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Coup de cœur : Archives

(2010-2017)

Une escale à la rubrique "Coup de cœur"
découvrir un poème qui nous a particulièrement touché
par sa qualité, son originalité, sa valeur

(un tableau de Bruno Aimetti)

 

Nous redonnons vie ici aux textes qui nous ont séduits,
que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.

***

Poèmes « Coup de Cœur » des membres du Comité

Mars-avril 2023

 

 

Karine Tuil, choix Dominique Zinenberg

François Teyssandier, choix Éliette Vialle

Mathieu Riboulet, choix François Minod

Mathias Énard, choix Mireille Diaz-Florian

Cathy Garcia Canalès, choix Dana Shishmanian

Miguel Ángel Real, choix Éric Chassefière

Abbé Pierre, choix Michel Ostertag

Sarah Godfroid, choix Gertrude Millaire

 

 

Karine Tuil

choix Dominique Zinenberg

 

SHIVA (1)

Je suis en deuil

(De notre amour / De Toi)

Je suis en deuil

(De ce qui n’existe pas (de ce qui n’a peut-être jamais existé))

J’ai recouvert tous les miroirs

De la maison

Que nous n’habitons pas

 

Je ne travaille plus

Je n’écris pas

Je ne porte pas de chaussures de cuir

Je n’ai pas de rapport sexuel

Je n’étudie pas

Je ne salue personne

Je ne souris pas

Je ne chante plus

Je n’écoute pas de musique

Je lis des psaumes

Et le Livre des Lamentations

En pensant à Toi

 

Ton amour a vécu

Son esprit m’habite

Tu es mon dibbouk

Va-t’en

Sors de ma tête

Mon cœur est affligé

 

Je récite le Kaddish de l’endeuillée

Je sanctifie le nom de l’Éternel

Je sanctifie Ton nom

Je sanctifie notre amour (perdu / éternel)

 

Que peut le Nom divin

Face à la perte

Qui consolera

Celui qui est en deuil de l’amour

Personne

Ainsi qu’il est dit : souviens-toi que cet amour est né poussière et qu’il retournera à la poussière

 

(1) Dans le judaïsme, le shiva est la période de deuil de sept jours, observée après les funérailles.

 

 

Extrait de Kaddish pour un amour,

Gallimard, 2023, 123 pages, 14 €.

 

 

François Teyssandier

choix Éliette Vialle

 

Poèmes courts

 

Personne

Ne peut

Bêcher la mer

 

Ni ratisser

Les vagues

 

***

 

Un parfum de lavande

Flotte dans l’air

 

Des abeilles butinent

Amoureusement le soleil

 

Tu goûtes sur ta langue

Le miel de tes mots

 

***

 

Tu n’attends plus

Qu’un peu de silence

 

Au bout de tes doigts

Qui écrivent ce poème

 

Comme un nuage furtif

Qui s’efface dans la mémoire du vent

 

***

 

Tu rêves

A ces femmes

 

Qui enveloppaient

Le soleil

 

De leurs draps

Amoureux

 

***

 

Recoudre

Tes mots

 

Avec un fil

De lune

 

Cicatriser

De ton souffle

 

Les blessures

Du soleil

 

***

 

Chaque mot

Est un œil

 

Qui engloutit

La lumière

 

Pour l’enfermer

Dans sa gangue

 

D’encre

Et de papier

 

***

 

Ciel d’hiver

Blanc d’ivoire

Linceul des mots

 

***

 

Tu as peint

En rouge le ciel

De tes rêves

 

Tu répondras

Par le silence

A l’appel de la terre

 

***

 

Tombe du soleil

Un éclat de silex

 

Qui aiguise le tranchant

Du silence sur ta langue

 

 

 

Mathieu Riboulet

choix François Minod

 

Vous êtes ici

 

Vous êtes ici. Du moins est-ce ce que prétendent les points rouges accolés sur les plans des villes affichés dans les rues, ou les plans des locaux accueillant du public, censés faciliter l'orientation des voyageurs. Vous êtes ici ?

Voire.

 

Vous êtes d'ici. C'est ce que claironnent les thuriféraires de la racine, les apôtres des sources, les chantres des origines, désireux d'assigner à un lieu l'orientation de ses habitants. Vous êtes ici ?

Voire.

