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PIEDS DES MOTS

Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre, un objet de la nature ou de l’art...

Le principe des Pieds des mots est de nous partager l'âme d'un lieu, réel ou imaginaire, où votre cœur est ancré...

 

Hiver 2025

 

Dominique Zinenberg :

 

Deux poèmes inédits

 

 

Il n’y a plus d’ordre du jour

il n’y a plus que du

 

                    GRABUGE

 

Étoilement du mot en éclats de voix,

                                                             en fissures,

 

                                                                              en éboulis

 

avec G comme gravats poussières et pollution

                                                                            falaise effondrée

 

avec R comme râle d’oiseaux, poissons asphyxiés, échoués sur les grèves : ravage sans

reste chantable, sans neige à chanter

 

avec le A d’agonie, ciel incendié, noirci, apocalyptique

 

avec ce B brutalité du bannissement, brutalité de la grande braderie, du super bazar des âmes en peine

puits de déchets, pluie de pesticide et de plastique

 

avec le U des ultras, des uraniums, des usures et usuriers usurpant terre-mer-forêt-sourire

 

avec le G de guerre qui claironne, caracole, bombarde,

 

sarabande amère, avec traînée de poudre, de haine, de saccage

 

avec le E d’épuisement, d’épave, épreuves, EXPLOSION

 

GRAVATS, RÂLE, AGONIE, BRUTALITÉ, ULTRAS, GUERRE, ÉPUISEMENT

 

                     C’est le triomphe

                     du grabuge

                     jusqu’à la lie

                     jusqu’au néant

 

 

***

 

 

Le rêve aura perdu son temps

dans la poussière des mots

 

L’aire musicale planera au-dessus,

lacunaire

 

Cœur rompu

giclant un sang

impatient

 

Musique

silence

loin si loin

 

Le jour

la nuit

cymbales folles

 

Soleils

qui croissent

encore

 

Orage

indigo

de la pression

 

Parcelle d’or

du vouloir

tendu comme un arc

 

Ailleurs,

dans la doublure

d’un nuage

 

dans le creux

de la houle

dans le cercle du cerne

 

des pantomimes

s’acheminent

et meurent

 

Les notes auront

déjoué

les sarcasmes

 

le tempo aura

parachevé

son règne

 

Visions éparses

de lumière

et de nuit

 

Vide

sans force

d’attraction

 

la cape du son

enfouira

l’arche

de nos sanglots

 

un ailleurs sourit

déjà

par-delà

la contrainte

des langues

 

et les voix

murmurantes

s’élèveront

dans une aura

de nacre.

 

 

© Dominique Zinenberg

 

 

 

Dominique Zinenberg

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