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Il n’y a plus d’ordre du jour
il n’y a plus que du
GRABUGE
Étoilement du mot en éclats de voix,
en fissures,
en éboulis
avec G comme gravats
poussières et pollution
falaise effondrée
avec R comme râle d’oiseaux,
poissons asphyxiés, échoués sur les grèves : ravage sans
reste chantable, sans neige à chanter
avec le A d’agonie, ciel
incendié, noirci, apocalyptique
avec ce B brutalité du bannissement,
brutalité de la grande braderie, du super bazar des âmes
en peine
puits de déchets, pluie de pesticide
et de plastique
avec le U des ultras, des uraniums,
des usures et usuriers usurpant terre-mer-forêt-sourire
avec le G de guerre qui
claironne, caracole, bombarde,
sarabande amère, avec traînée de
poudre, de haine, de saccage
avec le E d’épuisement, d’épave,
épreuves, EXPLOSION
GRAVATS, RÂLE, AGONIE, BRUTALITÉ,
ULTRAS, GUERRE, ÉPUISEMENT
C’est le triomphe
du grabuge
jusqu’à la lie
jusqu’au néant
***
Le rêve aura perdu son temps
dans la poussière des mots
L’aire musicale planera au-dessus,
lacunaire
Cœur rompu
giclant un sang
impatient
Musique
silence
loin si loin
Le jour
la nuit
cymbales folles
Soleils
qui croissent
encore
Orage
indigo
de la pression
Parcelle d’or
du vouloir
tendu comme un arc
Ailleurs,
dans la doublure
d’un nuage
dans le creux
de la houle
dans le cercle du cerne
des pantomimes
s’acheminent
et meurent
Les notes auront
déjoué
les sarcasmes
le tempo aura
parachevé
son règne
Visions éparses
de lumière
et de nuit
Vide
sans force
d’attraction
la cape du son
enfouira
l’arche
de nos sanglots
un ailleurs sourit
déjà
par-delà
la contrainte
des langues
et les voix
murmurantes
s’élèveront
dans une aura
de nacre.
© Dominique Zinenberg
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