Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un
visage. |
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GUEULE DE MOTS
Cette rubrique reprend un second souffle en 2014
pour laisser LIBRE PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler
de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la
poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner
son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture, ou tout
simplement de gueuler en paroles... etc. Septembre-octobre 2022 Libre parole à Yvan Gradis, diseur de poèmes : On n’arrête pas la Parole ! |
Bavure policière contre un diseur de
poèmes Yvan Gradis, correcteur
de métier, est aussi diseur bénévole de poèmes dans l’espace public parisien.
Depuis 2018, en nœud papillon et tout de noir vêtu l’hiver, ou de blanc l’été
(la couleur du chapeau melon suivant elle-même les saisons), il offre aux
passants le plaisir de choisir eux-mêmes dans son répertoire sans cesse
croissant : actuellement 142 poèmes, de 44 poètes de 6 siècles
(de Villon à Prévert, en passant par Racine et Rimbaud, et même Shakespeare,
Goethe et bien d’autres dans leurs langues, et même un poème en
polonais !). Un répertoire accumulé depuis plus de quarante ans, d’abord
pour lui-même, puis, le hasard aidant, pour le public, non seulement des
parcs et des rues, mais aussi des musées, des maisons de retraite et d’autres
institutions. Passionné par le partage de ce
patrimoine culturel, Yvan officie sans sonorisation : ses cordes vocales
et une bouteille d’eau suffisent à le faire tenir, debout, jusqu’à plus de
six heures d’affilée (son record !). En 2021, la mairie de Paris lui a
demandé de réciter L’Invitation au voyage sur la tombe de Baudelaire,
le jour des 200 ans du poète. La même année, en liaison avec la mairie
de Château-Thierry, il a offert un récital La Fontaine le jour des
400 ans du fabuliste. En juillet dernier, un lycée de Dresde lui a payé
le train et l’hébergement pour que des élèves allemands profitent de son
répertoire ; le même mois, un festival de cirque et poésie, en Vendée,
l’a invité, tous frais payés, pour le mêler à des numéros d’acrobate. Le 15 août 2022, Yvan avait
installé, pour la première fois, sur le parvis de Notre-Dame de Paris, son
modeste pupitre dont les passants s’approchent pour prendre la liste des
poèmes. Au bout d’une heure de récital dans une
ambiance idyllique, en plein Serpent qui danse de Baudelaire, intervention
de trois policiers qui interrompent la « cérémonie » : « Monsieur, ce parvis n’est pas la
voie publique, vous n’avez pas le droit de faire cela ici. » Malgré les protestations du diseur et
la frustration du public, la poésie doit plier bagage. Le soir même, Yvan adresse à tous les
amateurs de poésie de sa connaissance un projet de lettre à la maire de Paris
(Anne Hidalgo), pour raconter la bavure dont il vient d’être victime et
obtenir l’autorisation de réciter sur le parvis. Sa lettre est envoyée à la
maire dans les jours qui suivent, avec copie à plusieurs autorités
municipales ou intellectuelles, en même temps que les marques de soutien
qu’il a reçues de son entourage, y compris en provenance de Dresde… Yvan Gradis Pour consulter son répertoire multilingue : cliquez
ici. Pour le contacter : son courriel. |
On arrête maintenant même la Poésie dans les rues, et notamment
face à… Notre-Dame ? Peut-être se dit-on qu’ayant déjà
brûlé… elle peut supporter encore qu’on lui coupe la langue ! Cher Yvan,
nous attendons avec vous la réponse de la mairie de Paris : elle
pourrait au moins tenir compte du fait que vous donnez aux Parisiens l’exemple
de la « sobriété » énergétique, gratuite de surcroît, puisque vous
garantissez de chauffer leur cœur sans utiliser de l’énergie fossile ni
même nucléaire ! (D.S.) |
Yvan Gradis Francopolis
– Septembre-octobre 2022 Recherche
Dana Shishmanian |
Créé le 1 mars 2002