LA
PÉNINSULE
La Péninsule-Maison de poésie en Cotentin a été créée
en août 2022 sous l'impulsion d'Adeline Miermont Giustinati et de la Factorie-Maison
de poésie en Normandie (Val-de-Reuil), unique structure de ce type sur le
plan régional jusque-là. Un tel lieu semblait manquer sur le territoire
« bas-normand ». Un début d'activité a donc commencé, en janvier
2022, avec une soirée organisée, à Cherbourg, dans le cadre du festival de
la Factorie « Les Poètes n'hibernent
pas », avec Adeline Miermont-Giustinati,
Laure Gauthier et Olivier Mellano. C'était à la
Bouée et le public fut nombreux (plus de 40 personnes).
Puis, en août 2022, le nom La Péninsule-Maison de
poésie en Cotentin a été trouvé et l'association créée. Une orientation
très contemporaine et féministe (tournée vers le matrimoine et les
écritures de femmes) a été décidé, ainsi qu'une volonté de mettre en valeur
la création sonore, la performance et les croisements avec d'autres
pratiques artistiques.
Les auteurs locaux François David (poète et
fondateur des éditions jeunesse Motus) et Isabelle Groult ont rejoint
l'association en septembre 2022 et sont intervenus bénévolement, avec
Adeline Miermont-Giustinati, aux Journées
Européennes du Patrimoine, au Château de Carneville, par des lectures et
des ateliers d'écriture pour enfants et adultes.
Des ateliers poésie ont également été proposés, à
partir de juin 2022, à la librairie Les Schistes bleus et la galerie La
Bouée. Il est apparu, d'après les retours des participants, qu'il y avait
une demande sur le territoire, en termes d'ateliers d'écriture réguliers.
Il en existe peu dans le Cotentin. Et pas du tout, en poésie contemporaine
et actuelle.
Une nouvelle soirée entrant dans le cadre des
« Poètes n'hibernent pas » a eu lieu en janvier 2023, à l'Autre
lieu, avec les poètes Alexis Pelletier, Marie-Christine Gordien et Patrick
Dubost.
Puis, en mars 2023, une série d'ateliers - à la
Bouée et en visioconférence – ont été réalisés par Adeline Miermont-Giustinati, sur le thème
« frontières », dans le cadre du Printemps des poètes.
Un podcast, « L'Oreille de la
Péninsule », a été créé, avec, comme premières émissions, une série
d'entretiens avec des revuistes femmes (Recours au poèmes, Radical(e),
Sorcières).
En mars également, une soirée slam a eu lieu à la
Bouée, dans le cadre du 8 Mars et du festival cherbourgeois « Femmes
dans la ville ». La poète Rouge Feu a été invitée à performer.
En juin 2023, La Péninsule a enfin trouvé son nid
en s'installant à La Cherche, un lieu collectif composé d'ateliers
d'artistes et d'espaces permettant l'organisation d'ateliers et
d'événements.
Pour inaugurer son nouvel ancrage, la Péninsule a
de nouveau invité la poète Laure Gauthier, désormais marraine de la maison,
lors d'une soirée « Matrimoine », fin septembre, en écho aux
Journées européennes du Patrimoine. Le pari était ambitieux, avec quatre
« temps forts » : un atelier d'écriture, une lecture
performée, une projection de videopoèmes
d'autrices actuelles, émergentes ou confirmées (Milène Tournier, Élisa Darnal, Maud Thiria, Lo
Moulis, Corinne Lelepvrier, Guylaine Monnier,
Hortense Raynal et Adeline Miermont-Giustinati),
le tout suivi d'une scène ouverte. Le public a été au rendez-vous (environ
30 personnes) et les retours très positifs.
Portés par ces deux premières années riches
d'expériences et de rencontres, nous avons plein de projets pour l'année à venir.
L'association grandit en accueillant de nouvelles personnes enthousiasmées
par le projet. Nous allons continuer d'animer des ateliers tout au long de
l'année, avec, nous l'espérons, une publication à la clé et une restitution
publique à Cherbourg. « Les Poètes n'hibernent pas », ainsi
« Femmes dans la ville », le « Printemps des poètes »
et les « Journées du Matrimoine »,
seront de nouveau le cadre d'événements auquel nous réfléchissons
actuellement. Enfin, il est question de résidences d'auteurs, à Cherbourg
et Porbail (centre-Manche), mais nous n'en dirons
pas plus pour le moment... à suivre !
