Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

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GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture, ou tout simplement de gueuler en paroles... etc.

Mai-juin 2023

 

 

Libre parole à

Christian Boeswillwald :

 

« Penser reste la seule possibilité d’être libre … »

 

Confessions en poésie

 

(*)

 

Peut être une image de 1 personne et position debout

Caspar David Friedrich (1774-1840),

Le voyageur au-dessus de la mer de nuages (Der Wanderer über dem Nebelmeer, 1818)

 

 

Les Mots sont des îles

Sentiment étrange de voir le monde basculer et de n’y pouvoir rien faire… Ne jamais ignorer que l’impossible devient probable… Les guerres sont présentes pour nous rappeler notre finitude, elle est là en Ukraine, comme elle l’est en Syrie ou dans d’autres parties du monde, mais nous faisons comme si rien ne nous touchait… On se prémunit de manière factice des catastrophes à venir…

Pourtant, je suis toujours à l’aube d’un bonheur, malgré le temps des froids sous les soleils accablants et notre humanité qui se déchire sur presque tout…

Le hasard ne connaît rien de ce que pensent les hommes, et les hommes se servent de la nécessité de ce même hasard pour nous manipuler, mais l’Histoire ne repasse jamais les mêmes plats… Nous serons juste mangés différemment…

Vivre dans l’ombre tant la lumière artificielle du monde m’indispose, entre pandémies, escalades de propos alarmistes, dérèglement climatique, échos des guerres en cours ou à venir… Jeu de dupes ou jeu d’échecs entre Puissants… Moi j’ai choisi la nuit, le retirement, envisager la lumière des villes m’est insupportable tant elle ressemble aux hommes !! Je me laisse aller au silence en me glissant dans la peau des étoiles… Donner à voir les mots pour explorer le rêve… Entrer dans le secret de la création par l’écume des sentiments et l’intime des émotions… ou quelquefois rien de tout cela, juste les parfums des absinthes qui libèrent l’âme… Demain sera ce que nous voulons qu’il soit, et peu importe ce qu’on nous livre, l’essentiel est dans notre profonde solitude…

Je déjeune avec le vent pour ne pas mourir de vivre… Inventer le ciel bleu n’est pas à portée de tout le monde, c’est la puissance de l’écriture et du rêve… Le vrai est dans l’imaginaire… Rire me semble être possiblement le seul moyen de se sentir heureux…

Souvent, je crois que les plus belles idées sont celles que l’inconscient nous dicte, elles deviennent poèmes ou canons suivant la rage qui nous habite… Se dire qu’il n’est pire vie que celle qui n’est pas la sienne, car penser reste la seule possibilité d’être libre alors que Demain, nous n’aurons que des ciels noirs pour seul soleil…

Le silence n’est qu’une goutte d’âme, si peu l’apprécie dans ce monde de vitesse et de bruit… Et si nous nous donnions comme but simplement de réapprendre à vivre…

À l’origine, nous nous débattons, nous crions, et puis le poids de la solitude nous impose le silence, l’apaisement et le régal de la vie, alors Mourir, c’est peut-être juste redevenir quelqu’un, car la nuit est une cueilleuse d’étoiles, et nos rêves supposent la beauté d’un monde meilleur…

 

Paru dans la revue Les Amis de Thalie,

septembre 2022

 

 

Un bruit de pas

Un bruit de pas, un bruit de guerre,

Comme un flonflon de comédie,

Car tout est prêt, la panoplie

Est vert-de-gris et mensongère,

 

Rien ne sera du supposé

Que l’on nous vend à tire d’aile,

La peur est bien la plus fidèle

Lorsque l’on veut nous diviser,

 

Mieux vaut combattre que subir,

Quand nous aurons tout épuisé

Il sera temps de s’insurger

De dénoncer tous les mensonges,

 

Dernière chance de l’écrire

A l’encre noire et en sanglots

Sur les jours bleus car dans les mots

Les cauchemars ont goût des songes.

 

24 mai 2023

 

 

Si nous savions

Si nous savions l’âme des choses

de ce qui fait un quotidien

entre blessure et ecchymose,

 

si nous savions l’aube du vent

et du soleil qui appartient

à tous les rêves de l’Avant,

 

si nous savions… si nous savions,

mais nous ne savons Rien

et nous ne sommes Rien

 

qu’une boue sale, une alluvion

sur la dérive de l’Histoire

dans le volcan de Sa mémoire !

 

Alors le Temps viendra Demain

nous emporter dans les entrailles

de cette Terre où tout n’était

 

qu’élégance, éclat et Beauté

que nous avons avec nos mains

livrer à l’Or et la Mitraille !

 

10 avril 2023

 

 

Je vis toujours

Je vis toujours au fond de vos absences

avec un soleil noir dans l’océan

des mots écrits sur des tristes silences…

 

Devant mes yeux le monde se déchire

par ces nains au Pouvoir qui se croient des géants

à coups de haines nées de leur désir d’Empire !

 

Et nous nous abîmons l’âme et le cœur

à vouloir tout changer quand rien ne changera…

Alors rire de tout avec un air moqueur…

 

Se contenter de peu, d’un reste de poubelle

pour un petit en-cas que mon ami le Rat

m’aura laissé en guise d’ordinaire !

