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Pieds des Mots : Actu 2010 - 2011

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LES PIEDS DES MOTS
         Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre...


NOVEMBRE 2011

PARANORMAL

par

Patricia Laranco



Dès l’instant où j’entrai dans la pièce, je fus assaillie par une impression extrêmement bizarre…comme si je sentais une résistance de l’air. Comme si j’avais tout à coup à lutter contre un bloc de silence presque aussi compact, aussi roide, aussi farouche que du granit.

Immédiatement, cette sensation désagréable de me forcer un passage avec effort, de nager contre la force d’un puissant courant contraire, m’oppressa.

Plus j’avançais à l’intérieur du périmètre de cette chambre laissée à l’abandon, plus une sorte d’étau se resserrait autour de mes tempes…

Mon cœur se mit à battre la chamade, ma tête à bourdonner ; dans le même temps l’idée que mes paumes se vidaient de leur sang s’imposa. Une pellicule poisseuse de sueur inonda mon corps, mon visage.

Je me sentais affreusement mal.

Mon estomac se souleva. Je ne fus pas loin de croire qu’on le tordait, qu’on l’essorait exactement comme s’il avait été une vieille serpillère.

Que se passait-il ? Allai-je vomir ?

Sous le choc (double choc : physique, psychique), je m’arrêtai au centre de cet espace.

A présent, tout le tour de mes globes oculaires me brûlait. Je dus mobiliser toutes mes forces pour contrer la certitude hallucinante que d’invisibles doigts tentaient sauvagement de m’arracher les yeux des orbites. Un instant, je fermai les paupières mais cela ne me soulagea aucunement, pour la bonne et simple raison que ces dernières me cuisaient.

Lorsque je les rouvris, j’étais à bout de forces et assise sur une chaise frêle, face à une coiffeuse tapissée de poussière grise. Au fond du plateau en marbre du vieux meuble, presque contre l’un des murs, un petit miroir ovale attira mon regard de façon irrésistible. L’y plongeant, je vis d’abord une vague forme qui dessinait les contours nébuleux d’un visage au centre duquel scintillait deux yeux étincelants, qui me transperçaient tels des lasers.

De suite après, contours et traits de la face se précisèrent : devant moi apparut un petit visage rond, crispé, de la taille d’un gros poing. Une physionomie à mi-chemin entre celle d’un être humain et d’un magot. Cette physionomie était bestiale, ricanante…répugnante.

Et puis ces minuscules yeux qui continuaient à scintiller !

Ils prirent bientôt l’aspect de têtes d’épingle, de pointes de mica…et ce fut, très vite, comme s’ils se muaient en vrilles qui m’entraient dans la tête !

C’était terrible : je les sentais forer la masse de ma cervelle. Des morceaux gélatineux, pâles en jaillissaient de tous côtés.

Je ne tardai guère, sous pareil assaut, à perdre connaissance.
 
Je ne sais combien de temps plus tard, à mon réveil, on m’apprit que j’avais bien failli me fracturer le crâne à force de me taper la tête contre la plaque de marbre qui servait de plateau à la veille coiffeuse.
J’avais la tête enveloppée dans une série de bandages dignes d’une momie.

J’essayai bien de leur donner ma version des faits, mais nul ne me crut. On se borna juste à me dire :
-ça ne nous étonne pas… avec cette vieille chambre ! Chaque fois que quelqu’un y pénètre, il se produit des choses de cet acabit. Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? On serait bien en peine de le dire. Elle rend fou, suicidaire et il vaut mieux qu’on n’y accède pas !
 
 

septembre 2011



Paranormal

par  Patricia Laranco

        pour Francopolis novembre 2011
rercherche Éliette Vialle

 

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Créé le 1er mars 2002- rubriques 2010