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Le Salon de lecture Découverte
d'auteurs au hasard de nos rencontres |
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SALON DE LECTURE Hiver 2025 Bernard
Fournier « L'inspiration est
toujours une histoire de vie » (*) Dessin
de Valérie Honnart |
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ENTRETIEN(25
novembre – 1er décembre 2025) « …il
y a toujours une surprise au bout des mots… » Bernard,
les livres que j’ai de toi parlent tous de pierre, ou de pierres, comme
« Dits de la pierre », paru à La Feuille de thé en 2023, ou
« Vigiles des villages », publié dans Friches en 2020 et qui a eu
le prix Troubadour, et que nous venons de rééditer chez Encres Vives.
Pierre-mémoire, pierre-mère (« mères à la poitrine lasse, mère aux
hanches fécondes / mères muettes / bavardes »), et plus profond encore
pierre-univers dans ce recueil inédit que tu m’as fait lire, parlant d’une
météorite : d’où te vient cette passion pour les pierres, pour la
pierre, à la fois protectrice et régénératrice ? On sent une osmose, un
plaisir très intense à sculpter, « caresser » de mots, ces pierres
te reliant à la terre-mère. Est-ce bien cela ? Est-ce l’amour des
pierres qui t’a poussé vers l’écriture poétique ? … les pierres ; pas n'importe quelle
pierre, celles qui sont gravées, celles qui sont disposées, celles qui sont
regroupées. M'intéresse leur provenance. Issues de
la montagne, elles ont été extraites d'une carrière, on leur a donné cette
forme particulière. Il importe aussi de savoir où est située cette carrière.
Bien sûr, aussi, qui étaient ces hommes, cette tribu. Pourquoi avoir choisi cet endroit pour
les ériger. Tout cela est précisé dans Dits de la pierre. Ces pierres sont immobiles mais elles
ont vu passer beaucoup de monde. Elles sont une sorte de mémoire. Météore explore
une autre facette ; comment ces pierres sont-elles reliées au cosmos ?
Comment les recevons-nous ? Mais je ne me suis pas aperçu tout de suite
que Météore
provenait de la même inspiration. Pour moi, c'était avant tout le cosmos.
Mais maintenant qu'on m'y fait penser, je vais voir si je peux/ veux
l'amender dans le sens de la pierre. Mais mon écriture poétique n'est pas
née de la pierre. C'est une inspiration certes ancienne, mais ce n’est pas la
seule. J'écris aussi beaucoup sur mon pays
aveyronnais, ses vaches, ses paysages et sur les rivières, particulièrement
le Lot/ l'Olt. Mais il est évident que le thème des pierres est venu se
greffer largement sur ce terreau. Ma première inspiration vient de là :
l'Olt, l'Aveyron ; mais déjà je parle des pierres dès mon premier
livre Marches, voir
le texte en pièce jointe. C'est l'intérêt pour la préhistoire qui
me pousse vers les mégalithes. Il est fascinant de penser que ces peuplades
ont pensé à l'éternité avec ces pierres qui ont traversé le temps et qui
seront encore là après nous. Maintenant le rapport avec la mère
"aux hanches larges". Ma mère est morte en 2017 (93 ans) ;
mais elle ne sortait plus de chez elle et se laissait aller, elle attendait
de rejoindre mon père décédé en 2008 (87 ans). Elle n'avait qu’un simple
diplôme de coiffure, sans s'être jamais beaucoup cultivée ensuite. Lorsque je
l'interrogeais sur son passé, particulièrement sur son enfance, elle me
disait qu'elle ne se souvenait de rien et que, surtout, on ne posait pas de
questions à cette époque (c'est ce que me dit aussi sa sœur, aujourd'hui, qui
a eu 99 ans cet automne). Ces femmes viennent d'une ferme située dans un
hameau de trois autres fermes à vingt kilomètres d'une bourgade, autant dire
qu'elles sont enracinées dans leur terre où leurs aïeules ont aussi vécu. Ne
ressemblent-elles pas à des pierres elles aussi ? Elles sont une mémoire,
finalement pas tellement plus accessible que celle des pierres. Tu parles du pays aveyronnais, ton pays d’enfance,
qui est à la source de ton inspiration, mais tu n’y as jamais vraiment vécu,
ayant passé ta jeunesse en région parisienne, où tu es né d’ailleurs. Tu m’as
dit avoir très peu lu jusqu’à tes vingt ans, et que par ailleurs tes parents
n’ont pas cherché à t’éveiller à la culture en général, et à la culture
occitane en particulier, l’occitan étant pourtant leur langue. Ce lien au
pays d’enfance, à la terre-mère, est-ce pour l’enrichir, voire le restaurer,
que tu t’es mis dans la vingtaine à l’écriture poétique ? Une quête de
mémoire donc, une part de toi-même à (re)découvrir, la poésie comme pont vers
une origine ? Est-ce bien cela ? Je n'essaie en
aucun cas de restaurer quoi que ce soit. J'accepte l'état de fait. Je suis en
enfant d'exilés intérieurs. Je suis Parisien. Je ne suis pas
certain que je puisse vivre en Aveyron ; c'est un pays agréable en été, mais
le climat y est rude en hiver. Et puis j'y
serais sans doute vu comme un étranger vis-à-vis des habitants. En outre la vie
culturelle y est moins foisonnante qu'à Paris. Mais mon
attache à ce pays n'en est pas moins forte et réelle. J'ai besoin d'avoir mes
deux pieds reliés à cette glèbe-là. Sans doute à
cause de mes vacances d'enfant : un mois chaque été pendant quinze ans ; je
suis donc marqué par le paysage, par les animaux, par les travaux de la ferme
(on dirait qu'ils n'avaient pas beaucoup changé depuis l'avant-guerre). Et puis il y a
les gens. La première
personne est ma grand-mère paternelle, la seule aïeule que j'ai connue. Elle
me parlait français mais je l'entendais souvent en patois. Elle m'effrayait
un peu, et j'étais trop jeune pour parler avec elle ; je préférais aller
jouer dans les champs. Je ne voyais cette grand-mère que quelques jours
par an ; c'est court pour instaurer une relation. J'ai donc vécu
sans grand-parent. C’est-à-dire sans mémoire, sans lignée. Les autres
personnes, ce sont mes tantes, oncles et cousins (et parmi eux, ceux qui ont
repris la ferme paternelle) ; rudes travailleurs. Les tantes et oncles
parlaient encore patois mais pas les cousins. C'est une culture qui s'en va.
