Poèmes inédits
En
ces matins d’absence
il
faut écouter le temps
pâle
est le chemin
au lit
de la rose
étroit
le passage
multiple
la nuit
prise
au ciel de la sève
le
jardin doucement s’éveille
qui
n’est que de sons légers
de
pensées à perdre
de pas
à ouvrir
à
l’inconnu de soi
une
discrète pluie
quelque
chose qui naît
une
main qui se pose
la
lèvre épelée d’un partage
d’un
silence à recueillir
l’ombre
jamais née
*
La
pluie au matin sur le jardin
son
discret crépitement au lit du sombre
c’est
le chant de la nuit qu’on entend
la
nuit est dans le dessin des branches
dans
le puits de couleur de la fleur
il
suffit de tendre la main
pour
que la peau légère se dérobe
pour
que la pluie cesse de tracer
tout
tient à la distance de l’écoute
j’aime
au matin fenêtre ouverte
écouter
parler la nuit qui est en moi
nuit
éternelle et douce du désir de rejoindre
la
pluie je l’entends mieux de ma fenêtre
en
retrait dans la pénombre qu’éclaire les rêves
surtout
ne rien troubler du chant
rester
dans l’invisible du chemin
un
léger vent agite fleurs et arbres
il
faut fermer les yeux pour en sentir le souffle
*
Venir
au secret de la pluie écouter le temps
cette
musique du temps qui court en moi
jouer
de cet autre clavier
inscrire
dans la résonance du lent prélude
toutes
ces voix qui s’ouvrent à l’écoute
inlassablement sculpter embrasser de la main
façonner
l’harmonie de ces mille chants d’ailleurs
composant le silence du jardin
que
la pluie peu à peu affranchit de sa mémoire
sentir
comme est neuve cette musique
née
de l’écoute patiente
comme
ici le temps renaît de chaque instant
chaque
nouvelle voix silence sur du silence
entendre
toutes ces voix ensemble
parler
à la source de la voix
tracer
toutes voix accordées
le
temps dont nous deviendrons l’oubli
*
Je
n’entendrai pas le temps
l’ombre
ne prendra mémoire
au
chemin nul seuil
la
pluie seule
à
l’infini d’écoute
la seule
caresse de la pluie
le
seul dessin du temps
jardin
qui ne tient qu’à l’écoute
au
chant né de la caresse
à
l’écho pensée de la voix
jardin
qu’il faut écouter
au
retrait de la main
qui
est étreinte
enlacement par le souffle
jardin
sous la pluie légère
qu’on
sent plus qu’on ne l’entend
fait
écriture d’un savoir
une
joie née au plus profond
qui
sera chemin de vie
*
Il
me faut écouter jusqu’au fond des mots
entendre
comme ce qui parle dans les mots
c’est
la voix la plus lointaine qui s’y cache
ici
en ce jardin le chant de la tourterelle
dans
l’infini de silence de ces arbres
où le
murmure de la pluie s’est tu
la
page où écrire la vie n’est-elle ce jardin
est-il
profondeur plus sensible que ces arbres
cette
immobilité de tout après la pluie
est-il
résonance plus délicate que ce chant
pour
nous faire entendre le silence
nous
en rendre palpable le subtil tissage
n’est-ce
le silence qu’il faut écrire avec les mots
le
silence que par les mots on doit éveiller
les
mots il les faut discrets comme ce chant léger
le
jardin ne bouge pas la tourterelle s’est tue
tout
est silencieux la vie seule parle
©Éric Chassefière
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