 

Prendre l’habit d’un Révolutionnaire

Ou bien d’un Communard pour dire à notre Roi

Combien bien avant Lui la Vie était plus belle !

 

Et puis battre en « Retraite » avec ce mot qui fâche

pour mourir au travail en n’ayant que le choix

de rêver de billot, de lames et de haches !

 

Je vis toujours au fond de vos absences

avec un soleil noir dans l’océan

des mots écrits sur des tristes silences…

 

26 mars 2023

 

 

Quelle importance à l’Homme

Quelle importance à l’Homme

à se vouloir le Roi

de tout cet univers !

 

Empereur d’une secte

où rien ne survivra,

même pas un insecte !

 

Et le temps d’éclater

le soleil en plein jour

réclamant d’ajouter

la Guerre et le Tambour

 

ses dirigeants pantins

qui se croient les plus grands

débiles margotins

aux mains d’autres puissants

 

nous laissent dans la fiente

épuisés de colère

comme une âme mendiante

demandant à la Terre

 

des paroles d’amour

et le calme du vent

que chacun tour à tour

puisse dire à l’encan

 

« Dis-leur que si je chante

c’est pour l’autre que j’aime

l’esclave ou la servante

et pour celui qui sème

 

les graines, la semence

d’un monde plus humain,

une fleur d’obligeance

à tenir en nos mains ! »

 

Quelle importance à l’Homme

à se vouloir le Roi

de tout cet univers !

 

Empereur d’une secte

où rien ne survivra,

même pas un insecte !

 

15 mars 2023

 

 

 

Écrire à la naissance du vent

Écrire à la naissance du vent

La douceur de l’oiseau sur la branche

Et le chant de l’enfance

Dans la nuit de l’Avant…

 

Parler aux étoiles qui s’éteignent

Du blanc des falaises de la mer

Et des voix qui s’imprègnent

Des silences d’hier,

 

De celles aujourd’hui

Effrayantes, mortelles,

Qui flânent dans les nuits

Laissant dans nos cervelles

 

Des ciels froids de moissons de blés morts

Nous griffant de guerres trop obscènes

Si distantes encore

Dans des parfums d’Ukraine…

 

Et rester sans Parole ni Verbe

Dans le flou d’un printemps

Solitaire et imberbe

Qu’assassine le Temps…

 

24 janvier 2023

 

 

Le monde est en panne des sens

Le monde est en panne des sens

Pour ses petits robots d’humains

Qui vont, viennent dans tous les sens

Cherchant en vain le bon chemin…

 

Traquant l’argent, l’or et le fuel

En de grands gestes sans barrière

Ils vont, viennent, fendant la foule

Pour être en haut dans la Lumière !

 

Pauvres qu’ils sont, alors que moi

Fourmi tranquille et solitaire

J’écris les mots et les pourquoi

De ce qu’ils font sur cette terre !

 

Qui a raison ? Je ne sais pas

Le noir dessein de cette Affaire,

Qui est l’Empreinte ou bien le Pas

Pour m’indiquer ce qu’il faut faire !

 

Roi du pétrole ou juste rien

Nos vies valent plus que l’Or

Noir et même que tous les biens

Car au final nous serons morts !!

 

15 oct. 2022

 

 

Attache ton regard

Attache ton regard aux couleurs de l’automne,

Ne pense plus à rien car le monde est en toi,

Dehors, il fait si froid et la guerre est gloutonne

Du plus petit soldat et bientôt de son Roi

 

Qu’il vaut mieux oublier que cette humanité

N’est bonne qu’à se battre, et qu’au fond de ton âme

Dans un rêve d’étoile idem à la Beauté

Tu peux suivre ta voie en ouvrant le sésame

 

Au champ de l’Invisible aveugle au rouge-sang,

Sourd aux bruits des canons, muet aux cris des ordres,

Juste ami du silence et du temps vieillissant

Car la Haine est l’enfant de la Miséricorde…

 

Alors touche le ciel de tes yeux quand le soir

S’incline à l’horizon au soleil qui se noie

Tu verras le velours de l’Univers trop noir

Flotter comme un drapeau plus léger que la soie…

 

9 oct. 2022

 

©Christian Boeswillwald

(poèmes inédits)

 

 

(*)

Être libre, rester humain, vivre en vérité, et aimer l’homme, sous la pression des propagandes, des violences et des mensonges des pouvoirs de tous bords, et sous l’imminence grandissante d’une escalade guerrière de fin de monde, voilà ce que le poète nous enseigne. Il est prophète – mais les sociétés emportées par des logiques de guerre n’ont jamais aimé les Cassandre ; il est ermite des montagnes – mais les gens embourbés dans les combats d’avoir et de pouvoir des grandes villes n’entendent pas son appel ; il est chanteur – mais les plaines desséchées et meurtries par la folie des hommes s’accommodent du silence des oiseaux morts. « Le monde est en panne des sens. »

Quand cette folie cessera – car tout a une fin – la voix du poète résonnera encore, et qu’importe le désert, la voie restera ouverte pour qui entend et répond.

(D.S.)

 

Christian Boeswillwald

Francopolis mai-juin 2023

Recherche : Dana Shishmanian

 

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