Il fait Novembre en moi
Il fait Novembre en moi
Il fait si froid
en moi
Il fait si
sombre en moi
Mais si je suis
encore en vie
C'est grâce à
toi.
Et la pluie
coule à l'infini
Mais si je suis
encore ici
C'est grâce à
toi
Et la suie n'en
finit pas
De m'étouffer , de me couvrir
D'un halo de
cendres.
Il fait Novembre sur moi
Et ce silence
paré de saphirs
m'enveloppe
à chaque fois
Car si je suis
encore en vie
C'est grâce à
toi.
Car si je suis
toujours ici
C'est grâce à
toi
Ici et nulle
part, mes ailes m'emportent
Quand je sens
l'aorte de mon cœur
S'ouvrir.
Le sang coule à
l'infini
Mais si je vis
encore
C'est grâce à
toi.
Il fait Novembre en moi
Il fait
l'automne sur moi
Moi je resterai
ici et nulle part
à
la fois pourvu que tu sois
toujours
dans mes pas.
J'irai de vortex
en vortex
Pour parcourir
ce monde interstellaire
Pour parcourir
toute notre galaxie,
Tout l'univers.
Dans le ciel
opalescent, se reflète
Ces aurores
automnales
Il fait Novembre en moi
Il fait d'acier
en moi
Et si je ne
dérive plus
C'est grâce à
toi.
Il faut cesser,
cesser ce carnage
Car notre
promesse s’est gravée
Sur ces murs en
débris
Et sur toutes
les pages du livre de ma vie.
Il fait Novembre en moi
Il fait glacé en moi
Il fait si rouge
en moi
Il fait si noir
en moi
Il tombe toutes
ces feuilles
Couleur de lie
sur moi
Mais si je
survis
C'est grâce à
toi.
Même si souvent
je rétrograde
Couverte de ce
velours d'épines
Du passé
Même si souvent
ces larmes coulent
Pour un manque
incessant
Car si je suis
encore ici
C’est grâce à
toi.
Avec le
squelette des arbres
Avec la couleur
délavée des feuilles
C’est la saison
du deuil porté jusqu’à l’éternité
Les mains
gercées prêtes à prier ornées
De dentelles et
de laine noire tendues
Vers ce ciel rempli
de fumée et d’oiseaux pâles
Et les bras où
j’ai scarifié ton nom
Pour toujours
Je la passe avec
ce vent
Celui qui laisse
ces traces
Qui fait
frissonner ma peau
Qui vient
jusqu’à mes os.
Il fait Novembre en moi
Et l’automne
brûle en moi
Lui qui mange le
temps
Comme un
scarabée avalant tout
Ce néant où sans
toi je suis plongée
Mais si je suis
encore en vie
C’est grâce à
toi
Un reflet de ce
monde flou
Dans l’eau du
lac givré
Drape la nuit
naissante,
Laisse toutes
mes lettres exsangues.
Il fait Novembre en moi
Il fait Novembre sur moi
Et si je vis
c’est seulement
Grâce à ce
souvenir si fort de toi.
24-12-2924
Au bord du chemin
Au bord du
chemin,
J'ai cueilli des
chrysanthèmes
Par ce matin
chagrin d'hiver
Au bord du
chemin
J'ai défait les
liens
Ceux qui me
rendent prisonnière
Au bord du
chemin,
J'ai remis ces
liens
Ceux qui me
lient à la Mer
Je suis fille
Océane,
Je suis fille de
la Terre
Je suis fille de
l'Automne
Je suis fille de
Décembre
Parfois, je rêve
de contrées persanes
Parée d'un
collier d'ambre dans laquelle
Vivent encore
ces insectes qui portent le poids
De l'Histoire,
de ces histoires que l'on raconte
Aux enfants
quand ils ont peur du noir.
Moi, je suis la
fille de personne
Et orpheline des
Mémoires.
Au bord de ce
chemin marin,
J'ai trouvé un
peu d'or,
Quelques
coquillages pour me rendre plus forte
Beaucoup de
paillettes sur le sable
Beaucoup du sang
des coupables
Des baleines
échouées, des méduses enivrées
Et surtout ces
paysages de voie lactée
Dans lesquels je
voudrais me baigner.
Au bord du
chemin, j'ai versé des larmes
Envahie du
souvenir de toi
J'ai arrosé ces
fleurs des dunes
Pas après pas,
une à une.
Au bord du
chemin,
Je me suis
retrouvée corps à corps
Dans cette danse
avec l'ombre
De ta présence
qui me manque tellement
Au bord du
chemin,
Nous nous sommes
quittés
Pour la première
fois
Au bord du
chemin,
J'ai planté nos
deux croix.
Nos deux cœurs
gothiques
Se sont enlacés
pour l'éternité
Et le secret que
l'on s'est confié
Reste pour
toujours gravé sur ma peau.
Combien de fois,
j'ai marché pour venir te chercher ?
Combien de fois,
j'ai marché pendant toutes ces années
Où tu n'étais
plus là.
Au bord du
chemin,
Au bord du
ravin, j'ai perdu mon souffle
Mais tu ne le
sauras jamais.
Maintenant, je
suis comme une grenouille
Morte asphyxiée.
Le temps a
laissé sa rouille sur mes plaies
Celles qui ne
cicatriseront jamais.