Cela me désole, mais qui puis-je ? Je n'ai pas même la force d'apprendre
cette langue qui fut pourtant celle de mes aïeux. Le principe de réalité est
plus fort que cette sorte de nostalgie. Ces personnes
me sont chères. Elles sont d'une grande humanité, d'une grande sensibilité. Deux anecdotes
: Un été, je
voyageais seul et remontais vers le hameau : je demande ce qui ferait plaisir
à mon oncle et on me dit : "Ah, vous êtes le fils à Ricou!"
(Mon père s'appelait Henri). Cette répartie m'a fait plaisir, c'était un
signe de reconnaissance. Je n'étais pas un étranger, un inconnu ; j'avais des
racines là. Un autre été,
mon oncle, d'un geste bref, me désigne l'étable et me dit : "ton père
est né là". Je n'ai pas eu la présence d'esprit de répondre quoi que ce
soit (cet oncle a passé cinq ans de captivité et s'est évadé quatre fois ; il
m'impressionnait). Ce n'est qu'après coup que j'ai réalisé : mon père
est né dans une étable le 25 décembre 1921. Mais que faire avec ça, sinon
plaisanter ? Il faut dire
que mon père a laissé là une belle mémoire au « pays ». Bon élève
de primaire, sa mère l'a voué à la prêtrise ; il a donc fait une année
préparatoire (très difficile pour cet enfant de 9 ans environ), chez un oncle
curé dans un pays très froid (le Lévezou), pour entrer au petit séminaire de
Rodez faire le collège et le lycée. Il a renoncé à devenir prêtre ; n'a pu
passer que la première partie du bac pour cause de guerre ; il est revenu à
la ferme pour faire vivre ses parents et ses trois sœurs (l'aînée étant déjà
dans un couvent). Il a beaucoup aimé cette vie et en a eu la nostalgie toute
sa vie. Il a ensuite été incorporé dans les Chantiers de jeunesse (souvenir
douloureux) avant d'être appelé dans l'armée d'occupation en Allemagne. On a donc
l'image d'un fort en thème qui sait bricoler et s'occuper d'une ferme.
Catholique pratiquant aussi. À la maison,
dans cette banlieue lointaine à l’époque, Aulnay-Sous-Bois, on ne le voyait
que peu : partait tôt, rentrait tard ; et le samedi il gérait l'hôtel hérité
de ma mère. Loisirs : Monopoly, pétanque et disques de chansons
"auvergnates" (je tiens à préciser que l’Auvergne n’inclut pas
l’Aveyron, qui est une région à part entière : le Rouergue). Du côté de ma
mère, c'est plus douloureux. Le hameau dont elle vient est pauvre, la maison
tient peu debout. Sa mère meurt des suites des couches de la dernière.
Restent quatre enfants dont trois filles. L'ainé n'a que 5 ans. Ma mère est
adoptée par un oncle maternel (sans enfant) qui tient un chantier de charbon
sur le canal Saint-Denis (il fera un peu fortune et achètera un hôtel). Ma
mère obtient un Cap en coiffure ; mais elle n'exercera jamais, mon père
souhaitant qu'elle reste à la maison (à son grand dam !). Elle aimait Paris,
mais s'est vue reléguée en banlieue pour cause de maladie de son père adoptif
; elle en a beaucoup souffert. Son frère, revenu à la ferme, meurt jeune,
laissant deux enfants en bas âge. La famille émigre à Rodez et la maison tombe
en ruines. Aujourd'hui, elle n'existe plus. Je n'évoque pas
cette histoire sans émotion et j'en parle souvent dans mes poèmes (les
pierres rouges, notamment). Et il y a bien des mystères que je ne parviens
pas à éclaircir. J'ai pu
interroger ma mère sur son histoire, mais elle n'était pas très loquace. À
mes "pourquoi" elle répondait souvent par des "on ne posait
pas de questions à cette époque". Ma tante, aujourd'hui, de même. Et
puis, le sentiment de la fatalité "c'était comme ça", que je ne
supporte pas beaucoup. Alors, mon
inspiration vient-elle de là ? Non, mon écriture est née de la chanson, la
facilité des Beatles et les textes de Brassens. Elle est aussi venue à cause
d’un oncle qui faisait des jeux de mots qui me fascinaient. Ce n'est qu'une
fois installé dans la vie professionnelle que le fonds aveyronnais est venu.
