Naguère,
naguère...
Naguère,
naguère... c'était hier ou peut-être avant-hier ou peut-être avant-avant-hier, je ne sais
plus très bien, c'est loin, c'est
naguère, et c'est bon de le dire et
le redire comme une prière que l'on murmure, comme la fumée de l'encensoir dans les
messes de ma jeunesse.
Naguère,
naguère... comme les secrets des enfants en culottes de peau dans les
chalets roses, là-bas, au pied des neiges éternelles.
Naguère,
naguère... comme une photo sépia prise à Guelma avec Dora, ma chienne
adorée.
Naguère,
naguère... comme le pain perdu de mon enfance dans ce pays, de l'autre côté
de la Méditerranée.
Naguère,
naguère... comme ce vent jaune du désert qui soufflait dans la Maouna.
Naguère,
naguère... comme la mouquère dans son voile noir qui venait une fois par
semaine pétrir la semoule de blé.
Naguère,
naguère... comme ces odeurs de thym, de lauriers et de crottins de bourricots.
Naguère,
naguère... avec tout ça qui reste enfoui dans la mémoire et qui attend le
moment opportun pour nous faire signe de son lointain.
©François
Minod
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