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Pieds des Mots : Archives

 

PIEDS DES MOTS

Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre, un objet de la nature ou de l’art...

Le principe des Pieds des mots est de nous partager l'âme d'un lieu, réel ou imaginaire, où votre cœur est ancré...

 

Septembre-octobre 2022

 

Paysages.

Poèmes inédits de Dominique Zinenberg

 

Une image contenant arbre, plante, passage, forêt

Description générée automatiquement

 

 

1

 

Un paysage ?

 

Fumerolles et cendres

 

                                Une rivière ?

 

Des pierres, des crevasses, un vide

 

                                            Une forêt ?

 

Biches mortes, arbres calcinés, fantômes noirs de suie

 

                                                         La mer ? L’océan ?

 

Algues vertes, méduses, détritus

 

                                                                   Les glaciers ?

 

Où ? Dans quel abîme tombés ? Neiges éternelles oubliées

 

                    Parois friables, éboulis

 

L’écho frissonne et cherche une grotte

 

Où respirer encore.

 

La canicule fait rage. Le ciel est indigo.

 

Nos yeux brûlent et nos lèvres gercent de soif.

 

Des fleurs ?

 

                         On dirait qu’elles n’entendent plus

 

Les feuilles ?

 

          Elles tombent au cœur de l’été

 

Y aura-t-il un automne ?

 

                           Pour tous les morts le glas retentit

 

Et à l’aube ?

 

                        Un merle chante 

 

 

 

2

 

 

J’ai soif.

J’ai chaud.

J’ai rêvé que je nageais.

Mais soudain

 

                       Cauchemar !

 

Je nageais dans des algues géantes et je tombai au fond

 

                         du lit de pierre,

Brisée.

 

Tout était devenu désert : sable, parois rêches, falaises friables.

 

À l’os le paysage : très blanc, très gris, très noir.

 

Tu reconnaîtrais un arbre ? Du vert qui bouge.

 

Connais pas !

 

Fossiles de poissons et d’insectes ?

 

Des graminées dans mes pensées, un murmure de moissons, de foin, de meules.

 

Le ciel avec des nuages blancs

 

Connais pas !

 

Tu disais ruisseau, rivière, tu disais fleuve n’est-ce pas ?

 

Un conte de fées pour endormir les enfants. Le sésame aux rêves.

 

Il était une fois un pré, une cascade, un champignon, des parterres de fleurs.

 

Connais pas !

 

 

 

 

3

 

 

Autrefois, ici, c’était un plan d’eau, tu sais ?

Je m’y baignais souvent. L’eau était douce.

On voyait au fond

De petits poissons.

Les enfants s’éclaboussaient, riaient.

 

Maintenant ce trou calcaire, ces cailloux et entre la rocaille

Des herbes,

Des arêtes fossilisées

 

                       l’écho des joies dans la poussière.

 

Autrefois, ici, on voyait un pré

Mousseux au printemps.

L’herbe y était tendre.

Les vaches y paissaient.

 

Et je me souviens

Soudain

Les papillons !

 

Au bord des chemins,

Des coquelicots,

Des herbes folles que le vent soulevait.

 

Et maintenant,

                     dans la poussière, le ricochet des rires, des pas

 

J’ai de la peine

sans marjolaine

sans mon panier

de fruits

sans les oiseaux

dans les buissons

sans les vignes

divines.

Et sans la pluie

qui laissait

des rigoles

 

                        la joie, la joie s’est envolée

                        viens, on s’isole.

 

 

©Dominique Zinenberg

 

 

 

Dominique Zinenberg

Francopolis, septembre-octobre 2022

 

 

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