Il est venu parce que je revenais au "pays" visiter à mon tour les
anciens. (Je l'avais quitté pendant une dizaine d'années, happé par la
famille de mon épouse, les études et les voyages) La poésie est
une sorte d'autobiographie. Un attachement
très fort donc à cette terre familiale, qui te marque par son humanité, et
incarne par ailleurs une culture « qui s’en va », et que tout en
acceptant de la perdre, peut-être, tu cherches au fond de toi à retenir. Je
remarque que c’est avec un poème évoquant ce moment où ton oncle te désigne
l’étable où est né ton père que s’ouvre « Marches », ton premier
recueil publié, en l’occurrence à la Librairie Galerie Racine, il faut le
noter tardivement, alors que tu entres dans la cinquantaine. Tu publieras
ensuite « Marches II » et « Marches III » chez d’autres
éditeurs. Le thème des pierres, ainsi d’ailleurs que celui des rivières (en
premier lieu l’Olt -le Lot-), est déjà présent dans « Marches ».
Peux-tu nous en dire plus sur le sens - les sens ? – de ce mot
« Marches » utilisé pour titrer tes premiers recueils
publiés ? Parmi les marches, peut-être, celles des pierres, à partir
desquelles tu m’as dit ailleurs construire cette autobiographie que tu
évoques ? Peux-tu nous éclairer sur ces questions qui me paraissent
essentielles pour comprendre ton œuvre ? Quant au
titre Marches, il a un triple sens. D'abord la marche à pied ;
ensuite les degrés, les escaliers qui montent ou qui descendent ; et enfin,
les Marches au sens administratif, les confins régionaux. Cette dernière
acception m'est chère. J'aime, en effet, les frontières, qu'elles soient
naturelles ou artificielles, en ce qu'elles sont le signe très concret de
changements, géographique, politique, culturel, etc. Sans doute cette idée
vient-elle du Lot/ Olt. Ma grand-mère était née à Montarnal,
sur les bords du Lot, qui, à cet endroit est une triple frontière :
communale, départementale et régionale. Mais là, pour le coup, pas ou peu de
rupture de langue ou de culture, ni même de paysage. Mais frontière tout de
même avec le Cantal voisin et la région Auvergne. Sans doute y eut-il de la
contrebande sur les barques… Les
"marches" en tant que degré ; vu mon parcours, chaque étape fut une
marche, souvent difficile à gravir. Ce sont des marches au pluriel, car
chacune s'avance quand on vient de franchir la dernière. C'est dans le cas de
marche ascendante ; mais il y aussi l'acception descendante ; c'est mon
sentiment par rapport à mon père ; j'ai le vif sentiment d'être déclassé
socialement, intellectuellement, pécuniairement. Enfin, la
marche à pied. Avec mon père, nous faisions, de longues marches parfois. J'en
ai perdu le goût, qui m'est revenu avec un ami qui m'a initié aux chemins de
Grandes randonnées ; avec lui, je marchais tous les dimanches, entre 20 et 40
km autour de Paris. J'ai aussi aimé faire quelques randonnées en montagne.
J'ai participé deux fois à la course (marche à pied) Paris-Mantes : 52 km ;
la première parcourue en 7h30 ; la seconde j'ai abandonné pour rester avec
mon ami. J'aime la marche qui ne nécessite aucun équipement spécial, à part
de bonnes chaussures, et encore. Aujourd'hui je ne marche plus que dans
Paris, bien plus qu'à la campagne. C'est la nécessité de marcher qui m'a fait
demander l'Allemagne pour exercer mon service militaire ; j'ai en effet
participé à de nombreuses volkmarsch durant
cette année-là. Y a-t-il un
rapport entre les "marches" et les pierres ? Dans le premier sens
du mot, oui, puisque quand on marche on rencontre souvent des pierres, cairns
ou stèles ; mais aussi, les pierres du chemin (cf. Une pierre, en
chemin). La pierre est un socle à partir duquel on peut progresser,
s'élever. L'autobiographie
que j'évoque, c'est un peu au détour de la phrase. L'inspiration est toujours
une histoire de vie. J'ai parfois la tentation de passer à la prose pour
raconter ce que je sais de ma famille ; mais j'en sais tellement peu que j'y
renonce rapidement. La poésie est moins précise, mais plus évocatrice. Oui, j'ai
publié assez tard, par rapport à certains ; en 2005, j'avais 53 ans. Il faut
dire que j'écrivais des essais depuis 1996, mais là aussi, j'avais déjà plus
de quarante ans. Ceci s'explique par le retard pris dans ma jeunesse. Je
publie aussi peu. Depuis 2005, ce sont 10 livres de poèmes, un tous les deux
ans. Bien sûr entre deux il y a eu des essais et deux petits romans, mais ce
n'est pas pareil. Je ne cesse d'écrire. L'essai demande un temps long de
recherches ; le poème aussi a besoin du temps long, mais c'est parce que je
corrige tout le temps. Ainsi Météores a été commencé au début
2024, voilà presque deux ans. La publication est plus ou moins prévue pour
2026. Oui le geste du poète, comme celui du peintre, est celui de la vie. Et
vivre, cela se gagne, beaucoup de marches à gravir, de jours à rythmer de ses
pas, de mots à mûrir pour trouver sa place juste. C’est intéressant ce
parallèle entre les pas, les pierres, le poème, je pense que beaucoup de
poètes l’expriment plus ou moins consciemment. Et puis, il y a aussi chez toi
ce temps long de l’écriture, retenue et exigeante, à rapprocher peut-être du
rude et patient travail de la terre, tel que l’ont pratiqué tes ancêtres.
