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LECTURES – CHRONIQUES – ESSAIS

Hiver 2024

 

 

 

Note de lecture par François Minod :

 

Isabelle Courteau :

De chacun des jours.

Éditions Pleine lune, collection carrée, mars 2024 (72 p., 15 $)

 

***

 

Extraits du recueil

 

Une image contenant texte, capture d’écran, Caractère coloré

Description générée automatiquement

 Couverture : peinture de ©Françoise Sullivan

 

Isabelle Curteau

Isabelle Courteau est une poétesse québécoise. Elle est l’autrice de six recueils de poésie. Cofondatrice du Festival de poésie de Montréal, elle en a été pendant 22 ans la directrice générale et artistique.

Dans un entretien de la revue Les voix de la poésie, Isabelle Courteau exprime ce qu’est le travail du poète : « Je crois qu’une dimension importante du travail est de cultiver un état d’être favorable à la poésie, une certaine disponibilité intérieure. Ce qui anime ce travail ? Je dirai une quête d’absolu et en même temps paradoxalement une présence à soi et à l’autre qui se traduit dans le ressenti, le sens et les émotions. »

Dans son dernier recueil, De chacun des jours, l’autrice dénonce au début de la première section l’opulence artificielle, « celle qu’on jette aux déshérités. // Ce monde nauséeux / appelle la mort ». De ce monde où « La solitude s’étale partout où La recherche vaine et l’attente creuse », la poète détourne son regard, et de la fenêtre perçoit « ses milliers de petites feuilles / perlées de pluie / couronne de paix ». Nous sommes conviés à partager avec elle l’essentiel, la poésie : « Elle lance ses fils, / telle l’araignée / tisse son nid / ou tel l’oiseau / accumulant brindilles / petites mottes de terre / assemblées une à une / au quotidien ».

L’émerveillement devant la liberté d’être en communion avec la nature, d’accueillir les choses toutes simples : « Quelques feuilles rouges tombées au sol / puis un rameau tout à la cime d’un érable… » C’est tout cela que la poète célèbre, avec en creux une mélodie mélancolique : « Une journée grise / qui comme un chant triste / permet l’accord avec soi-même ».

La voix épurée de l’auteure, qui jamais n’impose son chant avec emphase, la musique de la phrase, la profondeur de la pensée poétique, la capacité à trouver le mot juste, touchent le lecteur que je suis. 

©François Minod

 

Extraits

 

Au plus fort de l’été,

tangible, la chaleur épuise

par son oblique lumière.

 

Tout près,

la verdure feutrée des arbres,

à travers des branches

le vol d’un oiseau follet.

 

Dans une confusion de souffles

une brise cajole l’épaule.

         *

Côté sud,

par la fenêtre ouverte du petit chalet,

c’est le ruisseau qui chante.

On imagine la tresse

liquide, miroitante

sur les pierres rondes

de la grosseur d’une main.

 

Voici la joie, ni cachée

ni trop offerte.

                *

Ces peines qui valent plus

que le bonheur.

San savoir

ce sont les plus belles larmes.

              *

Chaque mot relié au souffle.

Chacune des respirations et

des expirations valent

pour le lien qui se densifie

dans la parole,

ombres mêlées,

parole qui avance

puis revient

parole de l’autre.

         *

Nuages dans le vent de septembre

ciels désengorgés

visage nu

à la lumière nouvelle.

         *

Est-ce que nous passerons le cap d’espérance

pour toucher terre

plus concrètement

tout en gardant notre rêve ?

 

 

Note de lecture par François Minod

Francopolis, Hiver 2024

 

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