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Sais-tu, jeune ami,
Que près de chez moi,
Vit encore un vieux chêne ?
Il traîne sa peine
Au bord de la Laïta.
Dis-moi, vieux poète,
Pourquoi parles-tu de peine ?
Parce que le vieux chêne
Commence à avoir les pieds,
Heu ! Pardon, les racines
Dans l’eau.
Dis-moi, vieux poète,
Pourquoi dis-tu les racines dans l’eau ?
Parce que l’érosion des berges
Met une part croissante de ses racines,
Même les plus jeunes,
Dans l’eau,
À la fois l’eau douce de la rivière
Et à la fois l’eau salée de la marée,
Qui vient baigner ses pieds deux fois par jour.
Pourquoi dis-tu l’eau salée ?
Parce que la mer finit par tuer
Les plantes, donc les arbres,
Quand cette mer, chargée de sel,
Envahit les berges et les prairies.
Dis-moi, vieux poète, présumé adulte,
Pourquoi la mer monte-t-elle
De plus en plus ?
Jeune ami,
Tu sais bien que notre Terre se réchauffe,
Que les banquises, exposées,
Fondent et font monter le niveau
Des océans.
Oui, vieux poète, je le sais,
Mais que faire pour ton vieil arbre ?
Plus grand-chose pour lui,
Sauf renforcer la berge
Pour gagner du temps,
Mais beaucoup pour les autres.
Le vieux chêne a des cousins et des frères
Un peu en retrait, plus au sec.
Dis-moi, vieux poète,
Viens-en au fait :
Pourquoi me parles-tu de ce vieux chêne ?
Jeune ami,
Ce vieux chêne est souvent photographié
Et a reçu un prix de beauté
Il y a peu de temps.
Grâce à ce prix,
Des travaux seront entrepris sur la rive
Pour le protéger.
Dis-moi, vieux poète,
Tu dois être content.
Comment s’appelle ton vieil arbre ?
Jeune ami, voici son nom :
Le vieux chêne de Saint-Maurice.
©
Patrice Perron
Guidel,
novembre 2025
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