Mais parlons si tu veux bien de « Météore », de cette pierre que tu
tiens serrée dans ta paume, à la fois « mémoire d’un brasier » et
« brûlure froide / glacée des galaxies ». Et cette pierre en effet,
puisque tu m’as demandé mon avis de planétologue, a connu, à la fois le feu,
depuis l’étoile où est née sa matière jusqu’à l’atmosphère terrestre qui a
porté sa surface à incandescence, et l’infinie solitude des espaces glacés où
elle a voyagé pendant des milliards d’années. Une pierre dont le cosmochimiste,
par l’analyse de sa composition et de sa structure qui en sont la mémoire, va
pouvoir retracer non seulement son histoire, mais aussi celle des
environnements dont elle est issue, ou qu’elle a traversés, c’est-à-dire,
pour reprendre tes termes, du cosmos auquel elle est reliée. La pierre dans
ce cas, pour le scientifique, comme pour toi je pense, est mémoire du cosmos.
S’agit-il ici pour toi d’élargir ta terre d’origine au cosmos tout
entier ? Tu m’as parlé d’amender ton texte « dans le sens de la
pierre », que veux-tu dire exactement ? La pierre est quand
même très présente, très concrète, dans ce texte… Que manquerait-il ? Comme je l'ai dit, Météore vient de cette marque
d'amitié que m'a faite l'artiste Valérie Honnart.
Mais je n'ai pas tout de suite pensé à la pierre. L'idée qui s'est d'abord
imposée est celle du ciel, ce que disent les premiers vers. C'est pourquoi je
t'ai dit que j'amenderai mon texte vers la pierre, puisque, c'est vrai, il
s'agit d'une pierre et qui renferme des trésors de mémoire dans sa
composition et dans son histoire. A vrai dire, quand on me l'a fait d'abord
remarquer, j'en ai été étonné, mais vu que c'était juste. Je pensais aussi
dire quelque chose de la métaphysique. Mais là c'est peut-être plus
compliqué, plus délicat. Je vais voir, sujet à approfondir. On oublie (trop) facilement ses propres
textes ; ainsi j'avais oublié le premier poème de mon premier recueil, que tu
me rappelles ; ainsi je radote avec cette anecdote, qui ne cesse de
m'interroger, sans doute. C'est ainsi que, d'une manière différente, j'évoque
de nouveau dans Météore
cette naissance dans l'étable. C'est qu'elle m'obsède, me questionne. Dans l'écriture, il y a la question de
la redite, des obsessions dont on n'arrive pas - ou peu - à se défaire. Et
tout s'écroule de nouveau si on enlève cette pierre-là. Alors, pourquoi
continue-t-on ? C'est qu'il ne faut jamais s'arrêter de bâtir, de dire,
car il y a toujours une surprise au bout des mots. En effet, si on creuse le
sens au départ, et chez moi, en effet, ce creusement (à la manière de
Guillevic) est nécessaire et primordial ; l'effet de surprise ne l'est pas
moins. Au fur et à mesure que l'on écrit, qu'on suit telle idée ou tel mot,
il vient d'autres idées, d'autres mots qui nous emmènent là où on ne pensait
pas aller. Il y a parfois des surprises. C'est souvent un plaisir
d'explorateur. On peut alors choisir cette piste-là, ou la refuser, ou la
garder pour plus tard. Oui, l'écriture est une construction en
pierres ; le maçon choisit les pierres, les taille, les assemble, les lie
ensemble ; il jauge la verticalité du mur, sa force, sa solidité. Comme tu le vois, l'écriture est un
exercice de longue haleine, qui se fait par couches successives ; c'est vrai,
à l'image de la peinture (que je commence à pratiquer). Repentirs,
corrections, élagage, retours, etc. L'écriture peut aussi être lapidaire.