 

Nous sommes ici. Nous sommes tous encore ici. À cette assertion-là nous pouvons accorder quelque crédit, ou la risquer, en étendard, pour donner un contour crédible à nos existences, fût-ce le temps d'une conversation retrouvée, et, pascaliens jusqu'au bout des ongles, vérifier un instant que « personne n'a d'assurance, hors la foi, s'il veille ou s'il dort. »

 

Vous êtes ici. C'est le titre d'un livre que je n'écrirai sans doute pas. Eh bien, soit ! Vous êtes ici, nous sommes ici, je suis ici. Et je peux même être d'ici sans que le monde s'enferre aux horizons étroits où on le tient parfois. Je suis ici, et dans la lumière, le vent, les pierres, le sable et les odeurs d'ici, je tiens le monde, le monde m'appartient, et tout voyage est inutile, toute étrangeté annulée de n'être rien que ma propre étrangeté. Le monde sans revers et sans gloire, mais le monde.

 

Extrait de Nous campons sur les rives,

Lagrasse, 7-11 août 2017,

Éditions Verdier, avril 2018

 

 

C'était à Lagrasse, du 7 au 11 aôut 2017, pendant le Banquet du livre. Mais de l'autre côté du pont : sous la halle, au cœur du village. Mathieu Riboulet s'y est placé « dans la lumière, le vent, les pierres, le sable et les odeurs d'ici ». Il a dit ces textes, pour entamer des conversations sur l'histoire, soit l'art et la manière de nouer, ensemble l'émotion de l'appartenance à la conscience du monde. Il a dit ces textes ; ils demeurent, les voici. Car la conversation s'est cruellement interrompue, elle continue pourtant, au creux des livres.

Mathieu Riboulet est décédé le 5 février 2018 des suites d'un cancer.

F. M.

 

Mathias Énard

choix Mireille Diaz-Florian

 

Faire concurrence à la mort

 

Beyrouth

 

J’ai allumé mon carnet mécanique

C’est le matin de Pâques

J’ai un livre à dix sous

Qui me raconte des histoires de fantômes

De marins d’Asie centrale

Mon ombre

Une légère toux

Et un peu d’argent emprunté

Si je m’endors à cette heure

je me réveillerai tôt demain matin

À Kashgar au milieu des fantômes

S’il y avait un autobus

J’irais par les collines, les sables et les montagnes de sel

Écoute, je sais que tu m’entends

C’est fête et tes mains se savent désirées

Et ta chevelure ma peau en exil

Est si loin

Que je sens plus les caresses du soir

Ni le printemps qui est là

Encore

Ces vieux départs

Ces parchemins

Ces variations sèches

Je ressasse de si vieux vers

Ils m’encouragent à partir

En cherche d’autres

Dans les jardins morts de Grenade

Au bord du Tigre

 

 

C’est fête

la dernière

rose est là, et

les amoureux

attendent.

 

 

Du Golfe

Épigraphe du bonheur

Beau métier

De vieux magnétophone

Voix mortes courant des palais de papier            

Où claquent des portes de cuir.

    

Je suis de retour à Damas

Qui sait

J’ai tant de mal à dire où je suis

Il y a peu de temps j’habitais une ruelle

Dans une ville de sel

Où l’on n’est nulle part

Entre Constantinople

Et Rhodes

J’habitais si bien ma ruelle

Que je croyais que Saint Christophe me parlait

Depuis la place des Deux Maures

Peut-être était-ce sa voix

Ce transport dans l’appel des bateaux

Ce voyage dans les accents des mouettes

Ce brouillard entre les îles

J’allais à la taverne du Hollandais

Et à d’autres comptoirs

(Toujours ces fantômes)

Mon meilleur ami était un livre d’histoire

Débordant de batailles en mer

La lagune passionnée écoutait toutes mes nuits

Le corps au repos, les doigts bien repliés

Avec parfois sous mon drap son épaule

Gemmes de sagesse

Vieux sorts et talismans

Colliers et étoffes

Livres vénérables et musiques secrètes.

