Le manque de temps –
c’est la course ! Me pousse le plus souvent vers le supermarché.
C’est un supermarché, car on nous fait beaucoup marcher pour y
arriver, et puis doublement pour faire ses courses, et enfin triplement
pour les porter chez soi. Sauf si on achète pour cher, auquel on
se fait doublement alléger en poids, en oseille et de
blé. Je devrais l’éviter, mais c’est aussi une question
de moyens. «
Il faut se les
donner pour y arriver !», selon le
ditcon. Aujourd’hui la grande
question n’est plus être ou ne pas être, mais pouvoir ou ne
pas pouvoir. Ou aussi comment être dans le mal-être,
à la rigueur. Bonjour l’ambiance ! Donc (j’y arrive...) je
pénètre dans le sas : c’est parti pour la plate nette
zombie. C’est la chasse aux prix qui commence, et faire chaque fois
bien attention, car un prix chasse l’autre tous les jours, dans les
supermarchés comme dans le grand bal des
vents pires. Choisir... Mais il n’y
a pas trop le choix, en fait, il s’agit toujours de consommer, au
final.
J’évite les fruits et les légumes, tant que je peux aller
voir ailleurs, puisqu’ils ont été irradiés. Mais
je n’évite pas les boîtes, car je n’ai pas l’temps – c’est
la
course ! De faire bien mes courses, ni la cuisine. Je prends des
briques et des braques, quand je peux prendre bio, lait et yaourts, je
prends. Et puis des pâtes, du riz, du fromage, un peu de bidoche,
etc. A chaque geste je me demande à quel point je me fais
arnaquer, de combien de dizaines de centaines de pourcentages est faite
la marge sur tel produit. Un vrai
ça
sert d’os à ronger (quoi que je rumine beaucoup aussi...)
Je n’achète commerce équitable que difficilement, au
bénéfice du doute largement entamé. Puis je suis
la file de la caisse, j’attends beaucoup plus longtemps qu’à la
bibliothèque.
Un minimum de caisses ouvertes pour un maximum de rentabilité,
tout est ainsi calculé «au petit bonheur des
pigeons». D’ailleurs ne prépare-t-on pas les
caissières automatiques pour en finir avec ce qui reste
d’humanité dans les supermarchés ? On voit rarement des
sourires, on entend très peu de paroles s’échanger. Et
même, rien ne peut évacuer le malaise, comme si
c'était incrusté dans chaque aspérité du
magasin, des prix aux produits de l’entrée à la sortie...
Rien qui parle, rien qui sourit.
Alors maintenant il faut aussi payer ses sacs en plastique. Parce que,
parait-il, c’est plus écologique. Qui croit à ces salades
? Nous on les utilise systématiquement pour en faire des
poubelles, par exemple. Non, la vérité c’est qu’au lieu
de nous fournir des sacs plastiques qui ont un coût, on nous les
fait payer, et évidemment plus cher que leur coût de base.
Une opération qui double la rentabilité de la
"boîte" et ce, sous couvert d’éthique écolo, que
demande le peuple ? Je me le demande… Bon il y a une petite
astuce, quand on n’a pas son cabas, c’est de piquer des petits sacs
à fruits et légumes, ça ne mange pas d’pain. Si
c’est pas trop lourd ça passe, et c’est aussi utilisable pour
faire des poubelles. Reste enfin, à la sortie (après
avoir été aimable avec la caissière (ou le
caissier), c’est le seul truc qui vaille la peine) à bien
vérifier son ticket de caisse, puisque (une fois sur trois ?),
il y a soit une erreur entre le prix d’affichage et le prix
payé, soit une confusion d’étiquettes savamment
laissées en négligence qui m’a induit en erreur. Toujours
en la défaveur du client, évidemment... Faut vite faire
marcher sa petite mémoire à chiffres, qui
défaille. Et si on peut enfin, en réclamant, en se
plaignant, en dénonçant, échanger une ou deux
paroles complices «
on se
comprend mais vous comprenez oui je comprends bien ne vous
inquiétez pas bon courage », on aura pas perdu tant
que ça son temps à le dépenser, on peut même
retrouver le sourire en sortant, ça dépend.
(
Et l’hyper, c’est encore plus super
! Sauf qu'il faut rouler pour y aller, pour mieux se faire rouler (dans
la farine...)
Mais Hyperroulé, ça n'se dit pas.)
Kelig Nicolas
pour Francopolis novembre 2009