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de Bernard Morens(), sélection décembre 2002 :

 
Il se présente à vous

 ELOGE

 

" Quand je n'écris pas, je couds. ", dit-elle,
d'où cet Eloge

 

 

que

l'imaginant apparue par magie près de moi
non pas vraiment elle mais son image
aussi charnelle que dans un rêve

je rédige

dans le murmure acharné de l'horloge l'inexorable
décoloration du jour la raideur cadavérique des livres
dressant leur mur devant les murs.

Elle

assise dans un fauteuil bas près de la fenêtre qui regarde
l'inexorable montée de ce crépuscule automnal où
tels des hommes qui se noient les arbres
crispent leurs mains maigres

rêve il suffit que

je me penche pour apercevoir
entre ses mains fragiles fauves assoupis
les arabesques d'or qu'elle brode sur un drap
dont la moelleuse nuit se déroule jusqu'à terre.

Une bûche flambe dans l'âtre une de ses mains
brusquement envolée plane
comme l'aigle polaire brûlée de flammes blanches.
Elle scrute la banquise.

Que chante-t-elle si tremblante ?

Mais elle

terrassée par le givre

dégringole

torche fanée de tendresse
torchon de plaie glacé
ridicule Icare

mais

déployant à nouveau
comme l'oiseau Phénix qui refuse la chute
sa voilure d'ongles de doigts de paume

elle

effleure la joue d'un enfant qui semble
dormir entre ses mains je te capture
chasseresse au plumage de fureur et d'amour.

Ongles
je me penche et vous observe courbes
comme l'arche nocturne et les voûtes d'une cathédrale.
Sur vos lunes livides
La belle a peint vitrail après vitrail
d'ardentes images l'Egypte la Passion le Bœuf et l'Ane

froides dures vitres.
Au-dessous dort ou meurt un grouillement immonde
intimes blessures terreurs désespoirs qui se convulsent
en bourdonnant.

Où est l'enfant qui dormait au chaud
dans son berceau de tulle et de dentelle ?

Son image s'est dispersée.

Je vous sens frémir doigts
friables puissants fuseaux comme le sable et l'uranium
agiles navettes comme la lumière.
Que de frayeurs molles aspirent encore le sang
qui vous dévore !
Quel espoir aussi vous soulève et le nourrit !

Belle couseuse

peut-être tes paumes
closes sur le fil d'or et l'aiguille comme un vase
sur le sang de la Passion
creuses comme une mangeoire
creuses comme un ciboire
closes comme cette Bible dont le titre pourpre crève
ce linceul de livres noirs

s'ouvriront-elles

offrant leurs lignes de vie leurs pages de tendresse à
une chaude Incarnation…

Le ressac de l'horloge.
L'ombre noie toute magie.

L'image se dissout l'aiguille le fil d'or.

Les mains subsistent charnues délectables et
se dissipent.

L'interrogation les réponses qu'elle formait
............................flottent
..................................cristallines
...........................................méduses
......................................................dans les ténèbres.

 

 

 

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Créé le 1 mars 2002

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