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Pieds des Mots : Archives

 

PIEDS DES MOTS

Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre, un objet de la nature ou de l’art...

Le principe des Pieds des mots est de nous partager l'âme d'un lieu, réel ou imaginaire, où votre cœur est ancré...

 

Novembre-Décembre 2022

 

Dominique Zinenberg :

Quelques frontières…

 

(trois poèmes inédits)

 

Une image contenant arbre, terrain, plante, extérieur

Description générée automatiquement

Photo de l’autrice

 

 

I

 

L’orée

L’horizon

La marge

La margelle

Et ce qui dort encore à l’aube

Paupières closes.

 

Les clôtures des prés

Les barbelés dans les têtes

Les barbelés dans les cœurs

Les barbelés qui séparent

Les murs qui divisent

Les échafaudages qui ravagent

Les seuils à ne pas franchir

Les limites à ne pas dépasser

Les frontières à défendre

Les frontières à ne pas envahir

 

Les frontières franchies qui sauvent

Les frontières-obstacles qui font barrage

 

Basculer dans les confins

Trouver l’orée qui protège

Sonder l’horizon qui recule

Écrire en marge de l’oubli

S’asseoir au bord de la margelle

Puiser l’eau, la vie, la sève

S’envelopper des franges

De l’éveil.

 

Échapper au linceul de la finitude

Avec à l’horizon le chant qui transcende

À l’orée le bruissement des feuilles

Aux confins le chant ressuscité des oiseaux

À la limite, le souffle de toutes les fleurs

Sur le fil ténu de la vie, la cicatrice de l’extase

La chaîne d’or de l’ultra son

Le pas du funambule affranchi de l’ornière

La ligne épurée de la crête

Le filament de la joie

Dans le regard d’un enfant

Les nuages et les vents se riant des frontières

Les traces d’une aura de langues mortes

Les trous noirs qui engendrent l’espace-temps

Jusqu’à délier tous les passages

Vers l’infini.

 

 

II

 

Les nuages et les vents se riant des frontières

Sont des passeurs professionnels.

Ils glissent dans les interstices,

Dans les rainures, dans les fêlures

Et jouent avec les franges des harpes.

On les croirait funambules, on les croirait passe-murailles

Et ils ne sont qu’oiseaux blessés.

 

On meurt de la défendre,

On meurt de la surprendre,

Elle est mythique et fantasmée

On la conquiert,

On la défend,

Elle est à portée de voix,

On l’enjambe,

Elle est là : on l’a tant désirée, chérie, rêvée

Elle se dérobe,

On refuse ce pas minuscule

Qui sauverait :

Des barbelés se dressent,

Des fils de fer,

Des crosses,

Des fusils

Comme on fait peur

Que de regards hostiles,

De visages fermés

Et l’on se dit que

Seuls

Les nuages et les vents se riant des frontières

Sont des passeurs professionnels.

 

 

III

 

De l’aube à l’aurore

Quel passage !

 

Du rire aux larmes

Quelle bascule !

 

Du pas au-deçà,

Au pas au-delà

Quelle mascarade !

 

Le fil ténu de la frontière

O fondrière !

 

La corde si menue

La transparence du ruisseau

Qui sépare

L’ailleurs de l’ici

 

Si fragile le souffle

Qui délimite

L’horizon

Abondant, débordant

Comme un amour.   

 

De la naissance à la mort

Quelle traversée !

 

De la nuit au jour

Une flèche perçant le rêve

Comme un abcès

Voilà la voie royale !

 

Et l’aura entourant

Nos silhouettes

Une armure de brume

Faisant lisière

Faisant caresse

Pour l’intime sacré.

 

 

© Dominique Zinenberg 

 

 

Dominique Zinenberg 

Francopolis, novembre-décembre 2022

 

 

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