Sélection
d’auteurs Vos textes soumis au comité de lecture poésie |
Sélection juin 2017 |
Bruits de nuitDes bruits de
pas Des bruits de
nuit Son d’une
chasse d’eau Son d’un
sanglot Un parquet qui
craque Une porte qui
grince Une portière
qui claque Une voix qui
chuchote Chambre
d’hôtel, la nuit Et moi et moi
et moi ? Où suis-je, qui
suis-je ? Cœur qui bat Respiration,
souffle… Ça respire donc
ça vit Savoir qui je
suis Attendra bien
demain Sauf si… Il y a toujours
une nuit, Pour chacun Où demain ne
vient jamais Mon tour du monde
Je me sentais à
l’étroit toujours avec
moi moi et moi en
tête à tête j’ai voulu voir autre chose j’ai voulu voir
ailleurs Ailleurs, là-bas, tout là-bas loin, loin, loin J’ai vu des
paysages en pagaille De la forêt, de
la plaine, de la montagne des chemins,
des trains, des bateaux J’ai eu mal aux
pieds et mal au cœur J’ai voulu voir
un autre univers J’ai exploré
les mers des grandes et
des petites rouge, noire, bleue… J’ai vu
quelques couleurs, et beaucoup d’eau J’ai voulu voir
d’autres gens Dans les
villes, j’en ai vu tout plein dans le désert
il n’y en avait pas beaucoup je me suis fait
peu d’amis, parce que je n’étais pas sur Facebook mais j’ai
souvent sympathisé. Avec les gens J’ai voulu voir
la lune, changer de planète mais c’était
réservé aux cosmonautes Et puis, dans
le ciel aussi, il y aurait eu moi on s’emmène
toujours avec soi Moi et moi, on
est rentré chez moi C’était petit, mais on avait sympathisé en cours de
route On a fait le
tour de ma chambre en moins de vingt-quatre heures On a lu des
histoires d’aventures, des histoires d’amour et des
histoires tout court On s’est bien
baladés, tout compte fait Maintenant
c’est l’heure de partir un dernier
voyage, en somme pas besoin de
bagage et je m’emmène
avec moi pour la dernière
fois Ailleurs, là-bas, tout là-bas loin, loin, loin Abandonné
La vieille dame
ne parle plus ne mange plus ne sourit plus Elle a deux ans
à peine un gros chagrin besoin d’un câlin Personne ne la console ne la prend dans ses bras La vieille dame
est un bébé abandonné Et tout le monde la prend pour une vieille dame L’eau calme du lac
Le lac est
calme un léger remuement de temps en temps la chute
silencieuse d’une feuille un souffle de
vent le vol d’un
oiseau, tout là-haut L’eau semble
s’être assoupie rêver d’océans de grandes
vagues déferlant sur
la plage de châteaux de
sable et du rire des enfants L’homme regarde
l’eau calme du
lac un léger remuement de temps en temps Tout à l’heure
il rentrera calmement Il achètera le
pain au passage entendra à
peine les voix qui
demandent des baguettes entières et le son des
conversations un léger remuement de temps en temps Il prendra sa
demi-baguette et rentrera
chez lui calmement Il écoutera des
nouvelles du monde comme hier,
comme demain le vacarme du monde toute cette agitation puis coupera le
son et la lumière Tout allongé,
tout nu, tout seul les yeux fermés il verra l’eau calme du lac S’enfoncera dans l’eau du lac Et tout au fond
de la nuit tout au fond du
lit une sirène toujours la
même l’enchantera Il perdra pied perdra la
raison des frissons
lui viendront un léger remuement de temps en temps Il faut vendre les enfants
Un jour le père dit à la mère : - Il faut
vendre les enfants Ils coûtent beaucoup d’argent et apportent bien peu de satisfaction C’est un mauvais placement - Ça ne se fait
pas, dit la mère, et que diront les
gens ? - Ce que
pensent les gens m’indiffère, dit le père mais je n’aime pas qu’on se mêle de mes
affaires nous dirons que les enfants sont morts - Morts ?
dit la mère, tous les trois ? mais ce n’est pas crédible ! - Oh que
si ! dit le père, plus c’est gros, plus on y croit Voilà : un vilain virus a fauché les
enfants le grand d’abord, puis le moyen, puis le
petit - Même le
petit ? dit la mère, il est si sympathique - Oui, dit le
père, il est plus sympathique que la moyenne Mais il coûte aussi beaucoup plus cher que
la moyenne Il casse tout, gaspille la nourriture et
déchire ses habits - Oui, dit la
mère, il est sympathique mais pas économique Mais à qui les vendre ? Qui voudrait
les acheter tous les trois ? Il faut les vendre ensemble, ils s’entendent
si bien Ils ne supporteraient pas la séparation - Il n’en est
pas question, dit le père, ce serait inhumain J’ai vendu le lot, le grand, le moyen et le
petit - Même le petit ? dit la mère ? - Oui, dit le père, ces gens avaient envie
d’un enfant sympathique - Mais qui donc
achète les enfants ? dit la mère - Un couple
stérile, dit le père, stérile et très riche des gens très généreux, les enfants seront
heureux - Tant mieux, dit la mère, leur bonheur avant
tout ! *** Retour
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Créé le 1 mars 2002
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