Isabelle Curteau
Isabelle
Courteau est une poétesse québécoise. Elle est l’autrice de six recueils de
poésie. Cofondatrice du Festival de poésie de Montréal, elle en a été pendant
22 ans la directrice générale et artistique.
Dans un
entretien de la revue Les voix de la poésie, Isabelle Courteau exprime
ce qu’est le travail du poète : « Je crois qu’une dimension
importante du travail est de cultiver un état d’être favorable à la poésie,
une certaine disponibilité intérieure. Ce qui anime ce travail ? Je
dirai une quête d’absolu et en même temps paradoxalement une présence à soi
et à l’autre qui se traduit dans le ressenti, le sens et les émotions. »
Dans son
dernier recueil, De chacun des jours, l’autrice dénonce au début de la
première section l’opulence artificielle, « celle qu’on jette aux
déshérités. // Ce monde nauséeux / appelle la mort ». De ce
monde où « La solitude s’étale partout où La recherche vaine
et l’attente creuse », la poète détourne son regard, et de la
fenêtre perçoit « ses milliers de petites feuilles / perlées
de pluie / couronne de paix ». Nous sommes conviés à partager
avec elle l’essentiel, la poésie : « Elle lance ses
fils, / telle l’araignée / tisse son nid / ou tel l’oiseau / accumulant
brindilles / petites mottes de terre / assemblées une à une / au
quotidien ».
L’émerveillement
devant la liberté d’être en communion avec la nature, d’accueillir les choses
toutes simples : « Quelques feuilles rouges tombées au sol /
puis un rameau tout à la cime d’un érable… » C’est tout cela que la
poète célèbre, avec en creux une mélodie mélancolique : « Une
journée grise / qui comme un chant triste / permet l’accord avec
soi-même ».
La voix épurée
de l’auteure, qui jamais n’impose son chant avec emphase, la musique de la
phrase, la profondeur de la pensée poétique, la capacité à trouver le mot
juste, touchent le lecteur que je suis.
©François Minod
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