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LECTURES – CHRONIQUES – ESSAIS Automne 2025 La revue Poésie/première
n° 92. Présentation par
Dominique Zinenberg |
À quelques jours de l’automne, la
revue Poésie/Première offre son 92ème numéro et le
consacre à la question « Qu’est-ce qu’un poème ? » ce qui pour
une revue uniquement tournée vers la poésie semble aller de soi. Plusieurs
articles de fond essaient de répondre à cette question sans réponse
définitive, bien entendu. Gérard Mottet suggère que les paradoxes qui
nourrissent la poésie s’allient « à la parole de cœur »,
à partir de laquelle la poésie surgit ou s’impose. Dans chacun des textes
proposés, que ce soit celui de Gérard Mottet, Jean-Louis Bernard, François-Marie Mourad, Pierre Thibaud ou le mien, les
critiques font appel à Baudelaire, à Valéry, à Aragon, à Philippe Jaccottet,
à René Char, à Rimbaud et à Octavio Paz pour tenter une approche fine qui
tienne compte des réflexions des poètes eux-mêmes. Chacun
mesure à quel point le poème tient du miracle puisqu’il joue du visible et de
l’invisible, se fait dans les interstices des mots et des silences, frôle des
mondes séparés, des mystères, le souffle, le feu – dont chaque poème est
« une étincelle » car comme le dit Pierre Gabriel sur la 4ème
de couverture : « Qu’est-ce qu’un poème, / sinon une
étincelle qui se souvient du feu ? » Peut-être
pourrait-on dire avec ceux qui ont pris la peine de réfléchir à l’énigme du
poème, qu’il est ébauche d’une traduction de ce qui est dans toutes les
dimensions de l’être : la concrétude comme l’abstraction, la sensualité
comme la conceptualisation, le sensible et le symbole, l’intime et le commun
etc… Rien n’est étranger au poème, mais tout en poésie est, comme l’a titré Joë Bousquet, « Traduit du silence ». En
prolongement à ce questionnement inachevé, j’ai écrit un article sur le
dernier recueil de Pierre Dhainaut Et
Pourtant, qui répond avec toute sa sensibilité à
« Qu’est-ce qu’un poème ? ». Des études sur Marc Alyn par Hugo Bouras-Vignal, sur Benjamin Fondane par Michel Herland ainsi que quatre copieux
articles écrits par Élisabeth Beyrie-Soulassol sur
tour à tour L’Anthologie 13,
éditions Bruno Doucey ; Comme
un oiseau de F. Margery ; Royaume,
royaume de L. Bur ; Au
cou de la grande horloge de I. Pinçon. La
réflexion poétique se prolonge par deux poèmes : l’un de Jacques
Clauzel ; l’autre de Luc Marsal. Valentina Chepiga,
traductrice, présente la poétesse Lilya Gazizova en
offrant la version russe et française d’un choix de ses poèmes et bien sûr
nous lirons avec plaisir les poèmes de « Moments poétiques »
représentés par Colette Gibelin, Hugo Bouras-Vignal, Yves Renaud ainsi que
« Poésie plurielle » qui permet de faire entendre 16 voix
différentes dont la plupart des poèmes traitent du thème central de ce numéro.
Muriel
Compère-Demarcy commente le Goût
de vivre de Pierre Perrin ; Rémi Madar nous
conduit en Inde avec Jejuri d’Arun Koltkar
en se fixant sur sa « Poétique du regard » qui passe de la vue, de
l’observation de ce qui est vu et de qui voit, à un aspect visionnaire,
transcendantal du regard. Quant à Jacqueline Persini,
elle consacre une étude à l’œuvre de Catherine Pont-Humbert intitulée Quand
les mots ne tiennent qu’à un fil. On découvre sept chapitres introduits
par trois mots chacun : Plis, pliages, pliures ; Fil, filage, filure ; Rame, ramage, ramure ; Tour, tournis,
tournure ; Rai, rayon, rayure ; Habits, habiter, habitus ;
Ailleurs, autres, lointains. Tout un programme gourmand à explorer. Pascal Mora relate une lecture de
poèmes à l’occasion d’un hommage à Jean-Claude Brialy
en un texte appelé « Poésie et musique ». Jacqueline Persini
s’entretient avec Martine Rigo-Sastre sous la
bannière « Tisser la beauté ». Sylvie Gier nous convie au
court-métrage Après. Ce nouveau numéro nous comble par
ses illustrations : Les plumes de Marc Bergère en 4ème de
couverture et une autre à l’intérieur de la revue ; un pastel de Laurent
Noël ; deux toiles de Ghislaine Lejard et deux de Marie Alloy. En tout 133 pages copieuses et
ouvertes sur la poésie sous tous ses angles. © Dominique Zinenberg |
Note de lecture de
Dominique Zinenberg
Francopolis – Automne 2025
Créé le 1er mars
2002