C'est-à-dire que le poème pourrait être gravé. D'où la concision parfois
(mais parfois aussi j'aime les longues laisses à la Pierre Oster, Saint-John Perse ou – moins - Claudel). Avec Météores, je me rapproche - sans
l'avoir voulu - des "quanta" de Guillevic. C'est le(s) premier(s)
vers (donné(s) des Dieux, disait Valéry), qui dicte(nt) l'ensemble. Dès l'abord, le rythme s'installe, puis
il faut mettre du sens, qu'on ne cesse de creuser, tout en gardant cette
ébauche de rythme. J'accorde une grande importance au
rythme, d'où les anaphores et autres effets sonores, etc. Mais surtout, le
rythme du vers, même s'il est court comme ici. Alors le vers doit
"sonner" avec le précédent et le suivant. Le vers dans « Météore » est en effet très bref, à la façon de
Guillevic, la strophe elle-même comportant rarement plus de trois ou quatre
vers, le plus souvent deux ou trois. Tu dis ne pas avoir recherché cette
proximité avec Guillevic, et on comprend en effet que vous vous êtes rejoints
naturellement de par votre posture commune de graveur de pierre, faisant
sonner mots et silences sous le marteau. C’est la pierre elle-même que tu
fais parler, la pierre que tu fais parler du ciel, la pierre qui est ciel dans
sa dureté et sa fragmentabilité : « dans
ma paume / le ciel // un morceau / de ciel ». Ta thèse de doctorat a
porté je crois sur la poésie de Guillevic, que tu as par ailleurs bien connu,
et qui t’a introduit dans le monde littéraire. Et cela m’amène à ma dernière
question, car tu as dans la sphère littéraire occupé plusieurs postes de
responsabilité. Tu es notamment Secrétaire Général de l’Académie Mallarmé
(dont la reconstitution de son histoire t'a pris dix ans de ta vie),
Président de l'Association des Amis de Jacques Audiberti, et Président du
Cercle Aliénor, fonctions que tu as assurées à côté de tes activités
d’enseignant dans l’Éducation Nationale. D’où t’est venue cette volonté de
t’impliquer dans la vie du monde littéraire, dont par ailleurs tu as vécu
coupé durant toute ta jeunesse ? Comment cette implication se
conjugue-t-elle avec ta pratique de l’écriture ? Pourrais-tu concevoir
l’une sans l’autre ? Comment en
suis-je arrivé à ces fonctions ? Je n'ai rien
demandé, cela s'est fait tout seul. Guillevic m'a
introduit auprès d'une revue Les Saisons du poème où travaillait
déjà Jean-Paul Giraux, qui m'a invité au Mercredi du poète, ancienne
formule ; Monique Aquaviva et Monique
Labidoire y officiaient et ils ont inventé une nouvelle formule. Ils m'ont
intégré à leur équipe dont j'ai pris la direction quand ils s'en sont
éloignés. Je suis d'un naturel fidèle et j'aimais ces rencontres avec les
amateurs de poésie. 170 poètes y ont été présentés. J'y travaillais aussi
beaucoup pour présenter les (13) poètes de mon choix. J'y avais introduit la
présentation d'une revue par an, au mois de juin. Ces rencontres, qui
commençaient à s'essouffler, n'ont pas survécu au Covid. Dans le même
temps, j'étais fidèle au Cercle Aliénor où j'ai suivi Danièle Corre. Maurice Lestieux nous a proposé à Sylvestre et à moi une
présentation croisée. J'y ai travaillé sérieusement. Danièle a succédé à
Maurice Lestieux pendant deux ans, pour laisser la
place à Béatrice Marchal qui, au bout de dix ans, m'a demandé de poser ma
candidature. Là aussi, j'ai présenté un certain nombre de poètes, de
réflexion sur la poésie. Et puis, on pensait que j'avais un bon carnet d'adresses
grâce au Mercredi du poète. Pour l'Académie
Mallarmé, c'est bien sûr mon travail sur son histoire qui a décidé Georges
Emmanuel Clancier, dont je suis devenu proche grâce à Danièle, à proposer ma
candidature. J’y côtoie des personnalités intéressantes En ce qui
concerne Audiberti, c'est ma première épouse, Josiane, qui s'est investie
dans cette association pour soutenir sa thèse. Je l'ai accompagnée, comme
elle m’accompagnait aussi au Mercredi du poète. J'ai tenu la trésorerie. Nous
étions amis avec le président Claude Lehmann ; à sa mort, la famille
Audiberti s'est tournée vers moi, et j'ai finalement accepté, me promettant
de travailler pour m'en rendre digne. Ce que j'ai fait : deux livres et un
colloque. C'est une petite association comme il en existe beaucoup, qui
vivote en voyant ses plus anciens partir sans être remplacés par des jeunes. Il ne faudra
pas oublier les revues. J’ai récemment démissionné d’une revue pour laquelle
j’ai beaucoup travaillé ; tant dans l'élaboration des sommaires, que des
notes, études et articles, que d'un point de vue matériel : envois et
permanences aux Salon de la revue et au Marché de la poésie. Il y a eu aussi
le journal Aujourd'hui poème où Marc Alyn
(qui vient de nous quitter ; je le considère comme un des plus grands du
XXI° siècle) m'a invité ; j'y ai d'abord publié des notes de lectures puis
des recensions de revues. J'ai aussi tenu la rubrique théâtre. Tout cela m'a
demandé beaucoup de travail, mais ce sont de bons moments de réflexions et
aussi de rencontres. Durant la
maladie de Josiane, j'ai parfois manqué l'un ou l'autre de ces rendez-vous. Il faut dire
que nous venions en voiture depuis Noailles dans l'Oise. Les chefs
d'établissement ont toujours été conciliants avec nos activités (le peu
qu'ils pouvaient en connaître) puisque parallèlement nous écrivions nos
thèses. C'est ce qui m'a permis d'être proposé sur la liste d'aptitude au
titre d'agrégé. Seulement, les collègues ne s'intéressaient pas à la poésie.
