Elle me déclara son amour par lettre,
après quelques rencontres anodines sur notre lieu de travail. Nous étions
tous deux employés dans la même entreprise, à des postes différents, mais
nous quittions à la même heure nos bureaux respectifs, avec une ponctualité
jamais prise en défaut, ce qui faisait l’admiration de mes collègues et des
siens. Le style de la missive qu’elle avait glissée, à mon insu, dans ma
boîte à courrier alors que j’essayais, en vain, d’obtenir un café sans
sucre au distributeur à boissons, était à la fois amphigourique et
passionné, comme si le tempérament folâtre de la jeune fille, trop
longtemps bridé par des conventions absurdes, se débondait soudain en de
longues phrases audacieuses, dont chacune se terminait invariablement par
un point d’exclamation. Mais la cohérence du texte laissait à désirer, à
cause de cet excès de métaphores lyriques et de platitudes sentimentales.
Toutes ces envolées pseudo-romanesques semblaient traduire une exaltation
de midinette. Je me méfiai donc, à la première lecture, de cette exubérance
féminine qui risquait d’introduire dans ma vie, que je rêvais morne et
placide, un trop-plein de fantaisie, voire même de désordre. Je l’avouais
d’ailleurs sans honte à qui voulait l’entendre, c’est-à-dire à quelques
membres éplorés de ma famille, aux yeux desquels je passais pour un
incapable de la pire espèce. Ma pondération naturelle saurait me préserver
de tout engouement fâcheux dans la vie, pensais-je, malgré tout. Mais sans
trop y croire. C’est pourquoi je m’employais à dresser, chaque jour, par
prudence, des remparts invisibles autour de moi, afin que l’ennemi perfide
qui me guettait dans l’ombre ne pût m’attaquer par surprise. Cette
déclaration d’amour m’effraya, comme si elle annonçait les premiers
symptômes d’une maladie grave, pour ne pas dire mortelle. La jeune fille,
que j’imaginais timide et réservée, s’offrait totalement à moi, sans la
moindre retenue. Alors, que me restait-il à conquérir ? Je n’avais plus
aucun effort à faire pour tenter de la séduire. À condition, bien sûr, que
j’eusse voulu frayer avec elle, ce qui n’était pas du tout le cas !
Cette perspective d’un amour unilatéral me déplaisait, bien qu’elle me
rassurât en même temps sur mon pouvoir de séduction. Je ne me fis pas
l’injure de traiter la jeune fille de créature facile. Mais une telle
impudeur me laissa perplexe. Cette lettre introduisait brutalement trop
d’inconnu dans ma vie paisible et rangée. J’avais lu et relu la missive –
papier rose parfumé, écriture de chat, encre violette – avec l’espoir que
les phrases écrites prendraient un sens plus anodin après plusieurs
lectures. Mais les mots conservaient toujours la même charge de violence.
Je ne m’attendais pas à ça. Quelle mouche avait piqué cette secrétaire
modèle qui se fondait si bien dans le décor banal de l’entreprise au point
que personne, en dehors de moi, ne semblait s’être vraiment aperçu de sa
présence ? Incroyable comme
l’amour, ou du moins ce que l’on appelle ainsi, pouvait perturber le
fonctionnement intime d’un être qui, jusqu’alors, s’était montré docile et
soumis. Du moins, en apparence. Mais le comble de la fatuité, c’est qu’elle
exigeait de moi une réponse précise, et dans les plus brefs délais. Or,
j’étais un lent. Surtout en amour. Je n’avais connu que quelques amourettes
sans importance. Toutes s’étaient terminées par un fiasco lamentable.
