L’ENFANT
DANS LE PUITS
Hier soir, mon père est rentré tard à la
maison. Des rides inhabituelles creusaient son visage. Il a embrassé maman,
sans dire un mot, puis a posé de façon distraite ses lèvres sur mon front.
Prétextant une grande fatigue, il n’a pas voulu dîner. Je lui ai demandé
s’il était malade. Mon père n’a pas répondu, détournant les yeux de mon
visage. Il m’a brusquement pris par les épaules et serré un court instant
contre sa poitrine. Puis il est monté dans sa chambre. J’ai entendu le
claquement sourd de la porte. Maman s’est mise à pleurer en silence. Je me
suis approché d’elle, mais sans oser me blottir entre ses bras. Son mutisme
et ses larmes m’effrayaient trop. Je n’aime pas que maman pleure. Nous
sommes restés l’un près de l’autre, immobiles, sans parler, jusqu’à ce que
le sommeil s’empare brutalement de moi. Maman a dû me porter dans mon lit,
alors que je dormais déjà.
Ce matin, quand je suis descendu de ma
chambre, mon père se trouvait seul dans la cuisine. Maman dormait encore,
sans doute. « Inutile de la réveiller ! » a dit mon père
d’une voix blanche. Il s’est tourné vers moi, a esquissé un sourire
contraint, comme s’il cherchait à masquer son embarras. D’habitude, mon
père fait un café dont j’aime l’arôme doux-amer. Ce matin, pourtant,
l’arôme qui s’échappait de la cafetière m’a semblé différent. Plus âcre ou
plus fort, je n’aurais su le dire. Je l’ai fait remarquer à mon père, sur
le ton de la plaisanterie, pour dissiper la tension qui s’était installée
entre nous. Il a esquissé un geste de la main, suivi d’un léger haussement
d’épaule. Je me suis tu. Nous avons pris notre petit-déjeuner en silence.
Après avoir lavé tasses et cuillères dans l’évier, mon père s’est approché
de moi. Je distinguais mal les contours de son visage, comme si le sommeil
embrumait encore mon regard. Il m’a demandé de le suivre dans son bureau.
Il avait quelque chose d’important à me dire. J’ai pensé aussitôt qu’il
était malade. Ou que c’était maman. Mon père m’a pris par le bras, d’une
main ferme, et m’a entraîné dans le couloir, avec une détermination que je
ne lui connaissais pas, car il s’était toujours montré très doux et patient
à mon égard. « Je dois te parler ! » a-t-il précisé. Nous
étions à présent dans son bureau. C’est une grande pièce aux murs blancs,
peu meublée. Mon père s’est assis dans son fauteuil. Je suis resté debout.
« Il faut que tu saches... » « Quoi, papa ? »
« J’ai tué, sans le vouloir, une jeune femme ! » Avant même de
comprendre le sens exact des mots qu’il venait de prononcer, j’ai
demandé : « Hier ? » Mon père a hoché la tête. Son
regard s’est tourné vers la fenêtre qui donnait sur le jardin. J’ai fermé
les yeux sous le choc de cette révélation inattendue. Mon père s’est levé,
a posé ses mains sur mes épaules. « Je t’aime ! » a-t-il dit
d’un ton feutré, comme pour mieux se convaincre que rien n’était changé
entre nous. J’ai eu brusquement envie de pleurer. Mais je n’ai pas versé
une seule larme. Je me sentais, soudain, très loin de cette pièce. Et
l’homme qui se trouvait devant moi, dont je reconnaissais à peine le
visage, bien qu’il me soit familier, semblait aussi très loin de ces murs.
J’avais l’impression de voir et d’entendre un étranger. « Je suis
toujours ton père, n’est-ce pas ? » a-t-il demandé, avec une
telle anxiété dans la voix qu’elle m’a fait aussitôt revenir sur terre.
