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Sélection mars 2017

 


 


Lucia ENIU

 

 

Marine

Sanglots des vagues pourries

Chuchotements blanchâtres

Manteaux d’azur

Couvrant

Des bras d’algues éventrées

 

Chanson des coquillages

Trop blessés par le temps

Tourments muets à jamais

Regards bourgeonnant

Au coin des cils

Crépusculaires.

 

Troupeaux de pensées noircies

Mugissant dans

Les gouffres de l’ennui

Cascades sablonneuses

Médusées en baisers.

 

Et parmi les poissons

Voilés d’éternité

Chantant à voix rebelles

L’air de l’espoir mourant

Nous deux

Serrant dans la chaîne

De nos mains – indéfinie

La Pierre

Un vieux don oublié

Du monstre – ami

Colombe.

 

 

 

Le point

Sur le podium

Des énoncés en vogue

Sur l’escalier

Des phrases vieillies

Faramineuses

Pompeuses

Accrochées au pan

Des siècles

Il attend

Le défilé

Des mots

Coquets

Vêtus

De couleurs néon

Ornés

De dentelles

Pudibondes

Coiffés

De chapeaux

Indécents

Accompagnés

De virgules

Obѐses

Squelettiques

Vigoureuses

Ou éphémères

Il attend

Que tout rime

À tout

Que les deux points

- Ses frères -

Prennent place

À l’avant-garde

Que les tirets

Soient prêts

Au moindre dialogue

Et

Au son des pas

Dansants

Du dernier mot

Riant

Il apparaît

Le point

Tout rond

Dodu

Figé dans

Sa robe noire

Il fait

La révérence.  

 

 

 

L’arbre

Chaque jour

À l’heure du crépuscule

Je deviens arbre

Mes cheveux ébouriffés

S’allongent en racines

S’entrelacent

Fouillent la terre

S’agrippant à ses molécules

Mes oreilles

Graines dorées

S’insinuent dans ses entrailles

Écoutent ses soupirs

Mes yeux

Nagent dans les cercles

Du temps

Mes bras rebelles

S’accrochent à l’infini naissant

Ma bouche riante

Chante

La vie en vert.

 

 

 

 

***

 

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Créé le 1 mars 2002

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