Il
est d’un éclat sans pareil
D’un
avant-goût solaire
Si
vif si rond si fou
Un
cocon de senteurs
Jaune
et éblouissant
En myriades
de fleurs
C’est
l’enfance joyeuse
Qui
rit et fait des farces
Et
vibrant dans l’air frais
Leurs
billes lumineuses
Sont
de petits soleils
Pour
le ciel pâle et gris
Si
triste dans l’hiver
Parmi
les arbres noirs
Dans
le grand vase bleu
Rayonne
En
majesté
Le mimosa si doux
***
Revoilà
les jonquilles
en
bouquets
sur les trottoirs et les marchés
Taches
jaunes et vertes dans de grands seaux
Trois euros le
bouquet les deux pour cinq
Elles
sont le rêve avant-coureur du printemps
Plus
fidèles que les giboulées
Si
fraîches, si joyeuses et si bien ficelées
Ne
dégageant qu’un parfum d’herbe et vent
Petite
ritournelle de l’hiver finissant
Aux
pétales fragiles, aux espoirs modestes
Elles
sont un clair sourire pour nos matins
Gelés
Pour
les mains abîmées qui les tendent
Aux
passants

***
Sur
le rebord de la fenêtre
Il y
a des pensées
Elles
dansent
Dans
le vent
Elles
font des taches jaunes, orange, violettes
Elles
zigzaguent et serpentent
Impressionnistes
et folles
Elles
ont bu toute l’eau du ciel
Ont
lutté tout l’automne
Et
tout le long hiver
Elles
soulèvent de graves
Questions
Débattent
avec ferveur
Jusque
tard le soir
Jouent
avec le silence
Les
volutes et les ombres
Elles
sont fugitives pensées
Impertinentes
et profondes
Sur
le rebord de la fenêtre
Où
elles méditent
Au
firmament

***
La
jacinthe a percé
Cri
perçant
Rivalisant
avec la bise
Et
le pinson
La
jacinthe a crié
D’une
voix blanche
En
son grillage alvéolé
La
jacinthe a chanté
Un
blues bleu ou mauve
Se
délivrant
Du
labyrinthe et du secret
Elle
est pointue
Poivrée
Elle
est têtue
Et
pointe comme une ouvrière
La
jacinthe éperdue
Est
d’un rose érotique
Fougueuse
Capiteuse
On
se pâme pour elle
Puis
on l’oublie
Jusqu’à
l’année qui suit
***
J’aime
le camélia
Qu’il
soit rouge ou bien blanc
J’aime
le camélia
Aux
feuilles lisses et sombres
Il
est l’hiver, la bise, la neige
Et
les galas mondains
Par-delà
les grilles des parcs
Le
voilà qui prospère
Qu’il
vente ou grêle
Il
est épure et grâce
Je
le vois comme en rêve
Ornant
le col de Marcel Proust
Et
de brillants aristocrates
Et
si rouge parfois
Qu’il
se confond avec le sang
De
cette dame
Aux
camélias
Qui
meurt
Si
tristement
***
Vous
violettes dans l’ombre
Vous
violettes voilées
Cachées,
tapies, secrètes
De
velours habillées
Dans
les cheveux des veuves
Vous
vous tenez serrées
Légères
et parfumées
Endormies
convoitées
Immenses
cernes mauves
Reflétant
le chagrin
O
violettes d’amour
À la
Saint-Valentin
Et
séchées dans les pages
D’un
recueil oublié
Vous
violettes discrètes
Et
qui savez aimer
J’effleure
vos pétales
Et
l’hiver s’efface
Je
suis dans un sous-bois
Près
de vous en extase

© Dominique Zinenberg
Mars 2023
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