 

Elle est repartie

Je suis toujours plus loin

Plus nombreux

Mes compagnons sont morts depuis huit cents ans

J’ai un luth en bois courbé

Dont je ne sais pas jouer. (…)

 

***

 

La dernière étoile

La pomme

Le narcisse

Derrière la brume

À y perdre le temps

Le temps ici, le temps là-bas

Les maisons que l’on quitte,

Les gens que l’on quitte,

Les langues qu’on ne parle plus que rarement

La taille des jours,

La vitesse des comètes,

La forme de la lune.

On récolte les livres que d’autres ont semés,

Pour lire plus tard,

Dimanche matin,

Un vieux matin

Ma calme maison,

Mon fauteuil,

À l’ancre un jour ou l’autre

J’entends une voix venue de loin

Calme en mer d’Irlande

Golfe de Gascogne force quatre

Forcissant cinq en soirée

Manche

Mer du Nord

Nord Bretagne

Finistère

Sud Bretagne

Jiyeh

Ramlet el-Baïda

Rawché

Calme en baie de Jounich

Calmes

Calmes

Calmes.

(…)

 

***

 

 

Matière de la Steppe

 

III

 

Le jour pèse aux navires à quai car ils aimaient partir bien

avant l’aube pêcher des éclairs dans les courants.

 

On fréquente des carènes et des écoutes, on croit fort au

parcours sans raideur des flots et des insolentes rayures méridiennes.

 

Élargir, agrandir des recoins de bras et des commissures

de lèvres balbutiant des couleurs, des âges de minutes sans

lendemains, de langues mortes et de stèles détruites.

 

Sur le brisant au centre de l’activité marine.

 

Les marins n’ont d’autres cartes que leur reflet dans l’eau.

 

Le vent de la fureur du vent. Accoster n’est qu’une solution

provisoire où on se trouve seul avec le prix, la coupe qu’on

remettra au vainqueur pour la largeur de ses voiles.

 

Son grand âge et son élégance entre les rochers, là où

parviennent peu d’avirons.

 

Sa stupeur d’embruns.

 

Pour rejoindre les trésors de jadis, les vignes de légende, les

monstres de proue font fuir les sauvages.

 

Combler l’océan, fendre l’écume pour la vaincre et enfin

reposer sur la grève.

 

Un soupir pour un livre sans pages, une vague sans mesure.

 

Un quatrain sans hauteur où peu d’oiseaux survivent.

 

***

 

 

Dernière communication à la société…

 

Alba

 

Il y a une accalmie dans l’aurore que tissent les souffles des

flocons.

 

     Distincts, invisibles,

             

              ouvrent un chemin dans la chair de l’aube

 

                       adios muneca, moriste

 

On entend les marteaux des forges

 

                       adios muneca, moriste

 

Compter sur leurs doigts

 

                       adios muneca, moriste

 

 

La fin de l’enfance

 

***

             

Doucement se déchirent les lèvres du vent.

Le bruit d’un livre qui s’ouvre font tes pas dans la neige

 

              Et je te vis comme une poésie au dos du cœur

     Malgré la vieillesse et le gel.

 

 

Extrait de Dernière communication à la Société proustienne de Barcelone.

Éditions Babel. 2019

 

Cathy Garcia Canalès

choix Dana Shishmanian

 

Nos petites centrales

 

J'ai le cœur qui s'affirme maintenant

qui rayonne sans filtre, elle tourne bien ma petite centrale

j'ai le cœur qui bat à son propre rythme

qui ne s'emballe plus

à trop vouloir s'accorder

avec les uns avec les autres

avec ce qu'ils disent et son contraire

j'ai le cœur cristal

et toutes les fêlures

sont des tatouages

dont l'histoire n'a plus d'importance

ou presque

 

je me suis baladée longtemps

avec les racines à l'air

à ne pas trop savoir quoi en faire

je les coupe elles repoussent

toutes aussi inutiles

chaque famille a sa spécialité

la mienne c'est la disparition

et le rejet d'organes

et j'ai cessé de vouloir y greffer

mon cœur

 

mon histoire n'a aucune importance

j'ai le cœur qui bat et il bat bien

c'est le mien

et son rythme est puissant

j'ai sculpté mes racines

j'en ai fait une œuvre d'art

comme l'on sculpte un arbre mort

 

mon histoire

je l'ai découpée en poèmes

qui n'ont aucune importance

ce sont juste des poèmes

des mots qui circulent

petits ruisseaux

grandes rivières

nos petits bateaux

nos petites histoires

ont rendez-vous

au grand océan

de lumière

 

c'est lui qui fait battre nos cœurs

tourner nos petites centrales

 

