… alors que les bruits du monde, l’indéniable violence, les jeux
de force, le piétinement des êtres…, alors que ces convulsions, ces
affrontements ne portent pas à l’évocation de la grâce, comment, perçant ce
tumulte, ces révoltes, ces turbulences, évoquer la grâce, ce « je ne
sais quoi » écrivait Joachim du Bellay…
Sans doute, inlassables, sommes-nous en quête de ce qui…
éclipserait l’ordinaire
brutalité de ce monde
pour l’enchanter au-delà des séismes,
nous tenir debout dans ces déséquilibres,
éclairer nos errances et
nos espoirs,
baliser notre chemin de Petit Poucet
et consoler nos âmes.
Sans doute, confiants, espérons-nous…
le cadeau de quelques instants joyeux,
la candeur d’une fleur qui percerait le
bitume,
l’émeraude qui allumerait les
yeux des enfants,
le jaillissement d’une splendeur qui nous
chavirerait d’émotion
et ferait vibrer nos rêves.
Sans doute, sensibles, sommes-nous en attente …
d’une douceur qui bercerait nos cœurs
cabossés,
du charme d’un geste généreux et élégant,
d’une légèreté qui n’exclurait pas la
profondeur
mais ferait chanter les mots et les cœurs
et apaiserait notre besoin de consolation
et d’espoir.
Sans doute pourrions-nous, ainsi, mieux
résister…
au sombre poison du mépris,
pour protéger nos singularités et nos
différences,
pour sentir que nous sommes bien vivants
et que ceux que nous aimons
le sont également.
©Nicole Goujon
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