1
Un
paysage ?
Fumerolles
et cendres
Une
rivière ?
Des
pierres, des crevasses, un vide
Une forêt ?
Biches
mortes, arbres calcinés, fantômes noirs de suie
La mer ? L’océan ?
Algues
vertes, méduses, détritus
Les glaciers ?
Où ?
Dans quel abîme tombés ? Neiges éternelles oubliées
Parois friables,
éboulis
L’écho
frissonne et cherche une grotte
Où
respirer encore.
La
canicule fait rage. Le ciel est indigo.
Nos
yeux brûlent et nos lèvres gercent de soif.
Des
fleurs ?
On dirait qu’elles
n’entendent plus
Les
feuilles ?
Elles tombent au cœur de l’été
Y aura-t-il
un automne ?
Pour tous les
morts le glas retentit
Et à
l’aube ?
Un merle
chante
2
J’ai
soif.
J’ai
chaud.
J’ai
rêvé que je nageais.
Mais
soudain
Cauchemar !
Je
nageais dans des algues géantes et je tombai au fond
du lit de pierre,
Brisée.
Tout
était devenu désert : sable, parois rêches, falaises friables.
À
l’os le paysage : très blanc, très gris, très noir.
Tu
reconnaîtrais un arbre ? Du vert qui bouge.
Connais
pas !
Fossiles
de poissons et d’insectes ?
Des
graminées dans mes pensées, un murmure de moissons, de foin, de meules.
Le
ciel avec des nuages blancs
Connais
pas !
Tu disais
ruisseau, rivière, tu disais fleuve n’est-ce pas ?
Un
conte de fées pour endormir les enfants. Le sésame aux rêves.
Il
était une fois un pré, une cascade, un champignon, des parterres de fleurs.
Connais
pas !
3
Autrefois,
ici, c’était un plan d’eau, tu sais ?
Je
m’y baignais souvent. L’eau était douce.
On
voyait au fond
De
petits poissons.
Les
enfants s’éclaboussaient, riaient.
Maintenant
ce trou calcaire, ces cailloux et entre la rocaille
Des
herbes,
Des
arêtes fossilisées
l’écho des joies
dans la poussière.
Autrefois,
ici, on voyait un pré
Mousseux
au printemps.
L’herbe
y était tendre.
Les
vaches y paissaient.
Et
je me souviens
Soudain
Les
papillons !
Au
bord des chemins,
Des
coquelicots,
Des
herbes folles que le vent soulevait.
Et
maintenant,
dans la poussière, le
ricochet des rires, des pas
J’ai
de la peine
sans
marjolaine
sans
mon panier
de
fruits
sans
les oiseaux
dans
les buissons
sans
les vignes
divines.
Et
sans la pluie
qui
laissait
des
rigoles
la joie, la joie
s’est envolée
viens, on s’isole.
©Dominique Zinenberg
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