Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

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GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

Mars-Avril 2021

 

Libre parole à

Patricia Laranco

 

Graffiti de Da Cruz (Paris 19ème - photo D. Shishmanian 2014)

 

 

[Poésie et Vérité…]

(*)

 

On le cherche tous : LE texte qui tarira le verbe.

LE texte qui dit tout et qui suggère le reste.

LE texte complet, ne demandant plus d'ajouts.

Le texte où tous les contraires se rejoindraient. Où se réuniraient aussi toutes les ressemblances.

Le texte-noyau, doté du compact ultime ; aussi dense, ramassé qu'une étoile à neutrons. Le texte-espace, élan qui embrasse l'infini.

Le texte-fleuve qui ne tiendrait qu'en un point. Ou en quelques points de suspension, à la rigueur.

Le texte absolu : qui contiendrait tous les textes, toutes les probabilités, tous les choix textuels.

LE texte en son non-dit et en son expression.

Le texte introverti et le texte mort-né. Le texte extraverti, oui mais zébré de fêlures. Le texte immatériel et le texte fantôme. Le texte avant, pendant et après son parcours.

Le texte en sa part d'abysses dessous la peau, comme en celle qui, le moment venu, la crèvera, la fracturera comme fait le monstre du film "Alien" pour s'élancer, entamer l'énorme mouvement d'engouffrement mimeur d'expansion sidérale.

CE texte-là. Nous le voulons. Pour en finir avec tout texte.

Pour colmater toutes les brèches qui se muent en appels à mots. Pour cesser, peut-être, de ressentir ce besoin de se compléter par des lignes d'encre. Pour cesser, peut-être, de courir après l'eau des puits qui ne sont, en fait, que des gouffres ?...

Toujours est-il que, si l'on accepte la plénitude de la vérité (dont on devrait admettre que nous la devons autant à nous-mêmes qu'aux autres/semblables), c'est CE texte qui est le mobile, le moteur (le Graal ?) de notre écriture ; de toute écriture en ce bas monde.

C'est LUI. C'est le texte-univers. C'est le texte dé-fi-ni-tif. Dont nul n'a la définition.

Que nous pressentons.

Quelque part. En nous.

 

©Patricia Laranco

(16 mars 2021, sur FB)

 

 

Même si la vérité est plus dure qu'un sentier de cailloux,

même si, quand on la regarde en face, elle nous pétrifie

comme une Gorgone, un soleil qui vous aveugle à son zénith,

je ne désire pas que la peur ait raison

de ma raison.

C'est en regardant bien en face les choses ainsi qu'elles sont,

ainsi que le recommande Dieu dans la Bhagavad-Gitâ

que j'ai projet de vieillir, d'atteindre le terme de mes jours

sans me soustraire à un atome, une plume de vérité ;

pour moi, la vérité n'est pas soustraction, mais addition,

je l'ai appris, et voilà qui ne fut

que pour me fortifier.

Même si je sais que la vraie vérité m'échappera toujours,

je dois, du moins, me fier à ce que j'en sais, ce que j'en perçois.

Le réel est pareil au taureau fonçant sur le matador

pas question de faire l'autruche, il me faut l'affronter tel quel

et à nu, peu importe qu'il ne fasse guère de cadeau.

Je ne me mentirai jamais

car le déni

est une fuite.

©Patricia Laranco

(11 mars 2021, sur FB)

 

Sous la peau des choses, le poète sent vibrer un réel invisible, plein de veinules, plein de nervures, plein de filons où courent sève, sang, lymphe. Il consacrera toute sa vie à tenter de l'exprimer, cahin-caha, en se servant de la langue qui, par hasard, lui a été donnée. Il en fera (s'il peut) une sorte de contournement oblique du visible. Sans cesse, il lancera, en quête de cette pulsation qui semble lui lancer des appels, ses sondes verbales. Et toujours, il sera dépité de son approche approximative. Il multipliera alors ses vaines prières au dieu du silence.

©Patricia Laranco (juin 2016)

 

(*)

Je me suis permise de regrouper sous ce titre ad-hoc ces textes de Patricia en la remerciant de son accord pour les faire partager via Francopolis.

 

Patricia Laranco

Francopolis – Mars-Avril 2021

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Créé le 1 mars 2002