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Coup de coeur : Archives 2010-2011

  Une escale à la rubrique "Coup de coeur"
poème qui nous a particulièrement touché par sa qualité, son originalité, sa valeur.



 
( un tableau de Bruno Aimetti)


À Francopolis,
la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés.
Elle héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en mouvement.
Nous redonnons vie ici  à vos textes qui nous ont séduit que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.


Poème Coup de Coeur du Comité

OCTOBRE  2013

Jacques Rolland
Serge Dion
Yann d'Angelo
Paul Newsla Biyong
Didier Manyach



JACQUES ROLLAND
M

Jacques Rolland, poète français publié dans diverses Revues, choix de Michel Ostertag
Puisque rien jamais n’est accompli
–plutôt interrompu–
qu’aucune preuve n’est établie, jamais,
que les traces même disparaissent à la fin,
puisqu’au soir venu
un voile obscurcit le chemin,
puisque le présent se ligue, le passé se fissure
–vaisselle fêlée, pages cornées, vieilles serrures–
quel sursaut d’avenir te pousse encore
à démêler les fils de l’intrigue ?

(Poème publié dans le n°13 Eté 2013 de la revue Les tas de mots.)


*
Présentation:
"Je vis à Villeurbanne près de Lyon. Des poèmes ont été publiés sous mon nom, ces dernières années, dans diverses revues (papier, en ligne) :Francopolis, Ecrits... Vains, Pleutil, La page Blanche, Comme en poésie, Les Cahiers de Poésie, Le Capital des Mots...
et anthologies : Poètes face à la vie (éditions de l'Athanor), Du souffle sous la Plume n°2, n°3, n°5, n°7 (éd. Les Joueurs d'Astres), Visages de poésie (Jacques Basse - anthologie n°5 - éd. Rafael de Surtis). " Publié chez Francopolis.





SERGE DION


Serge Dion, poète québécois, il nous parle de notre automne, choix de Gertrude Millaire

Automne en bref

le ciel frissonne en éclat de nuage grisonnant
les feuilles coulent comme une pluie jaune
les sentiers, on ne les reconnaît plus
ils n’ont rien de connu, entassés sous l’onde


marchant dans l’ombre déboisée
une forêt squelettique fait penser au cimetière
d’été déjà passé

le chêne verse ses glands comme une aumône
roseaux et broussailles se dressent en peur
devant l’hospice de l’hiver qui se construit
comme un nid d’oiseau ou d’écureuil

passent les jours comme une vieillesse certaine
au vermeil  de sa beauté multicolore
où peintres et musiciens racontent le vent
des années dures des souvenirs

cherchant dans  l’âge de ma mémoire
les chansons d’autrefois pour égayer
ce triste automne aux joues gonflées

songeant les bras hagards
au rêve blanc qui s’annonce à la fenêtre
je vois la bise déjà courante
à  la tombe ouverte de ma voix mourante.


(Tiré du recueil, « Mon pays a la chaleur et l’hiver tranquille, aux Éditions Asticou.enr. 1976 »)

Serge Dion, poète québécois de ma région, décédé en 2013, suite à une longue maladie... (depuis 1974, pas moins de 150 poèmes sont écrits. Il décortique ses pages et ses notes pour en faire un petit recueil... et c'est celui-là, le premier, qui est publié). Un peu plus sur cet auteur : Francopolis- Une Vie, un Poète.
,


YANN D'ANGELO


Yann d'Angelo, un maudit poète, aimant la poésie et la liberté, l'amour et l'arnarchie, choix Éliette Vialle

CE N'EST QUE ÇA MOURIR ? ...

Quand un jour par la vieille fenêtre
Tu la verras au loin disparaître,
Sans même une fois se retourner,
Ton coeur sera à tout jamais brisé,
Alors tu te tourneras vers le mur,
En te couchant sur le lit,
Appelant que le sommeil vienne,
Pour trouver l'oubli,
Tout en priant qu'elle te revienne,
Mais au fil des heures, seul dans le noir,
Tu comprendras qu'il n'y a plus d'espoir
Et que dans ta pauvre tête,
Déjà la folie te guette,
En souhaitant de ne plus souffrir,
Tu décideras qu'il faut mourir,
En prenant des médicaments sur la table,
Du poison pour en finir,
Puis tu t'allongeras comme sur du sable.
Tu verras la mer venir,
Et tu comprendras alors,
Ce n'est que cela la mort !

