Dans l’aura de son cercle
le cèdre cède
aux caprices safran
de la lune
Les premiers dahlias
Dans le vase bleu
Songent aux hirondelles
Les dahlias délient
les langues
feux d’artifice de septembre
Les noisetiers dans les fossés
se préparent
au sac sans merci
de l’écureuil
Rien n’empêchera
la révolution d’Octobre
des érables
Les arbres dénudés
de l’hiver
soupirent en vain après la neige.
Le sapin a pâli
Brusquement :
saupoudrage
de neige
Il n’a pas songé
à se plaindre
le sapin
revêtu de neige
Ce sont des guirlandes
de givre
et des ourlets de neige
qui font fête
au sapin si vert !
Les bouleaux blancs de Sibérie
ont encore dit non
à la guerre
De près
l’if
ne promet pas un si
La palette du peintre
froisse le cyprès noir
cierge mystique
vers le ciel
Les pâquerettes ont raison
d’aimer le gazon
et les boutons d’or
Dès avril
les arbres votent vert
à l’unanimité
Ruelles de Séville
en avril
et ce parfum dans l’air
d’orange amère
Cette branche fleurie
pour l’oiseau fou
un chant monte,
infini
Nulle lanterne bicolore
n’éclaire plus
le châtaignier tout vert
Et l’oiseau éperdu
chante
les feuilles tendres de l’arbre élu.
Les tulipes ont déjà
cet air un peu las
de fin de partie
Les jets d’eau du muguet
bruissent
d’un parfum doux
Comment oublier le lilas
son chant musqué
de flûte
ses rumeurs secrètes ?
Déjà la diva entre en scène
Le parterre applaudit
La pivoine pavoise.
La rose
attend son heure
en coulisses
L’étoile, la lune, le soleil
la préparent pour son entrée
royale et parfumée.
Les coquelicots des talus
défilent
comme un vent rouge
à vive allure
Les peupliers ont déplié
leurs ramages d’été
pour un concert
en ré mineur
Un champ laissé
aux coquelicots
tache rouge
qui rêve
Le champ de lin
frémit
bleu, gris et mauve
dans le vent
C’est un champ de lin
frôlé par le vent
palette parme irisée bleue
Les glycines
ont glissé
leur écharpe de rêve mauve
autour du cou de la maison
Elles ont serpenté,
sinué,
dansé,
ces glycines lascives
enroulant leur belle guirlande
au portail de fer
tout en laissant connaître
sans en avoir l’air
leur parfum de diablesse
au passant
envoûté.
Le vent approuve
les avoines, les graminées
qui chatouillent
nos mollets
L’allée des rois et des reines
chuchote un message
de soie
aux grands platanes
qui ombragent.
Les oliviers s’argentent
vers le soir
et soupirent un chant
andalou
Nous ferons de la guitare
près de l’olivier
avec la lune et son halo
© Dominique Zinenberg
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