La voix du lac
Au jeu du plus fort
nous sommes les traces
la face cachée du profit
le rail de feu dans vos
banques
Nous sommes les regrets
qui vous hantent
la foudre qui vous claque
au visage
le soir, dans les ruines
de votre conscience
Au jeu du sort
nous sommes à la ligne de
feu
d’autres possibles deuils
Mégantic hurle en silence
Nous renaîtrons de nos cendres
nous sommes les phœnix
qui survolent
rémission récente de la
ville
sous l’œil outragé des
lunes.
Aile~ © Louise Dostie
(réf. Déraillement d’un train qui a enflammé une bonne partie de la ville
de Mégantic et malheureusement beaucoup de morts (dans l’espace d’une nuit)
***
La survivance
mon regard sillonne
un vaste écran crouté de
brume
qui ne laisse distinguer
ni le fond du près
ni les cieux du sol
des particules
fourmillent
dans un tout qui se
déforme
le fleuve est sorti
prendre l’air
à fouiller voraces les
entrailles une à une
les rapaces de ce monde
se méprennent sur la
terre
t’as pas compris?
ben ce faux brouillard
c’est ça la vraie lumière
la résistance se fait
pressante
avant de s’enfoncer
livides
dans les matins carbones
aux vertiges de la beauté
des bonheurs sapinés
s’engouffrent à même le
gel
formidable décompte
l’araignée tisse
l’invisible
un vers translucide
soudain s’envole
nos enfants courent sur
les plages
aucun baillon
pour les parfums volés
***
Parmi les hyènes
Elle est jeune
et brillante et jamais
seule
dans un monde qui vibre
bien calé dans sa main
même la nuit quand elle
rêve
elle correspond
aux illusions qu’on
entretient
captive d’un prisme aux
milles facettes
libre croit-elle elle
existe
citoyenne
de cette grande planète
Brillante et quand même
un peu seule
citoyenne d’un monde aux
portes battantes
où s’engouffre le vent
ne laissant que des
miettes
en pure perte elle
s’échine
d’autant plus qu’hier
l’usine
s’est envolée pour la
Chine
Journées incertaines
petits bonheurs précaires
elle ne sait plus trop
comment
s’adresser à des gens
ses voisins se
comprennent
sa bannière est en berne
de nulle part citoyenne
aux poreuses frontières
c’est l’époque agitée
des alliances fragiles
sans refuge familial
ses fils passent en
silence
en texte ombilical
Brillante et solidaire
elle farfouille les
heures
et marche pour la peine
à trahir les voleurs
elle fait face à la crise
on la traite de guerrière
on la culpabilise
il faut la faire taire
belle et solitaire
cherche un cadre pour
dormir
un peu plus sereine
à l’abri des mécènes
rêve d’une terre guérie
quelque part sous les
astres
d’un pays d’un cadastre
de racines d’avenir au
regard bien plus vaste
***
La peau de l’œil
Pelles et sceaux
délaissés
des oiseaux dans la neige
pépiements et rires
enjoués
vision de fortune
en suspens dans la brume
_
Ici et là des pousses
tendres
entortillées de glace
des reflets gingembre
et des rouges écarlates
qui finassent et se
cambrent
sève en course sous les
couches
d’écorce
à surgir à la moindre
douceur
_
La blancheur est un leurre
pour qui la saison morte
endort tout à tout rompre
aveugle aux précieuses
lueurs
qui ne dansent que dans
l’ombre
Aile ~
Louise Dostie
(Janvier 2013)
Boussole
de ton cerveau
assailli
s’envole une
hirondelle
qui trace
en bordure d’un
ciel virginal
des trajectoires
contre la disgrâce
en ces hauts
lieux
un renard
engloutit à mesure
des œufs
d’envahisseurs
et la meute les
défie
d’attenter à tes
heures
au sein des
ultimatums
ton cœur de gueux
se calme
métronome
lové dans un
rempart
réparateur
très peu de
prédateurs
aboutissent à tes
îles
des lunes
tropicales
veillent
à ta
transformation
lépidoptère
tant de nectars
t’attendent
***
Sa page La chambre d’Aile
Articles web :
Poésie (français/berbere)
Poésie et langue des signes
Sélection mars 66 (Liette Schweisguth
Coup de cœur (mars2013)
Salon de lecture
Louise Dostie (Aile)
recherche Gertrude Millaire
mars 2017
|