LE PONEY
Le poney que l’enfant avait dessiné sur la feuille de papier se
trouvait colorié d’une couleur qu’il n’aimait pas. Il trouva
dans le cartable de l’enfant un crayon d’une couleur qui lui plut. Il
s’en barbouilla le corps.
Quand l’enfant montra son dessin à la maîtresse il obtint
la meilleure note de la classe. Souvent les artistes peintres se font
dominer par leur sujet.
LE PORTRAIT
Ma mère, dans sa jeunesse avait été l’amie d’un
peintre. Ils étaient jeunes tous deux. Un magnifique dessin au
crayon qu’il lui avait offert avait été encadré
par ses soins. Ce dessin était un portrait de ma mère
à l’âge qu’elle avait quand elle fréquentait ce
peintre : c’est-à-dire vingt ans tout justes. Ce portrait, une
fois encadré, ma mère le plaça près de la
tête de son lit dans sa chambre. Toute ma jeunesse je le vis
à sa même place. Je ne sais pas pourquoi, mais un jour, je
ne vis plus ce tableau : ma mère l’avait remisé dans une
malle, c’est ce qu’elle me répondit quand je lui posai la
question. A la mort de ma mère, je fus obligé de mettre
de l’ordre dans toutes ses affaires. Je triais, classais, jetais et en
ouvrant une imposante malle, je retrouvais ce petit tableau, ce
portrait de ses vingt ans et quelle ne fut pas ma surprise de constater
que les traits de ma mère avaient vieilli, que la jeune femme
avait laissé la place à une dame d’un âge certain.
Le papier avait jauni et le visage avait suivi l’évolution des
ans. Comme j’étais fils unique, il ne me fut pas possible
d’avoir le secours d’un frère ou d’une sœur. Le mystère
pour moi resta entier. Je replaçais le tableau dans la malle et
celle-ci au grenier. Les années ont passé. Un jour, cet
été peut-être, je monterai au grenier et j’irai
voir l’état du portrait, s’il a continué à
vieillir ou, au contraire, s’est mis à rajeunir, qui sait !
LA CERISE SUR LE GÂTEAU
Au repas de Noël, le serveur a mangé la cerise sur le
gâteau. Aux yeux et à la barbe des clients. Personne ne
s’en était aperçu. Sauf le petit garçon qui s’est
mis à pleurer. On lui demanda pourquoi il pleurait. Il
répondit qu’il voulait la même cerise que celle du
gâteau de la table voisine. On appela le serveur qui jura qu’il
n’y avait jamais eu de cerise sur ce gâteau. Alors le petit
garçon prit la part du gâteau que sa mère venait de
lui donner et le lança à la figure du serveur.
On punit le petit garçon.
*ce texte est publié dans notre Spécial du Temps des Fêtes
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