Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

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GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture, ou tout simplement de gueuler en paroles... etc.

Mars-Avril 2021

 

Libre parole à

Nicole Hardouin

(*)

 

Graffiti de rue de Da Cruz (photo D. Shishmanian, 2012)

 

 

SCEAU DES CHAIRS

 

J’ai cassé le miroir de l’inenvisageable, l’amour saigne. Vos échos, liens feutrés, m’enserrent.

Le tabernacle s’ouvre pour quel calice ?

Partageons le pèlerinage de l’offrande. C’est le temps de l’élévation du désir, courbez votre nuque, voici venu le règne de la brûlure et non de l’effroi.

Je me tiens à la reliure entre ombre et transparence, là où les corps sont des géographies à explorer.

Je divague, et pourtant vous êtes mon évidence.

Vous le savez bien, il y a toujours un vent pour dériver, une crique pour apponter et une grève où se pose le goéland.

Je suis votre plage.

Nous braconnons l’ivresse. Coulez-vous dans mon ombre comme un rôdeur de brume. Vos yeux grésillent aux lueurs de mes nuées, nos corps sont des orages.

Regardez, la nuit est si profonde que la respiration des oiseaux est soupir d’étoiles.

Les fuseaux peuvent tourner la conjonction est réalisée.

Sceau des chairs.

 

 

***

 

CROIRE AU CHIMÈRES

 

Dans les métamorphoses dépravées du cauchemar, les sorcières boivent la salive des astres et la semence des pendus : source matricielle, source coupable.

C’est une nuit où brasillent les liturgies païennes, une nuit à tire d’ailes pour hibou égare.

Une nuit sans balise, sans foi, où se renversent les enluminures, où les peurs ancestrales se nourrissent aux fantasmes.

Le sabbat piétine, dresse ses tréteaux, sort ses chaudrons, jongle avec les roues du silence.

Soumis depuis longtemps à la loi de l’errance, les esprits nouent des alliances avec le charnel. Ils osent l’interdit.

Transgression.

Ouverts, les labyrinthes exhibent leurs dédales, Ariane rembobine ses fils de soie, les dieux ont faim.

S’engloutir dans l’illogisme rien qu’une fois, laisser délirer les ombres, croire aux chimères.

Accompagner l’enfant jongleur de libellules.

 

 

(*)

Poèmes extraits du recueil Prométhée, Nuits et Chimères, Éditions de l’Atlantique, 2011, préface de Michel Bénard (épuisé ; voir une des chroniques à ce recueil sous la plume de Jean-Paul Gavard-Perret dans Le Littéraire du 8 janvier 2013).

 

Nicole Hardouin

Francopolis – Mai-Juin 2021

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Créé le 1 mars 2002