Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

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GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture, ou tout simplement de gueuler en paroles... etc.

Mars-Avril 2021

 

Libre parole à

Ara Alexandre Shishmanian

(*)

 

Graffiti de rue de Da Cruz (photo D. Shishmanian, 2012)

 

Le sang moins

 

Toute société moderne est un esclavagisme travesti.

Les virgules d’or donnent des cours à l’école de l’ambiguïté

la seule où l’on puisse apprendre la vérité

– quoique par correspondance –

les prestidigitateurs du désastre hypnotisent les attentions

les crocodiles de lave irradient les attentes

le noir renferme son anxiété dans la mélancolie

le signe moins nous porte au-dessus de l’éternel

oh ! le signe obscur nous emplit

de la certitude évanescente du déclin

 

En écrivant

nous versons le sang de l’ombre

nous versons le sang somnambule du fil négatif

en écrivant nous passons en deçà du miroir du zéro

– en-deçà du négatif photographique –

nous embrassons les fantômes subtils des nombres

les ailes du signe moins dessinent un vol négatif

où s’étendent en résorption les anges de l’infini

 

Nous passons ? – non ! je passe

mes paumes se couvrent de psaumes électriques

et des frissons parcourent mon corps

tels des courants marins

j’ai arraché le tigre de mon cœur

et je l’ai retrouvé océanique et bleu

j’ai vomi ma peau

et j’en suis ressorti

plus nu que les anges

j’ai pris mon cerveau dans mes mains comme une prière

et du cerveau a commencé à s’écouler

un sang de lettres

 

Je me suis collé au néant

j’y suis entré sans me perdre

et je l’ai trouvé plein de sourire telle une coupe enstatique

et je me suis retrouvé plein et vide

de moi

et de lui

 

 

 

(*)

Poèmes extraits du recueil Fenêtre avec esseulement, Éditions de l’Harmattan (collection Accent tonique), 2014 (voir une des chroniques de ce recueil sous la plume de Marilyne Bertoncini, sur Recours au poème, 30 juin 2016 ; visiter le site personnel de l’auteur).

 

Ara Alexandre Shishmanian

Francopolis – Mai-Juin 2021

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