J’éprouvais très vite une grande lassitude à prolonger des histoires
sentimentales qui m’effleuraient à peine, et ne laissaient aucune trace
dans mon cœur. Cette jeune fille aurait dû le deviner, si elle avait été
perspicace, depuis le temps que nous échangions de vagues banalités sur des
sujets insignifiants. C’était la méconnaissance qu’elle semblait avoir de
ma nature profonde qui m’irrita le plus quand je reçus sa lettre. Je
faillis même déchirer le papier rose soigneusement plié en quatre. Les
femmes, pensai-je alors pour me rassurer, vous imaginent au gré de leur
fantaisie, et se soucient fort peu que le modèle ressemblât ou non à
l’image qu’elles se font de vous. Cette jeune fille usait, dans sa lettre,
de termes qui se voulaient aguichants, alors qu’ils n’exprimaient qu’un
désir très commun, comme si la chair devait toujours en premier triompher
des sentiments. Quant aux doux surnoms dont elle m’affublait, pour créer
sans doute un lien plus intime entre nous, le rouge de la honte me montait
au front rien qu’à l’idée qu’elle pourrait m’appeler ainsi en public ou,
pire encore, devant ma mère. Une
femme si délicate et bourrée de principes, qui s’offusquait dès que je
relâchais un peu mon vocabulaire et n’appliquais pas la stricte concordance
des temps.
Depuis des jours et des nuits, je me
creusais la cervelle pour répondre à la déclaration d’amour de la jeune
fille. Je voulais écrire une lettre suffisamment impersonnelle pour que ma
réponse parvienne à escamoter l’objet même de sa demande. Mais je craignais
de heurter la susceptibilité de la demoiselle. Allait-elle se contenter de
quelques phrases évasives ? Mon intuition masculine me disait que non.
Et cette intuition se traduisit par de violents maux d’estomac et de
douloureuses névralgies faciales. J’allai donc consulter un dentiste. Après
quelques radios panoramiques, il accusa une vieille dent de sagesse qui se
refusait, depuis mon adolescence boutonneuse, à percer la gencive. Il me
proposa de la faire enlever par un chirurgien de ses amis. Je déclinai
l’offre, car je savais que mon tourment venait de l’âme. Allais-je
résolument affronter le maelström de l’amour, ou céder sans combattre aux
désirs impérieux de la chair ? Cruel dilemme ! D’autant que je ne
pouvais partager mon angoisse avec personne. Surtout pas avec mes collègues
de bureau qui n’avaient que trop tendance à se moquer de moi, à tout
propos. Je redoutais qu’ils fissent des gorges chaudes de mes
atermoiements. Je pouvais encore moins confier mon désarroi à ma mère. Sa
pitié condescendante m’aurait abattu en plein vol. J’en vins à ne plus
manger, à ne plus dormir. Ma tête ressassait de sombres pensées. Mes joues
se creusèrent. Ma peau prit une teinte grisâtre, comme celle d’un crapaud
anorexique. Chaque matin, je trouvais des touffes entières de cheveux gras
collées à mon oreiller. Le miroir de ma salle de bains confirmait, de jour
en jour, ma décrépitude physique. Je fuyais le regard des autres en
marchant tête baissée dans la rue. Quant à la lettre qui taraudait mon
cœur, j’épuisais mon esprit à trouver une réponse assez ambiguë pour
qu’elle m’épargnât à la fois les affres de la passion et les tourments de
la rupture. Autant dire que cette lettre de réponse ne fût jamais écrite.
J’évitais, dorénavant, de croiser la jeune fille en modifiant mes heures
d’entrée et de sortie, ce qui perturba la bonne marche du service. Mais je
parvins ainsi à ne plus lui adresser la parole. Les semaines s’écoulaient
lentement. Des mois passèrent. Je me fondais de plus en plus dans la
grisaille du décor, au point de devenir une silhouette presque invisible.