Contacts :
maisonpoesiecotentin@gmail.com
Pages
Facebook et Instagram : Maison de poésie en Cotentin
Site
Internet : https://www.lapeninsulemaisondepoesieencotentin.fr
Pour
adhérer, soutenir, la Péninsule : https://www.helloasso.com/associations/la-peninsule-maison-de-poesie-en-cotentin
(*)
TEXTES
ISSUS DES ATELIERS D’ÉCRITURE
Hannah
atelier
« regards dansants »
Corpoèmes et « dansité
»
Ribambelles de peaux ficelées,
Postures
décalées, j'observe la sombre décadence-danse.
Silence
apaisé.
La
chaleur des âmes bioniques impacte ces contacts désamorcés.
Les
fluides se figent, parcellement de zones charnées.
Gesticule
en moi le plan subtil et magnétique ; couleurs dissimulées.
De
vives expressions étincellent ; feu vibratoire partagé.
Le
focus des corps éclate, rythme vacillant.
Postures
vaporeuses fredonnent ma liberté et
Happent
les souffles voilés, imbibés de solitude.
Fiévreuse
rigidité de l'instant ;
Réceptacle
insouciant.
Poème Dansé
Rythmique
cynique, centrée ;
Explose
mes racines ensemées.
Parfum
sauvage,
Qui
me ravage.
Au
clair des pulsatiles,
Lune
vermeille de ton cœur.
J'attends
ton signe,
Caresses
malines ;
Obscurs
vertiges des sens.
Doigts
s'entremêlent et lancent,
Claquent
mes pensées,
Divines
contrées.
Êtres
rudes en expansion,
Bercement
des tensions.
Fusion
d'orage,
Fin
du voyage.
Richard
atelier
« regards dansants »
Rupture
avec le passé, avec le dansé-coulé
Mouvements
brusques et écorchés
Graciles
envolées transmutées en postures désarticulées
Libellule
d’acier, Êtres outils dans un monde hyper structuré
Magie
de la douceur donnant naissance aux angles de la froideur
Élans
de la vie par la photo hachée
Sirop
composé de copeaux de danse congelée
La
danse tourne et tourne carrée
Grandes
envolées issues de nos profondeurs cachées
Entremêlement
de métal mental et de viande désarticulée
étixif
avec otohp enu‘d erèinam al à esnaD
étivisserga
ceva essiuc at à ecilic un‘d noçaf al à esnaD
…
à l’endroit. srevne‘l à eslav al esnaD
en
bas
la
tête
Danse
Danse
la
tête
en
haut
Seule
ou contre moi
Tu
danseras avec tes hauts, avec tes bas
Tu
portes des jarres, telle une belle de nuit
Seule
ou avec moi, à contre-jour du soleil de minuit
…
ou à l’endroit. srevne‘l
à iom ceva esnaD
Corps
à corps juste avec ton juste au corps
Partage
dense et profond de l’amour à mort, mi Amor
…
à l’endroit. srevne‘l à esnaD
Seule
ou avec moi
Catherine
atelier « regards dansants »
Contraste du mouvement face à l’immobilité
Contraste de l’intimité cachée puis exposée
Tu marches, tu danses, tu ondules
Seul, seule, en duo ou à plusieurs
Tu exprimes un corps qui n’appartient qu’à toi
La dame en noir est là
Ressuscitée, connectée
Songeuse en contre plongée
Couleur vive
Rouge écarlate
Netteté danse floue
Frivolité du défilé
Pénombre dans l’ombre
Odeur du danseur
Ton corps glisse vers le fond de la scène
Mon regard glisse vers le fond de la scène
Retrouvons-nous
Jouons sur le bord
Dansons sur ressort
Enlaçons nos corps
Volons sans effort
Sensualité fine
Émotion câline
Relation coquine
Finition mutine
Oser sans mentir
Sauter sans courir
Dire avec agir
Partir avec fuir
Le noir et le blanc
Le rouge et le noir
Couleurs, purgatoire
Enfer et néant
Lente vivacité
Lourde légèreté
Toute intimité
Avec nudité
Rose
atelier « ensemble »
Portail
transdimensionnel
Chaleur
du vivant
Éloquence
de l’obscurité
Révélant
une proposition gluante
Cellulose
florale
Alvéoles
moléculaires
Porte
de douceur
Luminosité
Révélant
l’obscurité
Chaleur
vivante
Éblouissante
Fragilité
douce
Émotivité
Textures
abstraites
Souplesse
naturelle
Bouche
florale
Regard
globuleux
Réceptacle
mutant
Langue
gluante
L’encre
d’un corps alien
Dégoulinement
Monstrueux
interne
L’éblouissante
Fragilité
du vivant
Douce
caresse
Réceptacle
visqueux
Encre
aqueuse crépue
Dégoulinante
Texture
de texte
Textuellement
volant
Évoquant
la mort
J’aime
la chaleur en été, et la sueur dégoulinante de nos corps
Les
valeurs de couleurs opposées décorent mes pétales
De
l’orange au violet, dessiné.e
dans l’ombre dramatique
De
ton regard oublié.e.