J’ai balbutié un « oui » si faible que je n’étais même pas sûr de
l’avoir prononcé. Mon père est resté silencieux. Sa main gauche a tapoté
nerveusement le dessus de son bureau. J’aurais dû lui dire que je l’aimais
toujours autant. Mais je me suis tu. A cet instant, de façon confuse, j’ai
compris qu’un mot nous séparait à jamais. Le mot « assassin »
semblait virevolter dans l’air. Quelque effort que je fasse pour l’en
chasser, il s’imposait avec une violence accrue dans ma tête. Mon père
s’est approché de moi, a murmuré à mon oreille : « Je te demande
pardon ! » Sans doute attendait-il une parole affectueuse de ma
part, un geste de compréhension sincère. Je lui ai tourné le dos, observant
par la fenêtre la margelle du puits au fond du jardin. J’ai pensé à maman.
Je l’ai revue en train de pleurer en silence. « Tu l’as dit à
maman ? » ai-je demandé. « Oui, je lui ai tout
raconté ! » a répondu mon père. Cela m’a réconforté. Je n’étais
pas le seul à partager ce secret. La pendule indiquait bientôt huit heures.
« Il faut que j’aille au collège » ai-je dit. Mon père a fait un
geste d’assentiment. Il s’est approché de moi pour m’embrasser, mais je
suis sorti précipitamment du bureau. Dans le couloir, j’ai pris mon
manteau, mon cartable, et j’ai quitté la maison en refermant derrière moi,
sans bruit, la porte d’entrée. Dehors, il faisait déjà chaud. Mais j’ai
respiré l’air sec avec un plaisir d’autant plus étonnant que je n’aime pas
la chaleur. Je me suis rapidement éloigné du jardin. J’ai cru apercevoir la
silhouette de mon père, aux aguets, derrière la fenêtre de son bureau. Mais
ce n’était peut-être que le reflet d’un nuage sur les vitres.
Quand je suis rentré à la maison, en fin
d’après-midi, mon père n’était pas là. J’ai trouvé maman assise dans la
cuisine. Elle épluchait des légumes, sans prêter attention au couteau
qu’elle maniait avec dextérité, le regard perdu dans le vide. Elle avait dû
pleurer une grande partie de la journée. Ses yeux étaient rouges et
gonflés. Je l’ai embrassée sur les joues, plus longuement que d’habitude.
Puis j’ai chuchoté à son oreille : « Papa m’a tout dit ce
matin ! » Elle m’a regardé droit dans les yeux. J’aime beaucoup
le bleu profond de ses yeux. Il en émane une grande douceur. J’étais ému
par cette limpidité noyée de larmes. Maman n’est pas vraiment belle, elle a
un visage trop anguleux et longiligne, mais ses yeux lui donnent un charme
singulier. Ils attirent immanquablement le regard. Maman a posé sa tête sur
mon épaule. « Je ne comprends pas ! » a-t-elle murmuré. J’ai
pensé qu’elle allait se remettre à pleurer. Elle a seulement balbutié
quelques mots incompréhensibles. Puis elle s’est levée avec une brusquerie
inattendue, a repoussé du pied sa chaise et d’une voix cassante a
crié sous le coup d’une exaspération subite : « S’il te
plaît, laisse-moi seule ! » Elle s’est appuyée sur le rebord de
la table pour ne pas tomber. J’ai voulu m’approcher d’elle pour la
soutenir. Elle a encore crié : « Laisse-moi ! » d’une
voix aiguë qui ne lui était pas familière. Je suis sorti de la cuisine. La
salle à manger était plongée dans la pénombre. Je me suis recroquevillé sur
le canapé, ne sachant que faire. Trop de choses confuses et contradictoires
s’entrechoquaient dans ma tête. Je ressentais en moi une gêne tenace qui
opprimait ma poitrine. J’avais l’impression d’être un autre. La présence de
mon père ne semblait déjà plus se manifester dans la maison, comme s’il en était
parti depuis longtemps. S’il avait été présent dans la pièce, je crois que
j’aurais éprouvé un grand malaise à le voir. Encore plus à l’entendre.