Dans tes yeux,
j'ai tellement vu
Nous deux
Et nous, nous
nous sommes perdus
Dans ces jeux
interdits,
Nous, nous avons
Trop brûlé nos vies
devenues incandescentes
Maintenant, pour
moi, chaque jour est une descente
Trop rapide ou
trop lente
Retrouverai-je
un jour l'élévation pour me ramener
à
toi ?
Je doute, je ne
sais pas, je ne sais plus
Car cet amour
est devenu cassant
Aussi cassant
Qu'une
chrysalide sous le vent.
10-12-2024
Fleur de Feu
Tu deviens cracheuse de feu,
Ces flammes luisent dans tes yeux
Ces flammes guident tes pas
Dans ce monde endeuillé et aveugle.
Tu portes ce voile en dentelles
noires
Celui qui cache ta chevelure ébène
Celui qui cache ton visage
Couvert de peine.
Tu deviens jongleuse de feu
Il est ta seule lumière
Pour te guider dans ce monde
Plein d’éclairs.
Pour te guider entre les tombes
Recouvertes de primevères.
Jouer avec le feu, éteindre
l’incendie
C’est ce que tu sais faire le mieux
Avec tes larmes
De pluie
Quand la neige rougie,
Tu l’as fait fondre, tu l’incendies
Les perce-neige trop vite fanés
Dans ce brasier,
Tu les garde contre ta poitrine
Ouverte d’où coule ce liquide bleu
Plus bleu que ce silence orageux.
Sous la chaleur des étincelles
Le ciel devient presque irréel
Le feu se noie dans l’océan
Et moi je pense à toi
Qui me manque tellement.
Le crépuscule devient de feu
L’aube devient de cendres.
Elle devient incendiaire
Quand chaque suicide est héréditaire
Tous ces os transpercent cette peau
Et leur poudre sera bientôt dans
l’ossuaire.
Fleurs de tulipes flamboyantes.
Fleurs de pavots éclatantes.
Sur la terre
Vie écarlate
Traces pourpres laissées
Sur le bord de la rivière
Ici, la ciguë a un goût amer.
On dirait que le Phoenix
S’est jeté dans la mer.
Maintenant, elle est si
étrange
l’atmosphère.
Ses ailes se sont emparées
su
cimetière.
De cet ange si triste,
Il reste une image, un souvenir
Fragile qui passe avec les âges.
Par-delà les murailles
J’imagine les funérailles
De ce monde qui va si mal
De ce monde aux épines
Qui lui déchire l’âme tout entière
Les croix et les sépultures
Ont la couleur des blessures
Des guerrières.
Le feu continue d’abriter
En son cœur ces fleurs
Venues d’un autre pays.
Le feu continue d’abriter
Ma mélancolie
Le feu continue à consumer
Les fleurs de ma dépression
Le feu continue à faire brûler ton
nom
Dans mes cheveux, il y a toujours
Cette fleur de feu, fleur flamboyante
Aux pétales noirs
Cette Fleur de feu écrasée sous mes
pas
Quand la vie n’est plus rien
Quand le fil de l’exil n’est plus que
Mortuaire et funeste.
L’exil vers où ?
L’exil vers quoi ?
Du temps pour mourir
C’est tout ce qu’il me reste.
Souvenirs de Venise
J'ai touché la flamme
Je me suis brûlée
Je suis cette femme qui
A perdu le goût des fruits sauvages
En prenant de l'âge
Toi, tu m'as apprivoisée
Comme on touche ces étoiles
Toi, tu t'es incrusté en moi
Comme ces diamants dans du bois
flotté
J'ai toujours l'odeur du sel qui
vient
Me rappeler que la vie n'est pas
facile
Que ma vie est sur le fil, sur le fil
du rasoir
Je sais que certains mots sont
dérisoires
Face au sang du monde entier celui
des abattoirs
Où on entend tous les jours hurler
l'animal
On sait que vivre est fragile, que
vivre nous fait mal
Mais ce n'est pas si grave, on
s'habitue à tout
Malgré la force du vent nous on reste
debout
Je me souviens quand nous étions à
Venise,
Des masques magnifiques, de la nuit
Sous l'arc-en-ciel et puis du noir
sous le soleil
J'ai vu la mort à Venise,
J'ai vu la fête à Venise
J'ai vu la palette des couleurs avec
laquelle
L'artiste peint mon visage marqué par
le temps.
Jardin de pierres
Une ombre erre dans ce jardin de
pierres...
Ici, les fleurs semblent d'une
couleur plus profonde
Que les entrailles de la Terre.
Ici les corps sont souvent pris de
vertiges
Face à l'immensité de tous ces
vestiges
Vestiges du temps passé, d'instants
brisés ;
Ici, les plantes ont un goût amer
même pour les insectes
Ici, c'est un refuge contre toutes
ces guerres qui inondent
Le Monde.
Ici, c'est un repos pour les oiseaux,
Pour les cœurs blessés, pour les
mains enchaînées ;
L’ange dans l’épaisseur de la pierre
Murmure ses mots.
Et ici l’entomologiste étudie chaque
coléoptère
Dormant dans la bruyère,
Caché sous le lierre.
Ici, les bruits de la ville semblent
se taire
Ici, c’est le silence des mémoires
Il se recompose son après son
Il grave des noms
Sur les tombes et dans l’épaisseur
des murs
Que l’on met entre nous
Qui s’étend sur la distance de
l’infini jusqu’au bout
De la nuit.
Du minéral à la mer,
J’ai changé d’angle de vue,
J’ai changé d’air...
©Aude Gorce
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