'était
pas encore passé par la case salon. A vous de lire ces charmants
textes.