 

Extrait du recueil Le livre des sensations (2014-2022),

autoédition à tire d’ailes, février 2023 (voir dans les Annonces)

 

 

J’aimerais rajouter à ce beau poème, un texte plus pessimiste et d’une actualité criante, extrait du recueil Qué wonderful monde ! (éditions nouveaux délit, 2002), texte que l’autrice reproduit sur FB début avril cette année :

 

Que reste-t-il de l’espèce humaine ? Un troupeau hagard en déroute et quelques poignées de mâles alpha dégénérés, de femelles dominantes écervelées, bouffis de puissance factice ? La beauté des décors compense mal parfois l’absence d’amitié, le sens de la parole. Les personnes de cœur sont toujours trop loin ou trop tôt parties. La médiocre hypocrisie, cette paresse du sens me désole, me désosse. Soupe rance d’indifférence, assaisonnée d’ennui carabiné.

Où sont les exaltés, les enthousiastes, les vivants à cœur ouvert ? Où sont les vrais sages, les lumineux ? Solitude d’une société morte sous son vernis de vie artificielle. Solitude intense du cœur qui bat librement d’un tempo non corrompu.

Eau, vent, ciel, terre, où sont les loups, les douces bêtes ?

La peur, le doute depuis trop longtemps sont maîtres, mais vient le jour où l’élève sait compter le temps qui passe, le temps qu’il reste. Vers l’essentiel, la voie n’est pas toujours la plus directe. On ne voit pas le temps passer, c’est lui qui nous regarde passer.

Je lance un grain de sable dans les rouages lisses des consciences. J’invoque un prodige pour que ceux qui possèdent trop pensent à ceux qui n’ont rien, pour que les nouveaux pensent aux anciens, pour que les anciens pensent aux prochains.

Miracle ? Mirage ? Reflet d’un dieu quelconque quelque part qui n’adviendra jamais. Nous sommes seuls responsables.

 

Miguel Ángel Real

choix Éric Chassefière

 

Extraits de Les rébellions inutiles, Ed. Douro, 2022

 

Je n'aurai plus le courage de respirer à nouveau les vapeurs du soufre. Cela me ramènerait à ma jeunesse, aux erreurs que l'on commet par naïveté, parce qu'on ignore ce qui est inutile, par cette recherche de pureté que contredisent les odeurs d'un enfer imaginaire. Flammes bleues, fin de l'innocence : un nuage de trahison toxique.

 

*

 

Le temps passe plus vite si je ne te regarde pas. Si avec cette ligne de rouille sur le radiateur je redessine la mémoire de la maison. Si quand je tente de repeindre les murs je réécris chacun de nos dialogues avec le peu de chaux qui reste au fond de mon sac. Peu importent les brûlures : la douleur des phalanges est passagère car il n'y a plus d'espoir de cicatrices. Et il s'envole une poussière blanche dont la promesse corrosive m'importe plus que tes yeux.

 

*

 

Comment te rassurer si je ne sais pas devenir une constellation ? Peu m'importe qu'il s'agisse de créations aléatoires, des dessins d'amateur prétentieux, un délire d'aspirant à demiurge pris dans la peur d'une nuit imparfaite.

Jamais je ne pourrai être un nomade, et mon mysticisme n'obéit qu'à une volonté d'apparence, comme si je voulais adopter la texture d'un arc-en-ciel. Je regarde Orion et j'ai froid ; l'eau qui bout me répugne ; je crache contre l'obscurité avant même de sentir la brûlure dans ma bouche, et mes yeux ne retrouvent pas cette prétendue logique des étoiles qui pourrait m'amener vers toi.

 

*

 

Le monde qui change aime un type de vitesse qui n'est pas celle des graines dans la terre.

 

*

 

Un geste se place par-dessus les paroles, en dépit de tout apprentissage. Écrasé par la froideur du granit, par l'orgueil des clochers, je marche en silence pour retrouver d’autres définitions. Je sais, cependant, que celles-ci sont bâties sur un terrain meuble qui n'admet pas les certitudes.

