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À la découverte des izlans

L'izli  au pluriel izlans est  "le haïku des berbères" comme aime dire le poète Hha Oudades. C'est un court poème récité ou chanté avec ou sans instruments de musique .D'un nombre de vers souvent pair l'izli qui,- étymologiquement parlant veut dire" fluide" est  un genre très présent dans la vie quotidienne des groupes amazighs en Afrique du Nord, les touaregs y compris
On use des izlans dans toutes les occasions: moissons, battages, pollinisation desdattiers, meules, fêtes de circoncisions, cérémonies de mariages..etc
Des fois les izlans prennent la forme d'une série de joutes oratoires entre les aédes dans les soirées dansantes d' "ahidous "et d' "ahwach".
Les thèmes abordés dans les izlans sont divers: amour, séparation des aimés, soucis quotidiens, problèmes politiques,éxil, préceptes religieux ..etc
Comme dans le haïku le dernier vers est d'une importance considérable dans la teneur poètique de l'izli, il marque souvent une certaine chute sémantique sous forme d'interrogation, d'exclamation ou autre technique qui surprend l'auditeur et le laisse sur sa faim.
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photo Cécile Guivarch

Par Dieu, je jure
que si un jour je meurs
sans avoir vu mon aimée,
la terre de regret
de ma tombe m'éjectera !

* * *

C'est à cause d'un doigt
nonchalant
que je t'ai perdue, Ô Bague
sinon, maintenant
malheureuse, tu ne serais
dans la main ingrate de l'autre !!

* * *

C'est l'amour qui me fait parler,
ce n'est pas l'envie de fouiner
aux angles des mots.
Moi je pleure du sang !

* * *

J'aimerais être ami des bêtes,
vivre au coeur d'une forêt
en solitaire, loin des autres
sauf de mon aimée !

* * *

De ton ombre, ô figuier,
presque rien ne reste.
Maudit soit l'automne
qui de feuilles t'a privé!

* * *

Je suis tel un canapé de l'alfa
quiconque de passage
pourrait s'y asseoir à l'aise !

***
Oh! Que j'aimerais voir mon amante
porter un cuirassier la faux aux mains,
s'échiner le dos aux tertres !
prix de ces belles robes qu'elle demande.

* * *

Mon cœur, atelier de forgeron,
charbon ardent sans répit,
de coups de soufflet s'attise
mes rêves sont insomnie!

* * *

Telle une bague orfévrée
par un juif habile :
Aïcha !!

Oh! qu'on aimerait savoir
qui sera ce prince
qui s'en ornera les doigts! ?

* * *

Ô ! toi qui prétends pouvoir
sur le mont dresser un ouvrage,
demande à tes genoux
ce qu'il en est de la peine
du va-et-vient que le tissage exige ! ?

* * *

Sache qu'à cette source j'ai bu à satiété
avant même qu'il n'y ait de chemin vers ses eaux.
Maintenant qu'elle est accessible à tous,
que son chemin glue de boue,
moi je m'en désiste !

***
Jamais un seul cheveu blanc
tant que mon aimée Ittoàli
s'embellit les tresses de henné
et les yeux de khôl !

* * *

Telle la neige des pentes
est ma peine ;
mon aimée tel un soleil
la fait fondre.

* * *

Si, à propos de mon aimée,
je me confiais à la source,
ses eaux seraient de sang.

Et si à Dieu je la contais,
les étoiles disparaîtraient
et le soleil jamais ne se lèverait.

* * *

Tel un feu de nuit est cet amour.
Essoufflé, j'échoue à le rattraper
autant que je m'en approche
autant lui de moi s'éloigne,
quel destin amer !
Ma nuit ailleurs je l'ai passée!

* * *

L'amour est un faucon
planant au-dessus des terres ;
indifférent des crêtes de coqs,
il fonce droit sur les cœurs.

* * *

L'amour est un chasseur :
quand de la chasse
son coeur a envie,
il grimpe les crêtes
pour y tuer son gibier.
***

À quoi bon me lamenter encore
de mes pieds qui m'ont culbuté dans la fosse
de mon ami qui sans honte m'a trahi
de toutes ces femmes nonchalantes
et de cet enfer de mes parents

puisque tous m'ont laissé fléchir.

* * *

Combien de fois la nuit
de mes rêves sursaute
croyant entendre des voix m'appeler
alors que ce n'est que le vent
qui fouette le flanc des portes.

* * *

Je suis tel un roseau
sans moelle
Prière ! ô vent arrête tes souffles !

* * *

Tant de gens, la vie leur a promis le lait
mais elle ne leur a donné que l'eau
Et désirant le miel, ils n'ont bu que la cade,
de l'eau, ils se sont éloignés.

* * *

Pardon ma faim de t'avoir encore menti
c'est ma seule façon de t'apaiser
rien de la promesse au fameux dîner de délices
sauf ce bol de soupe
aux épaisses gerbes de persil !

* * *

Partout par tous chassé
ai-je fait du mal à tout ce monde ?
pourquoi ces bergers pauvres ne cessent-ils pas
de me harceler alors que les riches se taisent ?

Quel malheur Ô Dieu d'avoir fait de moi un chacal !

***

Quand la pluie tombe
et qu'un soleil jaunâtre
baigne la face des monts
c'est que le loup est en fête de noces !

* * *

De jour et de nuit jusqu'au soir
toutes les sentes sous mes pas
vers l'aimée
seul le coeur sait comment les battre

l'amour est voyage !

* * *

Va là où tu aimes aller
abeille erre
loin encore dans les airs
tu n'as pas de berger !

* * *

Grâce à son ombre
de vie la place bouillonne
tigresse d'amour qu'elle est
à merveille gouverne la lueur des mors !

* * *

Mauvaise est la ruse
plus mauvais encore
celui qui n'en use pas !
 
 


traduction par Ali Iken
janvier 2007





 

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Créé le 1 mars 2002

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