Pourtant, j’aime le son de sa voix. Une voix grave et musicale, ironique
parfois, le plus souvent chaleureuse et imprévisible. Je croyais en
connaître toutes les intonations, depuis le temps. Mais j’en découvrais
chaque jour de nouvelles. Je les réentendais en moi à cet instant précis,
et elles commençaient à m’irriter, car je les jugeais soudain artificielles,
me faisant penser à celles de certains acteurs médiocres qui jouent faux.
Bien plus tard, maman m’a appelé. Je l’ai rejointe dans la cuisine. Le
repas était prêt. Deux assiettes en faïence étaient disposées sur la nappe
blanche. Je me suis assis en face de maman, à la place qu’occupait
habituellement mon père. Nous avons commencé à manger en silence. L’horloge
égrenait son tic-tac régulier et lancinant. « Papa ne viendra
pas ? » ai-je demandé. « Non, il est parti. »
m’a-t-elle répondu. « Il s’est passé quoi, exactement ? » Au
regard que m’a lancé maman, j’ai compris qu’elle jugeait ma question
inopportune. Pourtant, elle devait s’attendre à ce que je la lui pose. J’ai
insisté, avec toute la maladresse de mes treize ans. « Je veux
savoir ! » me suis-je écrié d’une voix forte et résolue, qui
voulait imiter celle de mon père. Ma mère a éclaté en sanglots. Ses pleurs
m’ont agacé. « Arrête de pleurer, maman ! » Après quelques
hoquets, elle a séché ses larmes, puis m’a dit dans un souffle : « C’est
un accident ! » Mon estomac s’est noué. L’odeur de nourriture qui
flottait dans la cuisine m’est devenue insupportable. J’ai eu envie de
vomir. Maman s’est précipitée vers moi, comme si elle voulait me protéger
d’un danger quelconque. Je l’ai repoussée, avec une violence qui dépassait
mes intentions réelles. « Tu devrais aller dans ta chambre »
a-t-elle dit d’un ton affectueux. « Non, je veux savoir ! »
Mon obstination a eu raison de son indécision. Elle m’a tout raconté. Mon
père avait une maîtresse, qu’il rencontrait de façon épisodique. Cette
liaison remontait à deux ou trois mois environ. Maman n’avait jamais vu
cette femme, bien sûr ! Elle ne tenait d’ailleurs pas à la rencontrer.
Mais mon père lui avait assuré que ce n’était qu’une passade, un égarement
passager. Maman avait eu la faiblesse de le croire. Elle avait donc
pardonné, me dit-elle, cette incartade irréfléchie. Or, cette maîtresse
avait voulu rompre brutalement avec mon père. Elle avait pris un autre
amant. Une querelle avait éclaté hier, en fin d’après-midi, au domicile de
la jeune femme. Mon père n’avait pas supporté qu’elle cherchât à le quitter
avec des mots blessants. Les amants en étaient venus aux reproches
habituels, puis aux insultes violentes. Le ton avait monté. Mon père avait
voulu serrer sa maîtresse dans ses bras. Mais la jeune femme l’avait alors
giflé. Sous le coup de la colère, mon père l’avait violemment repoussée. La
jeune femme, emportée par son élan, était tombée à la renverse. Sa tête
avait heurté le bord d’une table basse. Mort immédiate. Mon père, affolé,
avait aussitôt quitté l’appartement de sa maîtresse. Il avait ensuite
téléphoné à maman et lui avait tout raconté. « Tu lui as dit qu’il
fallait qu’il se dénonce à la police ? » ai-je dit « Oui,
bien sûr ! » « Mais il ne l’a pas fait ? »
« Non ! » « Pourquoi ? » « Parce
qu’il t’aime. Il a voulu te protéger. » Je n’ai pas su quoi
répondre. « Ton père est parti ce matin. » a-t-elle ajouté d’une
voix blanche. « Il reviendra ? » « Non, je ne crois
pas. » Maman a fermé les yeux. J’ai pris ses mains dans les miennes.