Personne ne s’inquiéta de ma santé. Je passais mes journées à tordre
fébrilement des trombones, assis derrière mon bureau encombré de dossiers
inutiles, à faire tourner un stylo à bille entre mes doigts, comme s’il
s’agissait d’un minuscule bâton de majorette, à tendre des élastiques de
toutes les couleurs qui finissaient par craquer en me cinglant les mains ou
le visage… Bref, je m’ennuyais à mourir. Un ulcère se déclara. Douleurs et
saignements ponctuèrent mes journées et mes nuits. Je fus contraint de me
soigner et de prendre du repos. Je ne dus mon salut qu’au dévouement de ma mère.
Une fois encore.
Un matin, au réveil, je ressentis de
violentes douleurs dans le ventre. J’allais aussitôt consulter mon médecin.
Celui-ci me fit de nombreuses palpations sur l’abdomen, et décela une
grosseur suspecte du côté gauche, près de l’aine. « Est-ce
l’appendicite ? » demandai-je au docteur. « Je ne crois pas,
répliqua-t-il avec une pointe d’ironie dans la voix, elle est très rarement
du côté gauche ! » « Alors peut-être une tumeur
maligne ? » insistai-je. « Bien malin qui pourrait le
dire ! » répondit le médecin en haussant les épaules. Un sourire
de satisfaction s’afficha sur ses lèvres. Son attitude désinvolte
m’inquiéta. Je n’aime pas les docteurs trop sûrs
d’eux ! « Je vous conseille d’aller consulter un spécialiste,
ajouta-t-il après quelques secondes de réflexion, les yeux mi-clos perdus
dans le vague. Je connais un excellent confrère qui vous fera des examens
plus approfondis. Allez le voir en urgence, de ma part. Mais ne soyez pas
trop inquiet, sauf si c’est une tumeur cancéreuse, bien sûr !...Il va
établir un diagnostic en deux coups de cuillère à pot ! » Je ne
répondis pas. Le docteur griffonna sur une feuille à en-tête le nom et
l’adresse du spécialiste. « Dites surtout que vous venez de ma part ! »
« Bien sûr ! » balbutiai-je pour me montrer affable.
« C’est un sacré briscard, tout de même, conclut le médecin en me
tapotant l’épaule droite. Divorcé cinq fois, vous vous rendez
compte ! » « Non, dis-je d’un ton fataliste, je ne suis pas
marié ! » « Tout de même, c’est au moins deux séparations de
trop, et je ne vous parle pas des pensions alimentaires qu’il doit verser à
ses épouses répudiées, la moitié de son salaire de chirurgien y passe, mais
rien ne l’arrête, il va bientôt convoler une nouvelle fois, le
bougre ! » s’écria le docteur avec un ricanement qui me fit peur.
Une fois rentré chez moi, j’eus toutes les peines du monde à déchiffrer le
gribouillage informe qui s’étalait comme des boulettes de mazout sur la
page blanche.
Je m’attendais donc au pire. Les deux
nuits suivantes furent très agitées. Je pris rendez-vous par téléphone. Le
spécialiste me reçut avec une froideur compassée. Une odeur indéfinissable
flottait dans son cabinet. Le médecin pratiqua tous les examens appropriés
dans le plus profond silence. Ses mains rugueuses malaxèrent longuement mon
abdomen, jusqu’à me faire crier de douleur. Ensuite, il fit une échographie
qui dura de longues minutes, puis une prise de sang. Son air taciturne me
laissait perplexe. J’aurais aimé qu’il sourît ! Sinon aux joies de
l’existence, du moins à ses patients. Mais son visage anguleux resta rigide
comme celui d’une momie. Sa peau couperosée collait aux os. La couleur
verdâtre de ses joues mal rasées incitait tout homme compatissant à
s’enquérir de sa santé. Mais je n’en fis rien. On a toujours scrupule à
renverser les rôles. Le spécialiste m’interrogea brièvement sur ma vie
privée, puis sur mon avenir professionnel. Je ne me montrai pas disert. Il
se contenta d’enregistrer mes réponses évasives en hochant la tête, comme
s’il compatissait en secret à mes malheurs. Il me congédia d’un geste de la
