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Archives : Terra incognita

 

Nouvelle rubrique : découverte…

Mai-Juin 2021

 

 

 

James Fleann

 

 

Présenté par Dana Shishmanian

 

Photo de Dana Shishmanian

 

 

James Fleann est un poète qui se cherche. Il se cherche en se vivant, en se mourant, comme tout un chacun – mais avec l’attention toujours vive à ce qui se passe dans l’âme… et l’esprit toujours éveillé, prêt à tout enregistrer au stylet. C’est un long travail sur soi et sur les mots…

Pour l’heure, le poète a autoédité en 2018 un premier recueil, au titre très bien trouvé – La forme d’une âme (presque) – qui a bénéficié d’une belle chronique (hélas non signée, datée du 12 mai 2018 et publiée sur le blog aucoindeslivres), dont une heureuse formule est à retenir, pour caractériser son écriture : « Un sentiment d’aliénation cousu main. »

Il publie également dans des revues (Hexen, Lichen, Méninge). De cette dernière, il convient d’extraire la seule brève (auto-)présentation disponible à ce jour sur l’auteur :

« James Fleann n'arrive jamais à rédiger une autobiographie sérieusement car il ne s'estime pas assez pour aimer se raconter. Il préfère laisser ça aux autres, après sa mort, quand il sera connu. Pour l'instant, il se contente de dire qu'il écrit, surtout de la poésie, parce que c'est l'une des choses qui l'ont aidé à rester en ce bas monde quand ça n'allait pas bien. Il a autoédité un recueil sur des plateformes numériques bien connues, et publié des textes dans les revues Encre[s], La Vie Multiple, Cœur de plumes, Hexen, Lichen, Méninge... »

 

D.S.

 

 

Ma raison

Ma raison va l’amble quand

Mon cœur bat campagne

Au rythme des haies

 

Bocage de sentiments

A l’ombre de vieux chênes têtards

Autour de champs d’espoir

 

Survient une tempête

Un des chênes se brise

Mais la haie résiliente debout se maintient

 

Je pleure aux jours de pluie

Les larmes du fossé

Nourrissent les tritons

 

 

Avec des si

Avec des si, ou d’autres notes

J’aurais pu faire

des mondes de mes mots

 

J’aurais pu faire

une vie de mes phrases

 

Mais ma muse est volage

inconstante et peureuse

 

Elle est faite à ma taille

 

 

Au centre de mon âme

Au centre de mon âme

des anges déchus

combattent le trou

brûlant

des regrets

 

Prisonnier du purgatoire

des futurs non advenus

je m’enfonce dans le marécage

des mensonges de l’esprit

 

Sous les cieux lacérés de sang

je crève comme un vieux clébard

encore une fois

 

Au nom de quoi

au nom de qui

puis-je

me

définir

 

 

alors même que

je

ne m’appartiens pas

 

 

Marionnette

Marionnette dansante

dans un spectacle d’ombres balinais

alcool en fond sonore

encore

 

J’écris

pour essayer

de me dédouaner

d’être

 

Pour me pardonner

de n’être que moi

 

 

Le chemin

Le chemin se multiplie

Au rythme de nos pas

S’inventent des possibles

 

Le souffle s’évapore

En douces fleurs des champs

La campagne s’enroule

 

Tout autour des nuages

Où le Soleil se cache

Et le malheur s’endort

 

 

Accros au chaos

Accros au chaos

Tous autant que vous êtes

Tous autant que nous sommes

Perdus dedans ce siècle 20+1

Perdus dans cette année 20+1

Perdus dans nos pauvres (co)vi(d)es 20-1

Peut-être un peu d’espoir

Enfin ?

Peut-être un peu

D’accrocs au chaos ?

 

 

Tous ces livres

Tous ces livres anciens usant mes étagères

Amis dépareillés parfois dépenaillés

Ont la grandeur amère des choses incertaines

L’odeur un peu moisie

des certitudes disparues

comme moi dans vingt ans

dans trois mois

dans deux heures

 

 

Dans l’abîme des songes

Dans l’abîme des songes se niche le vrai

pour qui sait s’y plonger pour qui sait s’y noyer

 

Dans l’abîme des songes j’abîme mes nuits

     et j’engourdis mes jours

 

Nombreux sont les chemins qui conduisent à ce gouffre

 

Les boissons fermentées les substances chimiques

en sont des raccourcis

 

Le malheur est pourtant de devoir

revenir

     souvent

             à la surface

pour respirer et

                      « vivre »

 

que ne puis-je passer

mon entière existence

     au

             fond

                      du

                               trou

 

 

Ne te hasarde pas

Ne te hasarde pas à l’orée de mon âme,

Sa ramure est amère et son ombre trompeuse.

Rampe jusqu’à saigner d’où tu t’en es venu.

 

Tombes des oubliés, souvenirs inavoués

Hantent les frondaisons de mon esprit.

Fuis donc, pauvre fou,

Vois mourir ton espoir.

 

Des cadavres incomplets dégueulent sur mes rires, s’écrasent sur mes joies ;

L’air est spongieux comme un oiseau mort où l’on trempe le pied ;

J’inspire des tortures, j’exhale des charniers.

 

Le sol est un tapis de vieilles dents pourries

Capables encore de hurler la violence de l’abcès,

Les pointes des caries et la fraise qui siffle.

 

Mais si tu veux vraiment venir faire un tour chez moi,

Je t’y accueillerai à moignons ouverts.

 

 

Vagabond

Les cris des hommes en bandoulière

Je marche dans les champs

Ma mort prochaine en gibecière

Je danse par les rues

Mon épitaphe bien au chaud

Au creux de mes paupières

Je chante les amours d’antan

Je me veux troubadour

Du siècle 20+1

Triste ménestrel

D’un monde qui se meurt

D’un monde qui se pleure

 

 

©James Fleann

inédit


James Fleann

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