Elles étaient froides et tremblaient légèrement.
Le lendemain, les journaux ont relaté la
mort de la jeune femme dans la rubrique des faits divers, en quelques
lignes. La police, pour l’instant, n’avançait aucune hypothèse
particulière. La jeune femme menait une vie assez dissolue et changeait
souvent de partenaires, semblait-il, dans la plus grande discrétion. Ma
mère a lu l’article en silence. Elle s’est tournée vers moi. « La
liaison de ton père n’était connue de personne. » a-t-elle dit. J’ai
défié maman du regard. « Sauf de toi ! » ai-je répondu d’un
ton acerbe. Elle a pâli, s’est brusquement levée de sa chaise, et a quitté
la pièce sans bruit, me laissant seul dans la pénombre.
Le matin suivant, maman a trouvé un mot
de mon père glissé sous la porte d’entrée. Il annonçait son intention de
fuir à l’étranger, sous un prétexte professionnel quelconque. L’entreprise
dans laquelle il travaillait avait des filiales dans toute l’Europe. Il se
faisait fort d’obtenir très vite un détachement. Maman m’a dit que c’était
mieux ainsi. Pour lui, pour elle, pour moi. Je suis allé dans le salon, un
peu désemparé par l’annonce du départ de mon père, car je l’aimais, et la
perspective de son absence m’attristait déjà. Après avoir ouvert les
volets, je me suis allongé sur le canapé. Quand maman est entrée dans la
pièce, je lui ai dit que j’étais fatigué. Tout mon corps me faisait mal,
comme s’il avait été roué de coups. Elle m’a proposé de ne pas aller au
collège. Je lui ai répondu que les heures de classe feraient passer le
temps plus vite. Maman n’a pas insisté. J’ai quitté la maison, traversé le
jardin en écrasant rageusement l’herbe au passage. J’ai rencontré le
jardinier qui s’occupait, un jour par semaine, des massifs de fleurs et des
semis dans le potager, car ma mère n’avait pas la main verte. Il m’a salué
de la tête, sans dire un mot. Je n’ai pas répondu à son salut. Je
n’avais aucune envie de parler à quelqu’un. Plus tard, marchant d’un pas
rapide, j’ai longé l’étang communal. L’eau m’a attiré. Je me suis approché
du bord. J’ai eu soudain envie de plonger et d’ouvrir la bouche en grand
jusqu’à ce que je me noie. La surface de l’étang ressemblait à un œil
immense. D’un bleu lumineux. Comme le bleu des yeux de maman. Soudain, j’ai
ramassé une pierre, et je l’ai jetée violemment dans l’eau. Des ronds
concentriques se sont formés à la surface de l’étang. J’ai lancé une autre
pierre. Encore plus loin. Un cri de douleur et de rage est sorti de ma
bouche. Il s’est répercuté jusqu’à l’autre rive.
J’ai repris conscience de moi-même au
commissariat. Sans savoir comment j’avais fait pour m’y rendre, car il se
trouvait à l’autre bout de la ville. Un policier en uniforme m’a introduit
dans le bureau d’un lieutenant. Celui-ci, un homme corpulent aux cheveux
lisses et gominés, était en train d’écrire. Il a levé les yeux sur moi, a
vaguement haussé les épaules, et s’est remis à écrire. La plume de son
stylo à encre effleurait à peine le papier. Soudain, d’un geste rageur, il
a raturé un mot, puis a contemplé la rature d’un air désolé, comme si le
simple fait de la regarder allait subitement la faire disparaître. Il a
arrêté d’écrire et a fermé les yeux, en sifflotant entre ses lèvres
arrondies. Il semblait penser à tout autre chose qu’à son travail. Il faisait
très chaud dans la pièce. Il est vrai que j’avais couru, semblait-il.
