VUE
DE FRANCOPHONIE EN
CHANSON - Québec
FÉLIX
LECLERC
POÈTE -
CHANSONNIER -
BÂTISSEUR - UN GÉANT
8 août
1988, Félix Leclerc meurt dans son sommeil sur l’île
d’Orléans, près de Québec où ses cendres
son dispersées, le Québec perdait un grand
pionnier, un homme comme il ne s’en fait plus, hélas !
25 ans déjà et pourtant, c’est comme si
c’était hier,
je ressens ce vide, cette douleur, ce mal du pays.
Ses
contes et ses chansons m’habitent… le temps s’est arrêté.
Une pierre tombale est érigée dans le cimetière de
Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans, où des admirateurs
viennent parfois déposer leurs souliers, en hommage à sa
chanson, " Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé" :
Moi mes souliers ont beaucoup voyagé / Ils m'ont
porté de l'école à la guerre / J'ai
traversé sur mes souliers ferrés / Le monde et sa
misère ...
Né en 1914, au sein
d’une famille de pionniers établis dans la région de La
Tuque en Haute-Mauricie, enfance typiquement québécoise,
le jeune Félix Leclerc est envoyé à 13 ans hors
Québec, à Ottawa pour faire ses études classiques.
Ce premier déchirement et les longs moments de solitude au
pensionnat développent l'esprit rêveur et créateur
du jeune homme.
1934 et 1950, Félix
Leclerc s'éparpille dans différents domaines de
création culturelle: animateur radio, sa belle voix grave passe
bien, puis publie: Adagio (1943), Allegro et Andante
(1944). Puis un récit: Le fou de l’Ile ; des
pièces théâtrales: Maluron, Le petit
bonheur, Dialogues d’hommes et de bêtes ainsi qu’une
autobiographie romancée: Pieds nus dans l’aube. Et
quelques chansons, il chante ça et là comme chansonnier
à la fin des années 40. Ses chansons de la nature
n'intéressent pas les citadins qui veulent à tout prix se
dissocier de l'image du colon canadien.
1950, Virement de cap, Jacques
Normand fait entendre à l’imprésario français
Jacques Canetti un enregistrement de la chanson Le train du
Nord
Leclerc se retrouve à l'ABC, triomphe au Trois Baudets à
Paris, se tape une tournée en France et enregistre un Premier
album dont la chanson, Moi mes souliers, remportera un grand
prix de l'Académie Charles-Cro.
1951, il suscite l'admiration de jeunes
lièvres tels que Jacques Brel et Georges Brassens, se lie
d’amitié avec Raymond Devos, un goût commun pour la langue
française et le désir de défendre la
création artistique de qualité.
1953, retour au Québec, où il
est accueilli en roi, lui dont on se moquait peu de temps auparavant.
La chanson québécoise venait de gagner ses
premières lettres de noblesse grâce à lui.
( Oui, on était comme ça jadis, nous
les québécois, un peuple jeune, sans
identité, perdu dans une Amérique anglaise... on a
bien changé depuis. Bien que notre identité
québécoise, soit toujours un peu en ballotage,
malgré les efforts de René Lévesque, grand homme
politique, auquel Félix ne se gêne pas pour lui
rendre un Grand Hommage à
sa manière... )
1970, le Géant se choque.
Lui qui se tenait au dessus des querelles politiques, il est
indigné par les événements d'octobre 1970, lors de
l'imposition des mesures de guerres par le gouvernement du Canada. Il
prend position du côté d'une identité
québécoise.
Ses chansons prennent un tournant ...
L'Alouette
en colère, ( J'ai un fils dépouillé /
Comme le fût son père / Porteur d'eau, scieur de bois /
Locataire et chômeur / Dans son propre pays / Il ne lui reste
plus / Qu'la belle vue sur le fleuve / Et sa langue maternelle /Qu'on
ne reconnaît pas...Et moi je sens en moi... /
Entre la chair et l'os / S'installer la colère...)
Les 100,000
façons de tuer un homme, (Sur les cent mille
façons de tuer quelqu'un / La plus dangereuse c'est le coup de
fusil / La plus onéreuse c'est le coup de canon... l'infaillible
façon de tuer un homme / C'est de le payer pour être
chômeur / Et puis c'est gai dans une ville ça fait des
morts qui marchent. )
Un soir de
février, (En dix sept cent soixante / Un soir de
février / Il gelait à pierre fendre / Au fort
Stadacconé... En mille huit cent soixante / Nous ne sommes plus
chez nous ici... On nous a pris nos places / Nos écoles, nos
espaces... )
et
plus tard Le
tour de
l'Île, illustrent bien le changement de cap, ( L'Île
d'Orléans un dépotoir / Un
cimetière Parcs à vidanges, boîte à
déchets / U. S. parkings / On veut la mettre en mini-jupe / And
speak English/ Faire ça à elle, l'Île
d'Orléans / Notre fleur de lyse...
Oui 25 ans déjà, il s’est
éteint le 8 août 1988 mais pas avant d'avoir
légué une oeuvre monumentale pleine
d'intégrité et d'amour de son pays. Une
fierté, une langue et une identité... planté dans
l'coeur.
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