1- Il aime l’oiseau
Il aime l’oiseau
Mais il ne sait pas
Qu’il aime
Parce qu’il vit avec lui
Jour et nuit.
En ville ou à la
campagne
Je l’entends
dehors
Du dedans
Et je vis avec
lui aussi
L’homme y porte
moins attention
En ville qu’à la
campagne
Mais sans lui
Il ne pourrait
Tout simplement
plus vivre
Puisqu’il est le
symbole
De sa liberté
perdue
Qu’il doit
retrouver en lui-même
Il y a plus
d’oiseaux à entendre
Que d’hommes à
entendre parler
2-Spontanément
Spontanément
Sans latence
L’oiseau vole
Spontanément
Sans latence
Le papillon
virevolte
Je passe
Entre deux
courants d’air
Dans le champ
Désormais ouvert
Je survole la
situation
Tout en étant
dedans.
L’oiseau et le
papillon
Sont effacés
Je suis l’oiseau
Et je persiste
et signe
3- Vent debout
Vent debout
Tout d’abord.
Désormais
Allongé dans
l’herbe,
J’observe
La vie autour de
l’arbre
Un nid d’oiseau
Un des leurs se
pose.
Plus près
La vie des
insectes
Une coccinelle
Je ferme les
yeux
Je rêve…
Mais aucun
souvenir
Au réveil
Je me lève
Et je marche
4 Je l’écris sur le mur de
toutes les prisons
Au jour saisonnal
qui m’offre
ses plus belles couleurs,
en campagne,
j’ai quitté l’émoi de mon moi d’autrefois
celui qui croyait devoir créer pour exister.
J’étais dans la guerre des egos,
ceux qui veulent toujours mieux faire que l’autre.
Mais voilà que la saison
décolore le vert de l’été,
et que la terre me rend son parfum.
Je respire alors les roses dans la roseraie.
Il y a encore des soleils et des lunes à parcourir.
Pour se retrouver un jour en soi-même,
puis en l’autre
afin qu’il soit à même
de nous aimer réellement.
La liberté est à ce prix.
Et je l’écris
sur le mur de toutes les prisons.
5 Sur le monde éthéré
Sur le monde
éthéré
Le chanteur de
charme
Cesse de charmer
Attendu que le
charme
À ce moment-ci
Est la fleur des
champs
Qu’on ne coupe
pas au printemps
Comme la femme
Qui ne se
maquille plus pour séduire
L’homme alors
est à côté
Au milieu des
blés
Sans se soucier
Des bruits de la
ville
Des bruits qui
courent
Des bruits
assourdissants des moteurs
Sur le monde
éthéré
La vie se vit
sur un autre plan
À hauteur de la rivière
Passant là
À hauteur
Des battements
d’ailes du colibri
Le merveilleux
oiseau
Des plaines
sauvages
À hauteur des animaux à cornes
Qui se
confondent
À la forêt féconde
Dans laquelle
lui et elle
Se promènent
Ce jour de grand
soleil
Je reviens
demain te revoir
Mais
Tu ne seras déjà
plus là
Parce que la
ville
Tu auras rejoint
Là où on se
maquille
Entre deux
prises de vue
Sur le monde
éthéré
La séduction est
arrivée
À son point de chute
Entre la ville
et la plaine
6 Silence
Étendue d’eau au loin
Silence
Je fixe un point
Il se retourne
Je le contourne
Le point fixé sur la rive
Prends la place de l’espace
Un vent se lève.
L'étang est bousculé
Je me détends
Les cheveux au vent.
Le paysage change
Au gré de ce mouvement.
Un oiseau plane au-dessus
Au milieu du décor
J'ai cessé de penser
Et je regarde ce qui est
En me souvenant
De Jiddu Krishnamurti
7 L’oiseau a pris du plomb
L’oiseau a pris du plomb dans l’aile
Sa liberté
Est désormais compromise
Il est
Au cœur de son événement
Au cœur des événements de l’incarnation.
À l’image de l’homme
La péripétie
Trace la courbe des temps
Des temps dans le temps
Au cœur de la manifestation
Cet homme est là
A pris ce plaisir
De vouloir abattre l’oiseau
Non pas pour survivre
Mais pour son plaisir
Maintenant
Est
Un jour gris sans bleu
Et sans nuage
Et je m’exclame de cet homme
Qui prit pour cible cet oiseau
8 Il peut nous emmener loin
Le poème nous
emmène au loin
Ou à côté de
chez nous
Nous est toi et
moi
Mais de mème
Ils nous vous
leur
La liberté est à
ce prix
On ne sait pas
Où elle nous
envoie
Elle poste
Des lettres de
l’inattendu
Dans la voie
postale numérique
De l’ère moderne
Un air dans la
tête
J’ai chanté
certains jours
Et je me suis
senti mieux après
Chanter
Déverrouille le
cœur
Et cette
orthographe
Me fait douter
un instant
Des lettres
Qui construisent
des mots
À l’instant T
Mais
instantanément
Je vérifie et je
corrige
Dans l’attente
de rien
Que chacun
attend
Je vis
l’inattendu connu
Que je ne
connais pas
9 Le jour venant
Chaque jour qui
vient
Est un jour
Une heure
Une minute en un
instant
Qui n’est même
pas la seconde
Qui vient de
déambuler
Et cet instant
peut être,
Dès lors
Un cauchemar un
chant
Une libellule au
bord de l’eau
Chaque jour
venant
Est cela même
Qui mène à rien
Qui mène à tout
Et en marchant
Ce jour venant
Je croise un
nénuphar
Et dans ce
nénuphar
Est une
efflorescence
De ce petit
animal
Battant des
ailes
À l’ombre du
chêne
Que je viens de
croiser
©Philippe Bray
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