J’avais de la peine à reprendre mon souffle. Un point de côté tenace me
faisait grimacer de douleur. La sueur ruisselait sur mon front, coulait
entre mes omoplates. Je me suis laissé tomber sur une chaise, face au
bureau du lieutenant. Celui-ci m’a brusquement dévisagé, à la fois surpris
et inquiet, peut-être parce que j’avais pris la liberté de m’asseoir sans
sa permission. Mais il n’a pas osé me faire des reproches. A cause de mon
jeune âge, sans doute. Il a dû penser que je n’étais qu’un adolescent, un
de plus, qui venait le déranger pour un vol de portable ou de blouson à la
sortie de son collège. Mais sans s’étonner que je sois seul pour accomplir
une telle démarche. Peut-être a-t-il cru que j’étais orphelin, ou que je
venais en cachette de mes parents. Du moins, c’est ce que j’ai pensé, dans
le silence du bureau. J’ai aperçu une mouche engourdie sur le globe opaque
qui entourait l’ampoule du plafond. L’insecte progressait avec lenteur sur
le flanc bombé du globe. Après avoir parcouru un hémisphère entier, il a
disparu de l’autre côté. Mon regard s’est attardé sur les murs. Ils étaient
d’une couleur indéfinissable. Beige ou marron clair, le tout recouvert d’un
peu de crasse par endroits. Mais brusquement, les murs du bureau se sont
rapprochés de moi, la couleur du globe s’est fondue avec celle du plafond.
La mouche s’est envolée, il m’a semblé qu’elle devenait énorme, comme si
elle cherchait à envahir tout l’espace de la pièce. J’ai dû perdre
connaissance, à cause de la chaleur. Quelqu’un m’a tapoté les joues. J’ai
entendu, à nouveau, le vol sonore de la mouche qui tournait autour de moi.
Un visage s’est approché du mien. Je n’ai vu que des lèvres épaisses,
entrouvertes sur des dents jaunies par le tabac. Une voix grêle et proche
m’a questionné. J’ai répondu dans un état second. Les mots s’échappaient de
ma bouche sans que je puisse les retenir. La voix m’a remercié. Je me suis
enfui en poussant une porte. Elle donnait sur la rue. L’air un peu plus
frais qu’à l’intérieur du bureau m’a brusquement délivré de ma torpeur.
J’ai compris que je venais de dénoncer mon père.
Je suis rentré à la maison en fin
d’après-midi. Je n’ai pas eu le courage d’affronter maman. Elle devait se
reposer dans sa chambre. Je n’avais pas non plus envie de supporter ses
pleurs. Ou sa tristesse. J’avais surtout honte de moi. Honte à crier. Si
j’avais pu arracher avant qu’ils ne sortent de ma bouche les mots
irrémédiables que j’avais prononcés au commissariat, je l’aurais fait. Je
ressentais à la fois de la souffrance et de la peur. Une peur qui ne me quitterait
plus jamais, à ce que je croyais. Je me suis réfugié dans le jardin. Me
suis approché du puits. Il y a une échelle étroite et rouillée qui descend
le long de la paroi interne. En me penchant sur la margelle, j’ai aperçu un
rond de ciel lumineux qui se reflétait à la surface de l’eau, une dizaine
de mètres en contrebas. Tentation de me laisser tomber comme un bloc de
pierre. Mais j’étais incapable d’accomplir un tel geste. Je le savais. Trop
peur dans ma tête d’adolescent. Je suis descendu par l’échelle, jusqu’à
rejoindre le niveau de l’eau. Là, j’ai passé mes bras dans un des échelons
en fer. Je me suis assis sur l’échelon inférieur, mes pieds reposant sur un
autre plus bas. Je suis resté sans bouger, dans l’humidité et la pénombre.
Puis, j’ai commencé à appeler à voix basse mon père. Un seul mot, tendre,
qui contenait tout l’amour dont j’étais capable.
« Papa ! » Je n’ai plus cessé de répéter ce mot pendant
des heures. Jusqu’à ce que la nuit tombe, que l’obscurité efface mon visage
du miroir de l’eau…
©François
Teyssandier
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