main, sans faire le moindre commentaire, et me reconduisit d’un pas
hésitant jusqu’à la porte de son cabinet. Il ne restait plus, dit-il alors
d’une voix neutre, qu’à attendre le résultat de la prise de sang, pour voir
si d’éventuelles anomalies n’apparaissaient pas dans le nombre de globules
blancs et rouges. Quelques mauvais jours à passer ! Je connus des
périodes d’anxiété, des nuits d’angoisse. Mon sommeil instable était troublé
par de fréquents cauchemars Tous plus horribles les uns que les autres. Je
mourrais, en effet, de toutes les façons possibles. Écrasé par de lourdes
pierres qui dégringolaient du ciel, déchiqueté par un train à grande
vitesse, brûlé vif dans un incendie de forêt, ou emporté par une vague
monstrueuse qui surgissait brutalement de l’horizon…
Quelques jours plus tard, le spécialiste
me convoqua par téléphone à son cabinet, en fin d’après-midi, pour ne pas
perturber mon travail. Ma mère voulut m’accompagner à tout prix. Elle
venait de s’acheter un nouveau chapeau et brûlait de se pavaner avec. Je
déclinai son offre d’un air maussade. Elle se crût obligée d’insister. « Je ne suis plus un
enfant ! » criai-je d’un ton si brutal qu’il m’étonna moi-même.
Surprise et désemparée, elle éructa une suite de borborygmes ironiques, à
moins que ce fussent des gloussements de colère. De guerre lasse, elle
s’inclina. « Tant pis pour toi, tu ne sais pas ce que tu
perds ! » me dit-elle d’une voix revêche. Elle me quitta un peu
fâchée, je le crains.
« Rien de bien grave, m’annonça le
spécialiste, dès que je fus assis dans son cabinet aux murs ripolinés en
blanc. Pas de tumeur maligne, en tout cas ! » Son visage de chien
battu exprimait une tristesse affligée. On aurait dit que le ciel venait de
lui tomber sur la tête. Ou qu’il venait de perdre un être cher. Je me
gardai bien de lui demander les raisons de son accablement manifeste. Peut-être
aurait-il préféré que je fusse gravement malade. Voire même à l’article de
la mort ! Le spécialiste me prescrivit un traitement qui devait, à la
longue, sauf erreur de diagnostic de sa part, faire disparaître cette
grosseur suspecte qui n’en était peut-être pas une, allez savoir !
« Quoique… » balbutia-t-il sans finir sa phrase. Je blêmis.
S’apercevant de mon trouble, le médecin précisa qu’il lui était difficile
de se prononcer avec certitude sur mon cas, mais qu’il préférait, dans le
doute, s’orienter vers un mal temporaire. Un traitement préventif
s’imposait donc. Par simple précaution, bien sûr ! Cette grosseur,
somme toute minime, bien que réelle, devait être d’origine nerveuse,
d’après lui. Un peu de stress, ou un simple manque de calcium et de fer. Il
fallait que j’évacue ce trop-plein de toxines par une meilleure hygiène de
vie. « Faites du vélo! » me conseilla-t-il. « Je ne suis
jamais monté sur une telle machine ! » « Alors, du roller,
peut-être ! » « Je ne pratique aucun sport, c’est trop
fatiguant ! » répliquai-je aussitôt, d’un ton qui se voulait
primesautier. Le spécialiste parut affligé par ma réponse. Il haussa ses
épaules légèrement voûtées. « Je ne vous conseille pas de vous marier,
dit-il soudain, au vu de mes expériences désastreuses en ce domaine, mais
tout de même vous devriez y penser à tête réfléchie, on ne sait jamais,
convoler peut parfois réguler les humeurs mauvaises qui montent au cerveau
et dérèglent sournoisement la santé du corps, enfin c’est à vous de voir, bien
sûr, je ne suis pas un conseiller conjugal émérite, loin s’en
faut ! » Il me raccompagna d’un pas nonchalant jusqu’à la porte
de son cabinet. Il ouvrit la porte, inspecta d’un œil morne le couloir
désert, puis me serra la main d’une poigne virile, bien que moite.
