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Pieds des Mots : Archives

 

PIEDS DES MOTS

Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre, un objet de la nature ou de l’art...

Le principe des Pieds des mots est de nous partager l'âme d'un lieu, réel ou imaginaire, où votre cœur est ancré...

 

Été 2024

 

Éric Chassefière :

« rester dans l’invisible du chemin».

 

Poèmes inédits

Une image contenant plein air, plante, sol, ciel

Description générée automatiquement

Photo Éric Chassefière

 

Poèmes inédits

 

 

En ces matins d’absence

il faut écouter le temps

pâle est le chemin

au lit de la rose

étroit le passage

multiple la nuit

prise au ciel de la sève

le jardin doucement s’éveille

qui n’est que de sons légers

de pensées à perdre

de pas à ouvrir

à l’inconnu de soi

une discrète pluie

quelque chose qui naît

une main qui se pose

la lèvre épelée d’un partage

d’un silence à recueillir

l’ombre jamais née

 

*

 

La pluie au matin sur le jardin

son discret crépitement au lit du sombre

c’est le chant de la nuit qu’on entend

la nuit est dans le dessin des branches

dans le puits de couleur de la fleur

il suffit de tendre la main

pour que la peau légère se dérobe

pour que la pluie cesse de tracer

tout tient à la distance de l’écoute

j’aime au matin fenêtre ouverte

écouter parler la nuit qui est en moi

nuit éternelle et douce du désir de rejoindre

la pluie je l’entends mieux de ma fenêtre

en retrait dans la pénombre qu’éclaire les rêves

surtout ne rien troubler du chant

rester dans l’invisible du chemin

un léger vent agite fleurs et arbres

il faut fermer les yeux pour en sentir le souffle

 

*

 

Venir au secret de la pluie écouter le temps

cette musique du temps qui court en moi

jouer de cet autre clavier

inscrire dans la résonance du lent prélude

toutes ces voix qui s’ouvrent à l’écoute

inlassablement sculpter embrasser de la main

façonner l’harmonie de ces mille chants d’ailleurs

composant le silence du jardin

que la pluie peu à peu affranchit de sa mémoire

sentir comme est neuve cette musique

née de l’écoute patiente

comme ici le temps renaît de chaque instant

chaque nouvelle voix silence sur du silence

entendre toutes ces voix ensemble

parler à la source de la voix

tracer toutes voix accordées

le temps dont nous deviendrons l’oubli

 

*

 

Je n’entendrai pas le temps

l’ombre ne prendra mémoire

au chemin nul seuil

la pluie seule

à l’infini d’écoute

la seule caresse de la pluie

le seul dessin du temps

jardin qui ne tient qu’à l’écoute

au chant né de la caresse

à l’écho pensée de la voix

jardin qu’il faut écouter

au retrait de la main

qui est étreinte

enlacement par le souffle

jardin sous la pluie légère

qu’on sent plus qu’on ne l’entend

fait écriture d’un savoir

une joie née au plus profond

qui sera chemin de vie

 

*

 

Il me faut écouter jusqu’au fond des mots

entendre comme ce qui parle dans les mots

c’est la voix la plus lointaine qui s’y cache

ici en ce jardin le chant de la tourterelle

dans l’infini de silence de ces arbres

le murmure de la pluie s’est tu

la page où écrire la vie n’est-elle ce jardin

est-il profondeur plus sensible que ces arbres

cette immobilité de tout après la pluie

est-il résonance plus délicate que ce chant

pour nous faire entendre le silence

nous en rendre palpable le subtil tissage

n’est-ce le silence qu’il faut écrire avec les mots

le silence que par les mots on doit éveiller

les mots il les faut discrets comme ce chant léger

le jardin ne bouge pas la tourterelle s’est tue

tout est silencieux la vie seule parle

 

 

©Éric Chassefière

 

 

Éric Chassefière

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