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Interview de Nicole Pottier pour Radio Trinitas de Iasi.
par Nicole Pottier
Photo : Monastère Golia à Iasi,
dans l'enceinte duquel se situe Radio Trinitas.
"C’est la première fois
que je visite la Roumanie, et je suis très heureuse d’être à
Iasi. J’ai découvert cette ville grâce à l’émission
culturelle « Double Je » de Bernard Pivot, réalisée
il y a un an en collaboration avec le Centre Culturel Français de
Iasi. Cette émission de grande qualité contribue à faire
connaître la francophonie.
Iasi est une véritable
capitale culturelle, et l’émission nous présentait certains
aspects majeurs de la vie culturelle et intellectuelle de cette ville : la
bibliothèque universitaire avec le professeur Calinescu, le cinéma,
avec Alex Leo Serban, dans les anciens Bains Turcs, la télévision
régionale avec Wanda Condurache, les éditions Polirom avec
Lidia Ciocoiu. Je suis moi-même une ardente partisane de la francophonie,
et très amoureuse de la Roumanie. J’aime particulièrement l’œuvre
poétique de Lucian Blaga qui reste un de mes poètes préférés.
A Iasi, je peux également mesurer l’intensité
de la vie culturelle et étudiante. Je remarque d’ailleurs l’étendue
de la zone étudiante dans le périmètre de la ville elle-même.
Les bâtiments de l’université sont magnifiques, rénovés
et de grande ampleur. J’ai visité un certain nombre de lieux culturels
symboliques de Iasi : la casa Pogor, la "bojdeuca" Ion Creanga, et bien-sûr
je me suis arrêtée devant le tilleul d’Eminescu (teiul lui Eminescu).
Sans oublier le Palais de la Culture, aux collections impressionnantes et
à l’architecture imposante. Dans ces visites, j’ai été
très sensible aux conditions de conservation difficile, aux moyens
pécuniaires extrêmement limités, et je rends hommage
au dévouement des personnels qui en ont la charge. J’ai rencontré
des gens au savoir indiscutable, des intellectuels brillants et de haut rang,
qui se sacrifient pour sauvegarder la culture et l’intellectualité
roumaine, avec un grand courage au quotidien, emplis de pugnacité
et de ténacité. Car c’est là une véritable FOI
que ce dévouement pour la culture, malgré le peu de moyens
dont elle bénéficie.
(
Iasi : Palais de la Culture, photo : Angela Furtuna)
C’est en Roumanie que j’ai abordé de fait la religion orthodoxe. Le
premier monastère que j’ai visité à Iasi est le monastère
Golia. Par rapport à nos églises catholiques, la superficie
au sol est restreinte, il s’agit plus d’un quadrilatère, en forme
de croix grecque, selon un schéma traditionnel, le "plan trilobé":
autel, naos et pronaos. (*)
.Et quelle splendeur que ces murs peints, ces icônes précieuses
où se mêlent l’or et l’argent! La première messe à
laquelle j’ai assisté fut au monastère des Trois Hiérarques
(«Sfintii trei Ierarchi»). Les hommes et les femmes assistent
à l’office chacun d’un côté. Prosternation et vénération
des icônes, chants uniquement psalmodiés par des voix d’hommes
– il n’y a aucune musique liturgique, aucun orgue- témoignent d’une
religiosité profonde. La religion orthodoxe en Roumanie est vivante.
Le rapport au sacré est un refuge pour beaucoup en même temps
qu’un soutien réel.
A l’église Métropolite (la cathédrale orthodoxe), la
ferveur se manifeste aussi dans le culte rendu à Sainte Parascheva,
dont les reliques se trouvent dans l’église.
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(Eglise Métropolite de Iasi, reliques de Sainte Parascheva. Photo : Angela Furtuna )
(Monastère Golia , Iasi)
La
Moldavie et la Bucovine sont de hauts lieux de tradition spirituelle et religieuse.
A Iasi, les églises et les monastères abondent dans la ville
même. A Suceava, en Bucovine, l’église du monastère «
Sf Ioan cel Nou de Suceava » abrite également les reliques du
Saint, et un prêtre bénit sans cesse, jour et nuit, les fidèles,
à côté du tombeau du grand saint patron. Dans une autre
église, « Sf Dumitru », magnifiquement restaurée,
et qui possède de nos jours la meilleure peinture murale intérieure
de Moldavie, le vieil homme qui en a la garde nous commente ces peintures
ainsi que les difficiles étapes des neuf années de restauration,
avec une grande émotion et une grande culture.
(Suceava : Biserica Sf Dumitru,
photo : Angela Furtuna)
(Dragomirna : Missel enluminé)
Au monastère Dragomirna,
où repose depuis des siècles le grand Métropolite de
Moldavie, Anastasie Crimca, situé à huit kilomètres
de la ville dans une campagne verdoyante, la sœur Filofteia nous décrit
l’architecture – véritable dentelle de pierre- ainsi que les peintures,
dans un excellent français. Cependant, le seul aspect touristique
ne saurait éclipser l’aspect spirituel et culturel de ces lieux. Ce
sont de véritables chef-d’œuvres qui sont présentés
là : des icônes, des objets d’art religieux : coupes, croix
sculptées en ébène, des psautiers, des missels aux riches
enluminures, des étoffes précieuses, habits en soie rehaussés
de broderies de fils d’or et d’argent. Un véritable patrimoine sacré
qui a sa place dans la culture européenne, et par ailleurs reconnu
par l’UNESCO, qui l’a inscrit dans le patrimoine universel."
Nicole Pottier.
* De
manière générale, une église orthodoxe comporte
un aménagement très codifié et qui comprend une série
d'éléments et de dispositions dont la plus caractéristique
est certainement la grande paroi ornée appelée Iconostase et
qui sépare la nef du sanctuaire, et bien entendu les icônes.
L'aménagement intègre
les différentes fonctions et lieux de l'église en exploitant
d'une manière convaincante les potentialités du bâtiment
existant.
La nef trouve place sous le
lanterneau central. Les parois sont revêtus de mosaïque en pâte
de verre bleue, qui rappellent les mosaïques des édifices anciens
(Saint Marc de Venise pour ne citer qu'un exemple) et la couleur bleue utilisée
dans certaines églises roumaines. La lumière naturelle du lanterneau
illustre la présence du ciel et la verticalité propre à
la spiritualité alors que le bleu intense des mosaïques et l'or
des icônes parlent de l'intériorité et de la profondeur
de la Foi. »
www.athenaeum.ch
pour Agonia France, en partenariat avec Francopolis, .
septembre 2005
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