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Sélection juin 2017

 


 


Isabelle MINIÈRE

 

 

Bruits de nuit

 

Des bruits de pas

Des bruits de nuit

Son d’une chasse d’eau

Son d’un sanglot

 

Un parquet qui craque

Une porte qui grince

Une portière qui claque

Une voix qui chuchote

 

Chambre d’hôtel, la nuit

Et moi et moi et moi ?

Où suis-je, qui suis-je ?

Cœur qui bat

 

Respiration, souffle…

Ça respire donc ça vit

Savoir qui je suis

Attendra bien demain

 

Sauf si…

Il y a toujours une nuit,

Pour chacun

Où demain ne vient jamais

 

 

Mon tour du monde  

 

Je me sentais à l’étroit

toujours avec moi

moi et moi en tête à tête

j’ai  voulu voir autre chose

j’ai voulu voir ailleurs

 

               Ailleurs, là-bas, tout là-bas

               loin, loin, loin

 

J’ai vu des paysages

     en pagaille

De la forêt, de la plaine, de la montagne

des chemins, des trains, des bateaux

J’ai eu mal aux pieds et mal au cœur

 

J’ai voulu voir un autre univers

J’ai exploré les mers

des grandes et des petites

     rouge, noire, bleue…

J’ai vu quelques couleurs, et beaucoup d’eau

 

J’ai voulu voir d’autres gens

Dans les villes, j’en ai vu tout plein

dans le désert il n’y en avait pas beaucoup

je me suis fait peu d’amis, parce que je n’étais pas sur Facebook

mais j’ai souvent sympathisé. Avec les gens

 

J’ai voulu voir la lune, changer de planète

mais c’était réservé aux cosmonautes

Et puis, dans le ciel aussi, il y aurait eu moi

on s’emmène toujours avec soi

Moi et moi, on est rentré chez moi

 

C’était  petit, mais on avait sympathisé en cours de route

On a fait le tour de ma chambre en moins de vingt-quatre heures

On a lu des histoires d’aventures, des histoires d’amour

et des histoires tout court

On s’est bien baladés, tout compte fait

Maintenant c’est l’heure de partir

un dernier voyage, en somme

pas besoin de bagage

et je m’emmène avec moi

pour la dernière fois

 

               Ailleurs, là-bas, tout là-bas

               loin, loin, loin

 

 

Abandonné

 

La vieille dame ne parle plus

   ne mange plus

   ne sourit plus

Elle a deux ans à peine

   un gros chagrin

   besoin d’un câlin

Personne ne la console

   ne la prend dans ses bras

La vieille dame est un bébé

   abandonné

Et tout le monde la prend pour une vieille dame

 

 

L’eau calme du lac

 

Le lac est calme

    un léger remuement

        de temps en temps

 

la chute silencieuse d’une feuille

un souffle de vent

le vol d’un oiseau, tout là-haut

 

L’eau semble s’être assoupie

    rêver d’océans

de grandes vagues

déferlant sur la plage

de châteaux de sable

    et du rire des enfants

 

L’homme regarde

l’eau calme du lac

    un léger remuement

        de temps en temps

 

Tout à l’heure il rentrera

    calmement

Il achètera le pain au passage

entendra à peine

les voix qui demandent des baguettes entières

et le son des conversations

    un léger remuement

        de temps en temps

 

Il prendra sa demi-baguette

et rentrera chez lui

    calmement

Il écoutera des nouvelles du monde

comme hier, comme demain

    le vacarme du monde

        toute cette agitation

 

puis coupera le son

et la lumière

 

Tout allongé, tout nu, tout seul

les yeux fermés

il verra

    l’eau calme du lac

 

S’enfoncera

    dans l’eau du lac

 

Et tout au fond de la nuit

tout au fond du lit

une sirène

toujours la même

    l’enchantera

 

Il perdra pied

perdra la raison

des frissons lui viendront

    un léger remuement

        de temps en temps

 

 

Il faut vendre les enfants 

 

 Un jour le père dit à la mère :

- Il faut vendre les enfants

  Ils coûtent beaucoup d’argent

  et apportent bien peu de satisfaction

  C’est un mauvais placement

 

- Ça ne se fait pas, dit la mère,  et que diront les gens ?

- Ce que pensent les gens m’indiffère, dit le père

  mais je n’aime pas qu’on se mêle de mes affaires

  nous dirons que les enfants sont morts

 

- Morts ? dit la mère, tous les trois ? mais ce n’est pas crédible !

- Oh que si ! dit le père, plus c’est gros, plus on y croit

  Voilà : un vilain virus a fauché les enfants

  le grand d’abord, puis le moyen, puis le petit

 

- Même le petit ? dit la mère, il est si sympathique

- Oui, dit le père, il est plus sympathique que la moyenne

  Mais il coûte aussi beaucoup plus cher que la moyenne

  Il casse tout, gaspille la nourriture et déchire ses habits

 

- Oui, dit la mère, il est sympathique mais pas économique

  Mais à qui les vendre ? Qui voudrait les acheter tous les trois ?

  Il faut les vendre ensemble, ils s’entendent si bien

  Ils ne supporteraient pas la séparation

 

- Il n’en est pas question, dit le père, ce serait inhumain

  J’ai vendu le lot, le grand, le moyen et le petit

-  Même le petit ? dit la mère ?

-  Oui, dit le père, ces gens avaient envie d’un enfant sympathique

 

- Mais qui donc achète les enfants ? dit la mère

- Un couple stérile, dit le père, stérile et très riche

  des gens très généreux, les enfants seront heureux

-  Tant mieux, dit la mère, leur bonheur avant tout !

 

***

 

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Créé le 1 mars 2002

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