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LECTURE - CHRONIQUE
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papier ou électroniques, critiques, notes de lecture, et coup de cœur de
livres... |
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LECTURES – CHRONIQUES
– ESSAIS Hiver 2025 Bernard Grasset : Et le vent sur la terre des hommes (Éditions Henry,
coll. La Main aux poètes / La Rumeur libre, 48 p., 10 €) Par
Ghislaine Lejard |
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Si longtemps j’avais marché À travers la plaine des années Quand jaillirent les flèches d’espérance Ces vers ouvrent le recueil. Bernard Grasset est un poète marcheur,
un pèlerin des mots en quête de mystère. Comme il le disait déjà dans son
recueil Brise : « partir
s’arracher /… marcher ». Marcher, c’est se tenir au plus près de la
nature et des lieux, c’est s’inscrire dans un
espace- temps comme dans son autre recueil La Fontaine de Clairvent. En ce nouveau recueil, troisième
volet d’un triptyque de poèmes de voyage, le poète nous invite à cheminer
avec lui en Italie, en Allemagne, en Ecosse, des bords de Loire à la
Provence, des Vosges à la Bretagne… Ce recueil est un journal en poésie, un
condensé de ce que l’on rencontre en voyage : « Dans l’humilité du poème, le temps du voyage, ramène à
l’essentiel ». Voyager, c’est
s’exiler, ne pas être touriste, mais se faire messager
d’humanité : « Le poète
qui voyage en quête de l’aube cachée par l’agitation du quotidien, ressemble
plus à un pèlerin, messager d’humanité, qu’à un touriste, impatient de
mirages. » Comme pour Sylvain Tesson ou Arthur
Rimbaud, ce marcheur éternel aux semelles de vent, la marche est source
d’inspiration, de l’asphalte aux chemins de terre. La marche est un art, un
art que Henry D. Thomas porta haut : « Au cours de ma vie, je n’ai rencontré qu’une ou deux personnes
qui comprenaient l’art de la marche » (Marcher), un art que vit et
comprend Bernard Grasset. Si la marche est une constance dans
l’œuvre de Bernard Grasset, le vent l’est aussi comme l’indique le titre de
ce dernier recueil : Et le vent
sur la terre des hommes, titre qui fait écho au titre d’un autre de ses
recueils : Brise. Le vent
souffle de la poésie, de l’esprit poétique ; le vent messager
poétique : « Sur le chemin
des poètes sonne le vent. » On est frappé en lisant ces poèmes
par leur rythme, les phrases le plus souvent nominales correspondent
parfaitement au rythme de la marche et de la pensée qui l’accompagne. Une
pensée fragmentaire par petites touches impressionnistes, une pensée qu’éclaire
tout ce que le regard embrasse. Marcher, regarder, les sens en éveil
sentir le temps qui passe quand la pensée se vit au présent. En refermant le
recueil, nous vient cette expression de Lao Tseu : « Le
bonheur c’est le chemin ». |
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Poète, collagiste, critique, Ghislaine Lejard
est la bienvenue à Francopolis. Pour mieux la connaître, visiter son site, et lire/voir le groupage
qui lui est dédié dans Recours au poème (6
sept. 2025) : entretien, poèmes, chroniques de ses derniers livres. |
Note de lecture de Ghislaine Lejard
Francopolis – Hiver 2025
Créé le 1er mars
2002