 

***

 

Extraits de Le givre promis, Ed. Tarmac, à paraître en juin 2023

 

Le pinceau enferme une voix :

promesse du toucher qui se fend,

poignet qui trace la possibilité d'une parole,

message en va-et-vient toujours dans l'attente.

Refus du monde dans les lignes enchâssées

pour dépasser tous les miroirs :

création qui palpite dans les yeux qui s'attardent

sur le souffle d'une plante

pour bannir les bannières

et libérer les spectres de la distance.

Atteindre ainsi ceux qui savent

dédoubler leurs traits pour unir leurs destins.

Chaleur, échafaudage, échine

brisée de la patience et l'apparence.

Il suffit d'un geste pour bleuir une rose

qui seule, ne sait pas se détacher de sa corolle,

pour s'enraciner dans la joie qui s'éloigne

des définitions et du faux-jour des doctrines.

Pour balayer l'ambition des êtres monochromes

et rendre éternelle les fugacités végétales.

Faire sombrer les radeaux de racines

et espérer ensemble sur un jardin de palettes.

Alchimiste qui jamais ne dévoile ses mélanges :

alors le monde reste suspendu à ce hasard

que l'on soupire sur l'arc-en-ciel en devenir de la toile.

 

*

 

J’ai attendu les épis, les miroirs,

et les rails se sont brisés sous le poids de lumières médiocres.

J’ai attendu les paroles pleines

et je n’ai trouvé

que des papiers tâchés,

des fragments muets de moi même

épars

écrasés

sur un mur antique aux bas-reliefs perdus.

Une jungle incongrue

étouffe les soirées où la peur nous prend

la peur de nous prendre pour un autre

la peur qu’on nous prenne pour des bribes

d’homme.

Qui sait quel est le cap à suivre

pour réunir tous ces cumulus déchirés

et défendre les paroles.

De quel côté de la balance

nos lettres deviendront le lest

indispensable.

La lumière du verbe

n’est pas celle qu’on croit.

 

Abbé Pierre

choix Michel Ostertag

 

Je continuerai

 

Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir.

Je continuerai à aimer, même si les autres distillent la haine.

Je continuerai à construire, même si les autres détruisent.

Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre.

Je continuerai à illuminer, même au milieu de l’obscurité.

Je continuerai à semer, même si les autres piétinent la récolte.

Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent.

Et je dessinerai des sourires sur des visages en larmes.

Et j’apporterai le soulagement, quand on verra la douleur.

Et j’offrirai des motifs de joie là où il n’y a que tristesse.

J’inviterai à marcher celui qui a décidé de s’arrêter…

Et je tendrai les bras à ceux qui se sentent épuisés.

 

 

Sarah Godfroid

choix Gertrude Millaire

 

Le temps...

Tes pieds ne suivent plus tes pas

Passe le temps minuit s'en va

Tu perds ta force, tes amis

Il y a des jours où tout est gris...

 

Alors, tu tricotes l'histoire

Tu te souviens, ah ce miroir...

Et si, si seulement, mais,

Au dernier chapitre tu es

 

De mon côté, je peux te dire

Que tu gagnes en humilité

Tu as compris, tu as acquis

Les vraies valeurs de la vie

 

S'il est vrai que tu ne peux plus faire

Autant qu'avant, à ta manière,

Tu donnes à voir autre chose

Et ça, ce sont brassées de roses...

 

Tableau

De toi, je n’ai qu'une photo

Des paysages de souvenirs

Des champs emplis de coquelicots

Pétales aux tendres broderies

J'admire souvent le tableau

Je le respire, mieux je le vis

Comme il est doux

Comme il est beau

De nous savoir là réunis

De nous, je n’ai qu'une photo

Regards émus ivre de vie

Plus que nous et ce que nous sommes,

Plus que le monde qui se délie.

 

Textes postés sur Collectif Francopolis (FB, avril 2023)

 

 

 

Coups de cœur des membres :

 

Karine Tuil, choix Dominique Zinenberg

François Teyssandier, choix Éliette Vialle

Mathieu Riboulet, choix François Minod

Mathias Énard, choix Mireille Diaz-Florian

Cathy Garcia Canalès, choix Dana Shishmanian

Miguel Ángel Real, choix Éric Chassefière

Abbé Pierre, choix Michel Ostertag

Sarah Godfroid, choix Gertrude Millaire

 

 

Francopolis mars-avril 2023

 

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