J'ai mentionné chacun de mes livres, mais il n'y a pas eu de retour. Un jour
un chef d'établissement (que je connaissais par ailleurs) a été étonné :
"ah ! tu produis aussi !!!" Mais il n'a rien lu pour autant ! Mon
enseignement n'a pu que bénéficier de mes liens et de mes travaux parisiens ;
l'esprit en alerte, toujours en écriture et en découverte dont je faisais
profiter mes élèves. Avec eux j'ai
écrit une biographie d'Anna de Noailles (non publiée) et des poèmes, bien
sûr. J'animais aussi un club théâtre avec une représentation en fin d'année. Enfin, j’ai
animé un échange linguistique pendant dix années entre le département de
l’Oise et le comté du Bedfordshire. A vrai dire, je
ne peux vivre sans lire et donc écrire ; pas uniquement de la poésie, mais
beaucoup. Je faisais entre deux et quatre allers-retours par an en
Angleterre pour visiter les collègues dans les collèges et lycées. J'ai aussi
écrit deux (petits) romans en lien avec la poésie ; Privé du sonnet
évoque la personnalité de Clément Privé, ami de Mallarmé à Sens, à qui on
doit un sonnet publié dans les œuvres complètes de… Mallarmé !!! et Un
amour de Bussy qui relate les trois étés que Debussy a passé à
Villeneuve-la-Guyard (où Danièle a une maison de famille) où j'évoque aussi
Pierre Louÿs et Mallarmé. Ces romans nous ont été écrits suite à la
sollicitation d'écrire des histoires en histoire à Villeneuve-sur-Yonne, où
est née Danièle. Des recherches intéressantes et une écriture différente. En ce moment,
j'ai plusieurs chantiers en cours : une étude sur Alain Duault, un
projet : Daniel Boulanger et le cinéma et la publication de la correspondance
entre Audiberti et sa secrétaire Hélène Lavaÿsse. Ah ! j'oubliais
; je fais partie du comité directeur des amis de Daniel Boulanger ; quelques
rencontres, des lectures, des projets. J’ai découvert tardivement cet auteur
de nouvelles ; c’est un écrivain remarquable. J'ai aussi
travaillé quelques années avec Josiane à la vie de la Société des lecteurs de
Jean Paulhan, en lien avec Claire Paulhan et Bernard Baillaud. *** POÈMES
Extraits
de « Hémon » (gravures
de Valérie Honnard) 1 Hémon a perdu le sourire Ses réveils sont lourds, sa démarche pesante Il s’inquiète des nuages, sourit sous cape Et pleure le plus souvent des meurtres de la vie 2 Hémon s’étonne Du chaos des âmes Il ne comprend pas comment le diable Entre dans les esprits Comment il affole les mains Qui se crispent sur les poings Hémon s’étonne de cette âme-là Nue Qui se lève devant le tyran Devant l’homme de cuir ;
3 Antigone se lève, Une fleur, une flamme De sang et de paroles Elle se voit lavée de toute avanie Se relève de son enfance qu’elle anoblit ; Se dévoile : La voici nue, Nue devant le glaive Qui la viole, la vide, la force et la tue Dans le noir et le froid de la grotte La voici nue, Recroquevillée dans le fond de la terre ; 4 Créon est plus obscène que cette femme nue qui crie
non Sa force de ceinture l’étrangle Il est rouge de colère Il frappe du poing sur la table, Brise le verre, casse le marbre : Tout s’écroule devant sa force ; Trempé dans sa chemise d’oublis Créon écrase ses enfants : Il a peur dans le noir ; 5 Hémon dit oui Pour mieux s’échapper dans le vent ; Hémon n’est qu’un enfant Hémon, c’est la vie Une bouffée de tabac dans l’air bleu des matins Une ascension facile vers le soleil des chemins Un poème au bout de la main ; 6 Hémon ne crie pas, ne pleure pas Il sait qu’Antigone doit mourir ; Elle a trop souffert, elle s’est trop battue, elle peut
mourir. Elle doit mourir ; Les femmes et les hommes de la cité le lui ont dit Son père lui a dit Sa mère aussi peut-être Sans doute aussi les vieilles noires qui piquent leurs
chuchotements de paroles aigres et de regards acérés ; Et cet aveugle qui voit au-dedans de lui Même les enfants dans leurs cris ; Peut-être encore l’eau de la fontaine sempiternelle sur
la place ; Les pierres blanches des colonnes qui se renfrognent, se
renforcent, se concentrent sur leur destin d’architecture, sur leurs
molécules anciennes ; Les temples muets au soleil qui mâchent leurs oracles
comme des monstres souterrains assoupis sur leur ventre ; Et les dieux silencieux qui ne savent pas s’ils
existent, qui jurent de leur absence, s’inquiètent de leur pouvoir ; Hémon pense qu’il relèvera Antigone Mais il a peur, il est lâche, Hémon n’est pas un homme Ni un héros ; Il pleure Antigone Mais il pleure aussi sur lui, sur son
âme seule ; Il a peur Cette peur qui troue le ventre et le laisse
pantois Peur devant cette femme si forte et qui lui échappe ; 8 Hémon a peur Il ne veut pas plonger avec Antigone Affronter l’obscurité de la grotte Il veut comme Ismène chanter dans les chemins fleuris Marcher dans les aubes fraîches Aimer par-devant les
montagnes boisées ; 9 Qu’importe son père, qu’importe ces êtres qui ne se
