TERRA INCOGNITA

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Archives : Terra incognita

Nouvelle rubrique depuis 2019 

Hiver 2025

 

Philippe Bray :

« La liberté est à ce prix »

 

Poèmes inédits

 

(*)

 

©Jacques Grieu, Les danseurs (2023)

 

 

1- Il aime l’oiseau

Il aime l’oiseau

Mais il ne sait pas

Qu’il aime

Parce qu’il vit avec lui

Jour et nuit.

 

En ville ou à la campagne

Je l’entends dehors

Du dedans

Et je vis avec lui aussi

 

L’homme y porte moins attention

En ville qu’à la campagne

Mais sans lui

Il ne pourrait

Tout simplement plus vivre

Puisqu’il est le symbole

De sa liberté perdue

Qu’il doit retrouver en lui-même

 

Il y a plus d’oiseaux à entendre

Que d’hommes à entendre parler

 

 

 

2-Spontanément

Spontanément

Sans latence

L’oiseau vole

 

Spontanément

Sans latence

Le papillon virevolte

 

Je passe

Entre deux courants d’air

Dans le champ

Désormais ouvert

 

Je survole la situation

Tout en étant dedans.

 

L’oiseau et le papillon

Sont effacés

 

Je suis l’oiseau

Et je persiste et signe

 

 

 

3- Vent debout

Vent debout

Tout d’abord.

 

Désormais

Allongé dans l’herbe,

J’observe

La vie autour de l’arbre

 

Un nid d’oiseau

Un des leurs se pose.

 

Plus près

La vie des insectes

Une coccinelle

 

Je ferme les yeux

Je rêve…

Mais aucun souvenir

Au réveil

 

Je me lève

Et je marche

 

 

 

4 Je l’écris sur le mur de toutes les prisons

Au jour saisonnal

qui moffre ses plus belles couleurs,

en campagne,

j’ai quitté l’émoi de mon moi dautrefois

celui qui croyait devoir créer pour exister.

J’étais dans la guerre des egos,

ceux qui veulent toujours mieux faire que lautre.

Mais voilà que la saison

décolore le vert de l’été,

et que la terre me rend son parfum.

Je respire alors les roses dans la roseraie.

Il y a encore des soleils et des lunes à parcourir.

Pour se retrouver un jour en soi-même,

puis en lautre afin qu’il soit à même

de nous aimer réellement.

La liberté est à ce prix.

Et je l’écris

sur le mur de toutes les prisons.

 

 

 

5 Sur le monde éthéré

Sur le monde éthéré

Le chanteur de charme

Cesse de charmer

Attendu que le charme

À ce moment-ci

Est la fleur des champs

Qu’on ne coupe pas au printemps

Comme la femme

Qui ne se maquille plus pour séduire

 

L’homme alors est à côté

Au milieu des blés

Sans se soucier

Des bruits de la ville

Des bruits qui courent

Des bruits assourdissants des moteurs

 

Sur le monde éthéré

La vie se vit sur un autre plan

À hauteur de la rivière

Passant là

À hauteur

Des battements d’ailes du colibri

Le merveilleux oiseau

Des plaines sauvages

À hauteur des animaux à cornes

Qui se confondent

À la forêt féconde

Dans laquelle lui et elle

Se promènent

Ce jour de grand soleil

 

Je reviens demain te revoir

Mais

Tu ne seras déjà plus là

Parce que la ville

Tu auras rejoint

Là où on se maquille

Entre deux prises de vue

 

Sur le monde éthéré

La séduction est arrivée

À son point de chute

Entre la ville et la plaine

 

 

 

6 Silence

Étendue deau au loin

Silence

Je fixe un point

Il se retourne

Je le contourne

 

Le point fixé sur la rive

Prends la place de lespace

 

Un vent se lève.

L'étang est bousculé

Je me détends

Les cheveux au vent.

Le paysage change

Au gré de ce mouvement.

Un oiseau plane au-dessus

 

Au milieu du décor

J'ai cessé de penser

Et je regarde ce qui est

En me souvenant

De Jiddu Krishnamurti

 

 

 

7 L’oiseau a pris du plomb

L’oiseau a pris du plomb dans l’aile

Sa liberté

Est désormais compromise

Il est

Au cœur de son événement

Au cœur des événements de l’incarnation.

 

À l’image de l’homme

La péripétie

Trace la courbe des temps

Des temps dans le temps

Au cœur de la manifestation

 

Cet homme est là

A pris ce plaisir

De vouloir abattre l’oiseau

Non pas pour survivre

Mais pour son plaisir

 

Maintenant

Est

Un jour gris sans bleu

Et sans nuage

Et je m’exclame de cet homme

Qui prit pour cible cet oiseau

 

 

 

8 Il peut nous emmener loin

Le poème nous emmène au loin

Ou à côté de chez nous

Nous est toi et moi

Mais de mème

Ils nous vous leur

La liberté est à ce prix

On ne sait pas

Où elle nous envoie

Elle poste

Des lettres de l’inattendu

Dans la voie postale numérique

De l’ère moderne

 

Un air dans la tête

J’ai chanté certains jours

Et je me suis senti mieux après

 

Chanter

Déverrouille le cœur

Et cette orthographe

Me fait douter un instant

Des lettres

Qui construisent des mots

À l’instant T

Mais instantanément

Je vérifie et je corrige

 

Dans l’attente de rien

Que chacun attend

Je vis l’inattendu connu

Que je ne connais pas

 

 

 

9 Le jour venant

Chaque jour qui vient

Est un jour

Une heure

Une minute en un instant

Qui n’est même pas la seconde

Qui vient de déambuler

Et cet instant peut être,

Dès lors

Un cauchemar un chant

Une libellule au bord de l’eau

 

Chaque jour venant

Est cela même

Qui mène à rien

Qui mène à tout

Et en marchant

Ce jour venant

Je croise un nénuphar

Et dans ce nénuphar

Est une efflorescence

De ce petit animal

Battant des ailes

À l’ombre du chêne

Que je viens de croiser

 

©Philippe Bray

 

 

(*)

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Philippe Bray écrit depuis les années 2000, avec des publications dans des revues telles que La Page Blanche et Poésie première et dernièrement dans Le capital des mots et Traversées.

Sa poésie, à la fois vibratoire et ancrée, explore les seuils entre le visible et linvisible, la nature et lintime, la mémoire et linstant. Musicien autodidacte et auteur de compositions contemporaines, il partage aujourd’hui ses œuvres en libre accès sur archive.org (d’où est extraite la vignette ci-dessus).

 

 

Philippe Bray

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Créé le 1er mars 2002