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LECTURES – CHRONIQUES – ESSAIS

Novembre-décembre 2023

 

 

Colette Klein : Après la fin du monde, nuages. Requiem.

Les Écrits du nord, Éditions Henry, 2023 (79 pages, 12 €)

 

Note de lecture par François Minod

 

 

 

 

 

C'est un cri que pousse Colette Klein dans son dernier recueil, un cri de révolte, d’indignation, de désespoir et d'amour aussi que lecteurs nous entendons, nous partageons.  La puissance du verbe, l'exigence d'aller sans complaisance au plus près d'elle même, de ses souvenirs, de ses convictions, de ses croyances de ses sentiments, de ses cris nous convoquent dans notre intimité, dans nos révoltes face à la barbarie des hommes travestis en fauves .

 

La conscience aiguë de notre finitude omni présente dans le recueil, nous renvoie à notre condition d'humains mortels. Les nuages qu'évoquent l'auteure portent les traces des êtres qu'elle a aimés.

 

L'écriture de Colette Klein, sans fard, va à l'essentiel et fait mouche chez le lecteur que je suis.

 

Alors, comme le dit Antoine Spire dans sa préface « Lisez ce livre ! Vous découvrirez le peuple de ceux qui habitent dans la tête de Colette Klein. Vous auriez pu faire partie de leurs amis et vous vous prendrez à rêver que Colette Klein vous embarque dans cette cohorte de ceux qui l'accompagnent aujourd'hui et demain jusqu'à la fin du monde. C'est ce qu'on peut vous souhaiter de mieux. »

 

Ci-dessous quelques extraits.

 

©François Minod

 

19 juillet 1995

Julien Delaunay

demi-frère de ma mère

 

 

Un orage éphémère a éclaté au moment où le vent dévorait

tes cendres.

Curieux prodige pour ceux qui ne croient pas

aux miracles.

 

Nous n'avons fait connaissance que très tard

quand le temps eut décousu les rivalités et les rancœurs

Quand les retrouvailles de nos familles

ont éclairé leur déclin.

 

Le souvenir des attentats qui ont suivi ta mort

reste soudé en moi

au souvenir de ce crématorium

nous n'étions que trois

à attendre que le feu ait fait son œuvre...

 

Mon père t'avait précédé de si peu

 

Et cette attente en plein désert

infuse encore la mémoire

ténue

de cette année macabre.

 

***

 

Vivre si près de l'obscur

que le cri

s'étouffe

dans son propre vertige

et qu'il n'est plus audible

sinon dans le gouffre.

 

Glisser avec lui, contre le mur.

 

Avec lui, demeurer

inarticulé.

 

***

 

Si l'Homme devenait humain

il pourrait marcher hors frontière,

poursuivre le soleil,

sans craindre les balles ni la torture.

 

Ouvrez les plaines !

 

Les barbelés écorchent,

déchirent le ciel,

interdisent même le passage,

mais ne protègent pas de la démence.

 

L'inconsistance du voyage

ne console ni de l'ombre

ni de la perte.

 

 

 

Colette Klein

Note de lecture de François Minod

Francopolis, novembre-décembre 2023

 

 

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