souviennent plus de leurs jeux d’enfants Qui lèchent leurs anciennes colères sur leurs moûts
rancis Marmonnent tout bas des anathèmes aux cieux qui ne les
entendent pas Vieillissent si rapidement qu’ils ressemblent déjà à leurs
aïeux Se murent dans leur silence craignant de dévoiler le
vide de leur esprit Non ce n’est pas son père celui qui titube sans voir bu Non, il ne connaît pas, il ne connaît plus l’homme qui
rétrécit dans ses tuniques Il ne reconnaît plus ses yeux, Même il ne
reconnaît plus son visage, son regard dans le vague, ses rides affolées Non, il n’est pas responsable de son père ; 10 Hémon, à son retour d’errance folle, retrouve la
maison en ruine, Dévastée par ce vent mauvais qui circule dans la tête
d’Antigone : Les meubles cassés, Les vitres brisées, Les tentures arrachées ; Les trophées défaits, Les papiers griffés de rage, Les meubles scarifiés ; Et l’ombre des rideaux tirés ; Extraits
de « Dits de la pierre » vivante, vibrante, violente il y a là une pierre là où le ciel rejoint la terre où l’épaule de la colline épouse le nuage où les arbres tendent leur front à
l’horizon fusion de feux et de fois nœud entre le ciel, la terre et les hommes * il y eut des invocations, des chœurs, des
voix malhabiles de la musique aigre des danses, des claquements de sabots sur
la terre des cris de joie, des hourras ! des hans ! des ho ! du vin, du pain des prêtres, peut-être, ont chanté des chamanes, des sages des vieux, des savants, des vierges, des
veuves un chien, quelques chats une vache et son veau les enfants couraient partout les femmes pleuraient de joie * dans le Rougier, les pierres semblent des Aubrac lourdes et lentes rouges et brunes sombres et claires qui viennent de l’histoire de la terre immobiles à l’horizon pierres venues des temps très anciens de tout temps présentes vaches, pierres couchées dormant d’un œil gentils monstres des causses * il faut que la pierre soit marquée comme les bêtes à l’oreille, au collier, sur le flanc il faut que la pierre soit marquée pour indiquer le nord, le but l’horizon, la fin du rêve ou le début des
pleurs l’ordre des jours pour qu’à son tour elle prenne forme qu’une âme s’éveille qu’une femme s’élève qu’une mère se lève pour qu’à son tour elle parle qu’elle
parle un jour dans l’espace qui trop s’agrandit qu’elle parle, qu’elle crie, qu’elle pleure qu’elle témoigne il faut que la pierre soit marquée pour signifier son appartenance à ces hommes à ce pays à ce paysage * combien de jours, combien d’années, combien
de siècles combien d’hommes, de femmes et de bêtes sont venus là pour refaire le même trait,
le prolonger, le creuser, l’approfondir pour définir ce visage ce sourire de femme c’est une façon de pleurer que de dessiner c’est une façon de se souvenir que de
graver c’est une façon d’aimer que d’écrire * en elle parle une déesse soufflent les dieux chantent les légendes en elle parlent les soleils, les montagnes,
les histoires les arbres, les enfants, les animaux la terre et tous ses tremblements mère, menhir, mémoire * une pierre deux, trois pierres dix maintenant se lèvent sur la crête des
monts cent figures me regardent et m’attendent mille femmes, mille veuves, mille mères toutes les en-allées tous les souvenirs, toutes les traces mères, menhirs, mémoires Extraits
de « Météore » (recueil inédit) dans ma paume le ciel un morceau de ciel * dans ma main une pierre un brillant une étoile peut-être * dans ma paume ce souvenir d’étoile bijou gemme diamant brûlant à force d’être
noir à force d’esquives de dérobades et de fuites * avec lui je caresse l’univers le soupèse le considère léger lourd immense je le couve du regard de la main je le caresse épouse sa rotondité
imagine son globe * je ferme la main : des ondes me traversent ; j’ouvre la main : me reste cette bille noire qui vibre j’ouvre la main : l’univers s’abrège, s’élague se réduit je ferme la main : le ciel se dilate, s’agrandit s’élargit je ferme la main pour jouer à la devinette j’ouvre la main : ciseau, pierre
ou papier ? * ma main s’ouvre et se ferme impuissante ma main comme une huître comme un poisson hors
de l’eau bégaie bafouille
balbutie devant le mystère de l’univers
serré dans cette pierre elle couve le feu chauffe sans
brûler je sens dans ma paume la mémoire d’un brasier * je porte le feu dans ma paume étoile morte mais vive et neuve * elle porte la mémoire de l’eau des tremblements de l’air elle fourmille d’astres
vibrionne d’atomes que je sens dans
ma paume * je sens dans ma paume un rayonnement atomique
une force cosmique à peine perceptible une onde subreptice * dans ma paume le ciel un morceau de ciel : débris bribe brisure
éboulis * dans ma paume un morceau de ciel comme l’écho d’une étoile
; dans ma paume un chicot pauvres restes
d’une planète ; dans ma paume cet écho de ce qui fut