( Yann d'Angelo/juillet 2002-mars 2010
En juillet 2002, en écoutant LEONARD COHEN qui chantait "L'ETRANGER", j'ai écrit ce texte revisité aujoud'hui le 19-03-2012)
Poème tiré sur sa page Facebook. )


PAUL NEWSLA BIYONG

Paul Newsla Biyong, poète du Cameroun, choix Dana Shishmanian

LE VESTIBULE DE LA NUIT

Ce monde est lourd et mon séjour bien trop court pour
Couper le rein des rêves impurs là où l’amer arrose le penser muant
La rive droite est un quai cadavérique peuplé de corbeaux nécrophiles
La rive gauche poumon tuberculeux de l’espoir têtu où le poète s’enracine
Dans la fange, les pieds pris dans une morbidité mortelle
 

L’esprit éveillé s’échappe tout plié par les plaies générées par la nuit constrictrice
Dépouillé des charmes génésiques il maintient sa charge et creuse
Dans l’os de la fin des choses le sérum
Qui préserve l’humain d’une définitive disparition

 
Toutes les fibres de l’image divine célèbrent le vivre
Exceptée cette main en acier trempé que guide l’ego sur la trace du trône
Celle-ci œuvre zèlement pour l’avènement des enfers.

 (Poème inédit proposé à Francopolis)


LUMIÈRES DE NOS NUITS

Des rayons remuent les charniers
Le sang putrescent des dictatures approuvées
Bouillon larvaire trouvé dans sa funeste activité
L’odeur fouette et le silence s’empare des rues exsangues

Qui condamne l’audace des sodomites

Maîtres donnant à la faucheuse un ouvrage régulier
Se déroule un lourd tapis de nimbus dont l’ombre couvre l’horizon
Foyers tétaniques de part et d’autre de la grande ronde bleue
Percluse de douleurs
 

La vie est belle rassure pourtant une voie
 

Porte des bras vers la voûte noire mille fois percée
Cueillir des étoiles d’une atomique espérance
Mais dans cet azur nègre
Punaise

 Stations satellites et quasars simulent astres de la nuit.

(Extrait du site du poète)


L’UNIVERS PLOIE

Je te donnerai à lire
Ces vers voraces qui me rongent
De l’intérieur l’ossature
Toute forme de chair ils trouent
Et aspirent mon intellect chaque jour
Chaque nuit
Sans somnoler dans le vestibule de mon oubli
Je te donnerai à voir
Les carcasses faméliques des soupirs séchés
Les lendemains boucanés aux bâillements de l’échec
Le choc quand
L’âme de la rue est trucidée de génuflexions répétées devant le
Libre ceint
Les choses comme elles sonnent démasquant
Les dandys nantis se dédoublant en sanguinaires bandits
Aujourd’hui est le désert de l’acte bon alors
Mon  flot est deux mots
Sans être une rivière je rigole
De l’Est à l’Ouest je
Septentrionne un air méridional
Parce que la sécheresse spirituelle sahélise
L’univers ployé sous les volutes méphistophéliques des anges de la nuit.

(Extrait du site du poète)


***
Visiter son blog :
Paul Newsla Biyong

Publié chez Francopolis :

Vue de francophonie
Librairie des auteurs


DIDIER MANYACH


Didier Manyach poète, corps et âme mais aussi collagiste de talent., choix André Chenet

Extrait du "Bulletin athmosphérique n°1" intitulé "JANVIER"

Je ne suis qu'un impact, une formation chimique, une algue
bleue foulée par les varants de la mer, un corps provisoire.
Dépecé par les vocables
et scarifié d'alphabets indéchiffrables
je m'affuble de falbalas
et d'oripeaux d'épouvante
dans le théâtre des mots.
Si la mort mangeait mon visage j'éclaterais de rire
comme l'univers
qui agite ses sonnailles d'aurore boréale
et ses tambours de spasmes.
Dans l'attente je scrute le ciel
la formations de nouveaux climats
les occultations joviennes
avec une intuition :
les pauvres partiront les premiers
entourés d'une allée de lions
avec une valise de sang...
Voilà ce qu'il me reste de reptilien :
l'accès au décombres
aux secrets de formations nuageuses
à la fibrillation des eaux
aux passages des âmes.
Convulsions hydraugraphiques et stellaires
au pays d'avant-naître :
le champs radial des yeux se brise
sur les roches mentales.
La conscience se fige
dans les clôtures du corps :
S'incarner ou disparaître !

        Didier Manyach
        In "Bulletin athmosphérique n°1"
        Le Serpent vert éditions


Didier Manyach a participé à la plupart des revues de poésie entre 1977 et 1990, ainsi qu'à de nombreuses expositions de photographies et de colllages. Il a publié  7 recueils de poésie (répertoriés)

* LETTRE-COLLAGE DE DIDIER MANYACH



Coup de coeur
Gertrude Millaire, Michel Ostertag,
Éliette Vialle, Dana Shishmanian, André Chenet
Francopolis, octobre 2013

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