Ma raison
Ma raison va
l’amble quand
Mon cœur bat
campagne
Au rythme des
haies
Bocage de
sentiments
A
l’ombre de vieux chênes têtards
Autour de champs
d’espoir
Survient une
tempête
Un des chênes se
brise
Mais la haie
résiliente debout se maintient
Je pleure aux
jours de pluie
Les larmes du
fossé
Nourrissent les
tritons
Avec des si
Avec des si, ou
d’autres notes
J’aurais pu faire
des mondes de mes mots
J’aurais pu faire
une vie de mes phrases
Mais ma muse est volage
inconstante et peureuse
Elle est faite à ma taille
Au centre de mon âme
Au centre de mon âme
des anges déchus
combattent le trou
brûlant
des regrets
Prisonnier du purgatoire
des futurs non advenus
je m’enfonce dans le marécage
des mensonges de l’esprit
Sous les cieux lacérés de sang
je crève comme un vieux clébard
encore une fois
Au nom de quoi
au nom de qui
puis-je
me
définir
alors même que
je
ne m’appartiens pas
Marionnette
Marionnette dansante
dans un spectacle d’ombres balinais
alcool en fond sonore
encore
J’écris
pour essayer
de me dédouaner
d’être
Pour me pardonner
de n’être que moi
Le chemin
Le chemin se multiplie
Au rythme de nos pas
S’inventent des possibles
Le souffle s’évapore
En douces fleurs des champs
La campagne s’enroule
Tout autour des nuages
Où le Soleil se cache
Et le malheur s’endort
Accros au chaos
Accros au chaos
Tous autant que vous êtes
Tous autant que nous sommes
Perdus dedans ce siècle 20+1
Perdus dans cette année 20+1
Perdus dans nos pauvres (co)vi(d)es 20-1
Peut-être un peu d’espoir
Enfin ?
Peut-être un peu
D’accrocs au chaos ?
Tous ces livres
Tous ces livres anciens usant mes
étagères
Amis dépareillés parfois dépenaillés
Ont la grandeur amère des choses
incertaines
L’odeur un peu moisie
des certitudes disparues
comme moi dans vingt ans
dans trois mois
dans deux heures
Dans l’abîme des songes
Dans l’abîme des songes se niche le
vrai
pour qui sait s’y plonger pour qui
sait s’y noyer
Dans l’abîme des songes j’abîme mes
nuits
et
j’engourdis mes jours
Nombreux sont les chemins qui
conduisent à ce gouffre
Les boissons fermentées les
substances chimiques
en sont des raccourcis
Le malheur est pourtant de devoir
revenir
souvent
à
la surface
pour respirer et
« vivre »
que ne puis-je passer
mon entière existence
au
fond
du
trou
Ne te hasarde pas
Ne te hasarde
pas à l’orée de mon âme,
Sa ramure est
amère et son ombre trompeuse.
Rampe jusqu’à
saigner d’où tu t’en es venu.
Tombes des
oubliés, souvenirs inavoués
Hantent les
frondaisons de mon esprit.
Fuis donc,
pauvre fou,
Vois mourir ton
espoir.
Des cadavres
incomplets dégueulent sur mes rires, s’écrasent sur mes joies ;
L’air est
spongieux comme un oiseau mort où l’on trempe le pied ;
J’inspire des
tortures, j’exhale des charniers.
Le sol est un
tapis de vieilles dents pourries
Capables encore
de hurler la violence de l’abcès,
Les pointes des
caries et la fraise qui siffle.
Mais si tu veux
vraiment venir faire un tour chez moi,
Je t’y
accueillerai à moignons ouverts.
Vagabond
Les cris des hommes en bandoulière
Je marche dans les champs
Ma mort prochaine en gibecière
Je danse par les rues
Mon épitaphe bien au chaud
Au creux de mes paupières
Je chante les amours d’antan
Je me veux troubadour
Du siècle 20+1
Triste ménestrel
D’un monde qui se meurt
D’un monde qui se pleure
©James Fleann
inédit
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