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Pieds des Mots : Archives

 

PIEDS DES MOTS

Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre, un objet de la nature ou de l’art...

Le principe des Pieds des mots est de nous partager l'âme d'un lieu, réel ou imaginaire, où votre cœur est ancré...

 

Mai-Juin 2022

 

Pluie.

Texte inédit de Mireille Diaz-Florian

 

Une image contenant arbre, extérieur, branche

Description générée automatiquement

Photo de l’auteure.

 

 

Pluie.

Exercice Pongien.

 

La pluie est d’abord un son, sans doute parce que ma chambre se situe sous un toit de zinc. Ainsi est-elle associée à la nuit. Lorsque je vais me coucher un soir de pluie, je ressens la même sensation que ce que l’on peut éprouver dans une salle de concert, avant l’entrée des musiciens. Une sorte de frémissement s’empare des spectateurs, auxquels on se sent totalement relié dans l’exacerbation de l’attente.

 

La pluie et la nuit restent étroitement associées. Il faut en effet une certaine dose de silence que propose la venue de la nuit urbaine, en même temps qu’une adhésion de tout le corps au bruit de la pluie. Aucun autre moment de la journée ne permet un semblable abandon. La pluie de jour trouble totalement l’écoute. Pire, elle agace en cela qu’elle perturbe toute action, dont celle d’ouvrir un parapluie n’est pas des moindres. De plus elle salit les carreaux !

 

Il pleut enfin ce soir. La nuit est dense. Je m’allonge, consciente que chacun de mes gestes, à cet instant, s’accorde. J’écoute. La pluie peut s’annoncer par un staccato discret sur le toit ou bien par le glissando sur les vitres. Elle obéit progressivement à toutes les nuances de l’orchestration, selon que le vent impulse un crescendo ou impose un pianissimo.

 

Cerner l’essence profonde de la pluie suppose de rester d’une extrême vigilance. La pluie, comme la nuit, exige de nous un état de conscience démultipliée. Comme on tente, à l’état de veille, de discerner dans la nuit, le glissement des ombres, de la même façon, il convient de distinguer dans la pluie, le caractère spectral de la musique. Ce moment où les harmoniques transcendent la perception pour nous égarer, non pas dans l’obscurité nocturne mais dans la lumière indécise et infinie.

 

Ne voudrait-on pas que la nuit et la pluie ordonnent le monde ? Sans aucun doute.

Nous disposons pour cela, les nuits de pluie, des moments précieux de l’insomnie.

 

©Mireille Diaz-Florian

Janvier 2021

 

 

Mireille Diaz-Florian

Francopolis, mai-juin 2022

 

 

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Créé le 1 mars 2002