Laisse
le vents t’importuner, recroquevillé.e
dans ta coquille, ombre violette
Danse
avec une chaleureuse envie d’être aimé.e.
atelier
« ambiance portuaire »
Free the sea
Sous un ciel gris
Petites dalles carré
Anneau rouillé
Mouette géante
Zone interdite
Hangar qui nous hante
Abandonné, ancre rouillée
Fleur violette
Herbes insensées
Des briques brisées
Don’t open,
d(e)ad inside
Des vagues, un requin
Du bois, en dessous la mer
Qui s’écoule
Robot allo
Un artiste dont le père était artiste
Des dentelles de fleurs s'effilochent
De la roche
Un point de vue différent
Parmi les lichens
Qui tachent les remparts de jaune
Des algues tendent leurs bras vers le port
Un ciel gris
Un rêve général
Fleur bleu
Robe rouge
Neptune service
Ont
part à la recherche
De jolies inventions
Un port un peu triste
Des gens qui trouvent ça intéressant
Un papillon blanc.
Élise
atelier
« ce que les femmes transmettent »
Tes talons. Tes talons sur le sol de cette classe
de terminale. Ton talon haut, solide, fier, sur cette chaise, te plaçant
dans une posture conquérante. L’étais-tu, Conquérante ?
Ton nom a disparu dans ma mémoire et je ne t’ai
jamais tutoyée mais tu es un de mes souvenirs
préférés,
tu me pardonneras donc cette familiarité.
La force de tes propos, l’assurance de ta voix
nous ont fait creuser plus loin dans nos idées, nos préjugés.
Ton regard critique, ton sourire rare, absent –
étais-tu triste ? – nous questionnaient sans relâche pour
extraire
de nous quelque chose – nous-mêmes, peut-être ?
Ton souvenir m’a aidée à me construire. Tu es
femme qui aime les femmes, qui aide les femmes, qui pense les femmes. Ta
stature haute dans cette classe, ces quelques heures de cours durant
lesquels tu nous faisais philosopher, l’odeur des cigarettes que tu
traînais derrière toi.
Sans hausser le ton, tout en toi criait liberté.
Tes talons. Tes clopes. Mon féminisme. Merci.
Rose + Richard +
Catherine + Adeline
atelier « ensemble »
réceptacle mutant
dégénéré
sans bras sans âme
torturée
sous les saules bleus
la
frontière résonne en silence
uniquement
noir et blanc
sous
un ciel de bouteille
qui
jonche paradis
rattrapé
par l'enfer
quand
le croco chasse
sentier
diverge je
chahute
au vent
époustouflé
ébouriffé
dévoré
par l'orée
de
Marcel et du champ
Yvette
atelier
« ambiance portuaire »
L'ombre
d'un bateau gris glisse sur le ciel pâle.
Le
port est vide et sale.
Le
navire a coupé ses moteurs et le port laisse luire une eau glauque.
Départs
sans idée d'escales
Faux
départs
Quand
viendra le départ du quai
J'agiterai
pour toi mon mouchoir
Automne
ensoleillé et calme
un
phoque, poisson dans la gueule
les
filets du matelot, à sécher
Marceau et Céleste (5 et 7 ans)
balade
d'écriture au château de Carneville
les arbres qui forment
une haie d'honneur
et jouent de la
trompette
le chant des oiseaux au
loin
les feuilles craquantes
sous les pieds
les glands comme des
petits chapeaux de peintres
les cousins qui nagent
la brasse dans l'étang
le bâton-bazooka
le morceau de terre en
forme de boudin d'argile
les feuilles-hélices
les feuilles-papillons
les feuilles-oreilles
de lapin
la bouée rouge et blanc
l'étang immense et le
copain-canard
les champignons avec des
étoiles riquiqui
l'eau qui tombe sur
l'eau
l'air un peu froid
le bâton-sarbacane
l'herbe mouillée
et le vent dans les
branches
©Adeline Miermont Giustinati
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