TERRA INCOGNITA

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Archives : Terra incognita

 

Nouvelle rubrique depuis 2019 

 

Automne 2025

 

Alain Lasverne :

« ma voix hors écran »

 

(*)

Peinture de ©Jacques Grieu

 

 

« Je » (suis) un poète contemporain (extraits)

 

Avant un pas après

 

je suis un poète contemporain

le silence du bruit je cherche

la peur m’est compagne

dans faille il y a forcément pont

au matin la nuit m’habite encore

passer le jour devant moi

devant moi chaque pas

je m’appuie sur chaque mot

je m’enlace à chaque geste

parler écouter

le silence des mots

la vie de la parole

 

LED

 

je suis un poète contemporain en corps 12, avec serif. Je m’étale et/ou je m’effondre. Mes sentiments jouent au ballon crevé dans mon moi orphelin. Des craintes vagues, des cicatrices anonymes, des espérances blettes, des ravages chéris, me tiennent lieu de conscience. Mes voisins me sont quelque chose entre chers et odieux, qu’en fonction de leur respect des pantomimes que nous nous présentons rituellement. Je m’expose chaque jour, j’implose continuellement. Les asservis cruels de la mécanique sociale me submergent, m’engloutissent. Leur langue atonale parle à une fonction classificatrice exogène. Je suis un reptilien génétiquement égaré qui aime la crème solaire à l’horizon événementiel et chéris Gaza comme imitation spectrale de l’agonie intérieure qui me tient en vie. Reptilien à sauvagerie contenue, cantonnée. L’heure de mes médicaments interrompt toute parabole poétique. Je ne sais pas si je vis ou si je meurs, mais il y a sans doute un train à prendre vers une personne dont la différence et la peau me donneront quelque chose qui pourrait m’exfiltrer un moment.

 

 

 

Volte en ré (extraits)

 

Il s’agit de purger peut-être, ou de survivre, il s’agit de contenir ou déployer sur le papier innocent, la colère. Cette rage sombre qu’on sent rôder entre les gens, nous traverser au creux de la nuit, ou au matin quand on a peur du lendemain, quand on doute de cette onde en scrutant ce qui se délite et ce que nous pourrions, ce que nous devrions. Ensemble.

 

 

Nuclé’ère

 

parapluie nucléaire 

la belle ère terminale

il pleut des bombes

sur ma couverture de papier

 

j'irradie le bonheur

mon algorithme atomisé

déraille à donf

 

parapluie nucléaire

la grandiose finale

le monde est en feu

politicaille surchauffée

plume volaille anesthésiée

oyez oyez mes chers décérébrés

le  monde est en cendres

suis-je bien maquillé

 

j'écoute la pluie sur les roses décharnées

grésillent les pétales puis s'en vont

mes genoux grincent au pied du Geiger

 

reste une seule bouteille d'air en promo

l'écran bleu-blanc-sang conseille

5pour un avenir en paix

arrêtez de respirer

 

 

 

Désert’heure

 

 

lâche pas l’affaire

 mon frère

lâche pas l’affaire

frérot

 

ils la veulent cette putain

de guerre

 

t’en reviendras

sur une civière

si tu la renvoie pas

au cimetière

 

lâche pas la Terre

mon frère

lâche pas la Terre

frérot

 

ces dingues te traitent

pire que les rats

ils te chiffrent dans les dégâts

désastre humanitaire

 

ces sauvages ravagent notre Terre

dégât collatéral

t’auras juste droit

à un dernier râle

 

lâche pas ton bonheur

mon frère

lâche pas ton bonheur

frérot

 

où tu te sens présent

où tu te sens vivant

dans ce village en pente

dans cette cité vibrante 

 

lâche pas l’affaire 

 

à l’envers sinon

ils vont te la faire

 

 

 

Brouillard de guerre

 

tout est à nous

peut-être même le liseré noir

autour de l'écran

est-ce un écran d'ailleurs

qui peut l'affirmer

pas moi

comme eux je marche

dans la ville réconciliée

les armées fraternisent

les armes ne sont plus que des mots

 

les armes ne tonnent encore

qu'en nos têtes défaites

tant d'années de pluie

tant d'années à vivre en devers

 

tout est à eux souffle l'écho

ma voix hors écran

ma voix est une feuille morte

qui cherche à vivre

tout est à nous

appel appel appel

de l'écran les mots

sortent en rang

sortent en

rang

 

ceci est mon sang

mon sang

mon

sang

 

 

 

(*)

 

Plusieurs romans, un recueil de poèmes en 2022 – Si la guerre ne meurt, chez Inclinaison – et un blog foisonnant : Alain Lasverne se veut « un poète contemporain », mais également un homme de son temps qui fait de l’écriture l’expression de sa liberté :

« Je n'ai pas de maître à poétiser, mais j'ai pris la lumière avec des textes divers de Char, St John Perse, Rimbaud ou Prévert, Portante, Tarkos, Frikh, et autres qui n'entrent pas, formellement, dans la catégorie « poésie ». Dans l'infini des possibilités d'écriture contemporaine, j'ai pour boussole la liberté et une sorte de fidélité à ce que je pense être socialement. » (autoportrait sur son blog).

 

Pour faire plus ample connaissance avec l’auteur, voici quelques liens sur la toile :

https://www.autourdesauteurs.fr/alain-lasverne/

https://www.revuesqueeze.com/alain-lasverne/

https://www.lelitteraire.com/celui-qui-vient-dont-nul-ne-sait-entretien-avec-alain-lasverne-dis-moi-ou-va-le-silence/ (entretien)

https://www.rphfm.org/vivre-ici-alain-lasverne-auteur-de-sete-nous-presente-son-dernier-roman/ (Dis-moi où va le silence, déc. 2024)

https://www.lelitteraire.com/alain-lasverne-dis-moi-ou-va-le-silence/ (chronique de Jean-Paul Gavard-Perret)

 

 

 

Alain Lasverne

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