une lumière une étincelle un feu d’artifice peut-être * décombre d’astre ruine de comète avatar de
météore bille noire et nue brisée par les rondes brûlée par les gaz hachée par
les chocs écho de vibrations sonores et tremblantes
par-delà les années-lumière
; * dans ma paume ce héraut du ciel comme la queue d’une comète en écharpe dans le vent stellaire ; * dans ma paume cet écho sourd du mugissement des
espaces infinis cet écho brûlant de l’entrée
dans l’atmosphère cet écho mat d’une
étincelle fulgurante écho noir d’une
incandescence ; * pierre de lune ou pierre de sang morceau d’étoile ou morceau du temps ©Bernard
Fournier |
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(*) Biobibliographie Je commence à écrire des poèmes vers
l'âge de 23 ans. Publie un premier texte dans une revue du nord (Horizons 21) trouvée par hasard à
la fac. Installé à Beauvais, je crée une
revue Poésie en Valois
qui dure deux ans (1980-1982), avec Pascal Dupuy qui créera de son côté Poésie-sur-Seine. Je veux parfaire ma culture poétique
par un travail sur la poésie contemporaine ; je choisis Guillevic plutôt que
Ponge. Je côtoie Guillevic pendant dix ans. C'est lui qui m’introduit dans les
revues. Direction du Mercredi du poète
(2010-2020) après l'avoir animé avec Jean-Paul Giraux, Monique Acquaviva et
Monique Labidoire. Ayant soif d'histoire littéraire, je
trouve un sujet : l'histoire de l'Académie Mallarmé. Dix ans de travail qui
m'ont passionné. Avec Danièle (Corre), je fais plus
ample connaissance avec Georges Emmanuel Clancier qui me fait élire à cette
Académie en 2009. J'en deviens le secrétaire général. Élu Président de l'Association des Amis
de Jacques Audiberti en avril 2012. Élu Président du Cercle Aliénor en
2022. Écriture de nombreux articles et études
dans beaucoup de revues. Écrit dans Poésie/
première depuis 2002 (une centaine de notes et d'études), intègre
le Comité vers 2018. Démission en février 2024. Poésie
Marches,
Librairie-galerie Racine, 2005. Marches
II, suivi d’une lecture de Pierre Oster,
Paris, éd. Le Manuscrit, 2008. Promesses, Encres
vives, 2010. Maison
des ombres, L’Harmattan,
2010 Marches
III, Aspect, 2011. Une
Pierre, en chemin, Tensing,
2013. Lire les
rivières, précédé de La Rivière des parfums, Aspect, 2017. Hémon, suivi
d’Antigone, Silences, Loin la langue, La Feuille de thé, 2019. Vigiles
des villages, Prix Troubadours 2020, Friches,
87500, réédition Encres vives, 2025. Dits de
la pierre, La Feuille de thé, Prix Louise-Labé 2023. Livres
d’artiste
Je dis
clématite, avec par Jean-Marc Brunet, Le Livre pauvre, 2012. Les Cinq
sens, « Le goût de la céramique, Toucher le monde, L’odorat aime
les chatouilles, Allo… l’ouïe, La vue en verts », textes de Danièle
Corre, Michael Glück et Bernard Fournier ; co-édition La Cité de la Céramique à Sèvres et Le Moulin
à lire, 2013. Hémon, avec
Valérie Honnart, La Feuille de thé, 2018. S’il
arrive qu’un étranger, avec Luc Démissy,
coll. « Bandes d’artistes » n° 34, Lieux-dits, 2018. Je te
raconterai la pluie, avec Maria Desmée,
HC, 2019. Enfant-soleil, avec
Maria Desmée, HC, 2019. À la
lisière, livre unique avec Danièle Corre dédié à Georges Emmanuel
Clancier. Pierres, poème
accompagné de cinq linogravures et bois d’Hélène Baumel, 2020. Réparties,
exposition entre le plasticien Dominique Moulin et la photographe Angelle avec des poèmes de Danièle Corre et Bernard
Fournier, au Domaine national de Saint-Cloud, mai 2023. Résister, livre
unique, avec Valérie Honnart, sous l’impulsion de Rocio Duran Barba.
Anthologies
Jean Orizet, Anthologie de langue française, anthologie
thématique, Cherche midi, 2013, p. 76. Claudine
Bertrand, L’Eau entre nos doigts, Les Écrits du Nord/ éd. Henry, 2018,
p. 67. Académie
Mallarmé et le Bel aujourd’hui, anthologie, sous la direction de Claude
Beausoleil et Sylvestre Clancier, choix de Bernard Fournier, Québec, Lèvres
urbaines, n° 50, mai 2018, p. 122. Florence
Saint-Roch, Anthologie Dire oui, revue internet Terre à ciel, 2021. Quel
temps ! 67 poètes d’aujourd’hui écrivent sur le climat,
anthologie réalisée par Matthias Vincenot, préface
de Louis Bodin, postface de Noël Mamère, Unicité, 2023, p. 82-84. Romans
Privé du
sonnet, Les Amis du Vieux Villeneuve-sur-Yonne, 2017. Un amour
de Bussy, Les Amis du Vieux Villeneuve-sur-Yonne, 2022. *** Bernard Fournier a une première
fois été notre invité, au Salon de novembre-décembre 2021 (en deux
parties : Poèmes édités : extraits de Hémon, suivi d’Antigone, Silences, Loin la langue; Poèmes inédits : extraits de Dits de
la pierre, recueil paru ultérieurement en 2023). |
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Bernard Fournier Francopolis hiver 2026 Recherche Éric Chassefière |
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Créé
le 1er mars 2002