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Muriel Bompart

au Chelsea Hotel


le mythique Hotel Chelsea de New-York



Certains verront dans les multiples formes que prend mon travail le signe d’une personnalité qui se cherche, et c’est un défaut que je revendique : mes créations sont protéiformes, changent d’une année sur l’autre, parfois d’un mois à l’autre. Ce sont justement ces métamorphoses qui m’animent, car le cheminement et la quête incessante valent à mes yeux tous les aboutissements.

Avec la technique du collage, je peux donner libre cours à mon imagination, allier récup, poésie, nostalgie et humour au gré des papiers que je glane. Je travaille par thèmes, et je suis inspirée par de grandes villes ou des périodes contemporaines : New York, Manhattan le Chelsea Hotel, lieu mythique entre tous que j’ai eu la chance de visiter cette année…mais aussi Berlin et les 20 ans de la chute du Mur. J’aime aussi évoquer la nostalgie des années 70 chantées par Gainsbourg et Jane Birkin, dans ma série intitulée « Ex-fan de 60s ». Le collage me correspond, car c’est l’expression même de la transformation, du changement , du chaos constructif !


Entrée dans l’histoire de l’art avec Matisse et Picasso la technique du collage n’a cessé d’essaimer de décennies en décennies son chaos constructif  selon la belle expression de Muriel Bompart. Cette jeune femme à la personnalité protéiforme n’aime pas se cantonner à un style car le cheminement et la quête incessante valent à mes yeux tous les aboutissements proclame-t-elle haut et fort. Notre adepte de la métamorphose ne pouvait que se sentir comme un poisson dans l’eau avec le collage ce jeu à mi-chemin entre le puzzle et le cadavre exquis cher aux surréalistes dit-elle encore.

Les séries présentées ici, Chelsea Hôtel, Berlin, et Ex fans de 60s sont autant de poèmes pulvérisés comme maintenus en suspens au travers d’une réalité nostalgique. A la fois brouillés, instables et en équilibre les fragments graphiques nés de l’imagination qui a guidé la main du peintre égrènent des souvenirs empreints d’une grande poésie. Même quand Muriel veut son œuvre plus inscrite dans la contemporanéité, c’est encore un lieu chargé d’histoire culturelle de ce dernier siècle, le Chelsea Hôtel de Manhattan, qui est disséqué, décortiqué dans un apparent cataclysme de papiers et photographies que la couleur transcende.

Cette technique particulière du collage que Max Ernst qualifiait d’irruption magistrale dans l’irrationnel crée une densité ouverte à tous les possibles comme si l’image, celle des événements ou des personnages, voulait jaillir à tout instant au cœur de ce fatras coloré. On se raccroche à ces miettes de réel perdues dans l’explosion dionysiaque du peintre, ces petits bouts posés sur la surface de la toile inscrivent une continuité brisée qui révèle notre inconscient.

Si la composition est le plus souvent fortuite comme n’hésite pas à l’avouer Muriel elle n’arrive pourtant à maturation qu’après de longues heures de recherches et de rêveries. On essaie de comprendre l’acte créatif en imaginant ce tohu-bohu assemblé petit à petit, d’abord de façon intuitive, puis survient le collage qui, à la fois, capture et libère l’esprit pour donner libre cours aux émotions matérialisées en images. Ainsi les visages et les événements, s’ils restent figés dans un immobilisme inhérent à cet art graphique, voyagent partout dans notre esprit au gré de la mémoire de ceux qui les ont vécus ou s’en souviennent.

Quand on songe à la chaise ou aux souliers peints de Van Gogh on pourrait dire que l’art augmente le réel. Les collages de Muriel, quant à eux, cristallisent des fragments de cette réalité pour, au moins, transformer et aiguiser notre regard sur elle. Ce sont les chemins oniriques de Muriel Bompart qui nous sont offerts là et qui dévoilent sa vie intérieure nourrie d’une grande générosité poétique.


 Texte réalisé pour la présentation de l’exposition de
Muriel Bompart à L’hôpital Marchant
de Toulouse, du 29 septembre au 27 octobre 2010,
paru dans le n° 61 de Traversées.
Serge Maisonnier

Visiter son site Muriel Bo
ses oeuvres

 

                                                                      


Muriel Bompart
en collaboration avec la Revue Traversée

pour Francopolis février 2012
recherche Gertrude Millaire

Créé le 1 mars 2002