« Soulagé ? » me demanda-t-il d’un ton lugubre. Pouvais-je
lui répondre que j’étais heureux de ne pas être gravement malade ?
Cela n’aurait fait que l’attrister davantage, je crois.
La grosseur finit par se résorber
d’elle-même. Elle fut remplacée par un eczéma qui recouvrit entièrement mon
visage de plaques rougeâtres et disgracieuses que je m’acharnais à gratter
jusqu’au sang.
Quelques mois après, je reçus une lettre
de la jeune fille qui entretemps avait quitté l’entreprise dans laquelle je
travaillais avec de plus en plus d’assiduité. Elle m’apprenait son mariage
récent avec un boucher qui répondait au doux prénom de Lucien. Elle avait
joint une photo. Le jeune homme, robuste, au visage fleuri, posait en
tablier blanc devant une boutique surmontée d’une enseigne en lettres rouge
sang « Au cheval de Troyes ». Elle me remerciait de ne pas avoir
répondu à sa lettre. Mon silence, écrivait-elle, était une superbe preuve
d’amour à son égard. Elle aurait été déçue, ajoutait-elle,
d’obtenir une réponse qui n’aurait pu être que triviale et décevante.
Surtout venant de ma part ! Tandis que là, la beauté de cet amour
éphémère avait été préservée. Rien n’était venu entacher sa pureté
virginale. La jeune fille s’accusait aussi de légèreté, qu’il fallait
mettre sur le compte de son jeune âge, de son inexpérience amoureuse et
d’une brève folie passagère. Je l’avais troublée un court instant,
avouait-elle sans ambages. Ce n’était ni par mon physique, ni par mes
qualités d’homme. Seulement parce que j’avais des mains très sensuelles à
son goût. Mais ce trouble dans son cœur n’avait guère duré. Il avait même
totalement disparu au bout de quelques jours, sans qu’elle en éprouvât la
moindre souffrance. Elle terminait en formulant de façon naïve et touchante
des vœux de bonheur à mon encontre. « Aucun doute, écrivait-elle, vous
rencontrerez un jour la femme de votre vie. Il vous faut seulement faire
preuve d’un peu patience et d’obstination, voilà tout ! » Elle
s’accusait aussi de trop d’inconstance dans ses sentiments. « J’étais
à l’époque un petit pinson fragile, incapable de se poser sur une branche
et d’y rester. Le plus léger souffle de vent m’emportait au loin. Vous,
vous étiez plutôt un arbre bien enraciné dans le sol. Je n’aurais pas su
bâtir mon nid dans votre épaisse frondaison… À présent, je me sens prête
pour fonder un foyer avec mon beau Lucien. J’espère que nous aurons de
nombreux enfants ! » Malgré le lyrisme échevelé de ses phrases,
elle n’exprimait aucun regret particulier. Le ton de sa lettre était aussi
banal qu’un constat d’accident de la route. Mais pour finir sans doute sur
une note plus désinvolte, ou pour atténuer la froideur dont elle faisait
preuve à mon égard, elle m’embrassait sur le front d’une bise « de petite
mésange ». Elle semblait avoir un faible pour les métaphores avicoles.
Sa signature était suivie d’un petit cœur dessiné d’une main tremblante. À
l’intérieur, Éros, qui avait l’apparence d’un gnome difforme, à défaut d’être
un enfant joufflu, venait d’arracher du dit cœur la flèche brisée de
l’amour. Quelques gouttes de sang avaient jailli de la blessure. Des tâches
d’encre rouge éclaboussaient violemment tout le bas de la lettre.
©
François Teyssandier
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