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World : Le
bleu meurtrier a fait place au bleu nuit amnésique »
Poèmes postés
sur FB en octobre 2020

Photo
de Dana Shishmanian
31 oct.
854 Crimes sauvages
Exister encore fait brûler le sang
du fond de l’homme lui vient un sourire
jamais plus il ne sera parqué
dans les immondices du silence
Les uns sont tous ses frères
les autres sont les bourreaux
Les fleurs de printemps sont pour nous
aux autres nous laissons
les chagrins et la putréfaction
Bientôt nous tiendrons le couteau
contre les armes lourdes
les dénonciations et les calomnies.
La paix se cogne aux murs
Une sourde rumeur de crimes sauvages
contre la mort plane par-dessus les murailles
couvertes de barbelés rasoirs
où les lambeaux de chair
de nos frères attendent que leur martyr soit
vengé
©CeeJay.
30 oct.
851
Paix profonde
Frémissent
les rondes feuilles de grands nénuphars
sur
le calme des eaux caressées
par
les longues larmes des saules
Un
saut de carpe argentée
vient
troubler la quiétude et s’étend
dans
les ronds de l’onde qui atteignent les berges
Une
libellule est venue se poser sur les pétales d’un lotus rosé
Les
pieds rafraîchis chatouillés par les algues
assis
sur le bord humide de l’étang
je
goûte à cette paix profonde
où
nul bruit de guerre n’a encore pénétré
©CeeJay.
29 oct.
850
Sur le chemin des étrangers
Les
râlements sourds
l’éclair
rouge des canons
le
fracas des immeubles qui s’écroulent
le
chien au regard perdu qui tourne
et
retourne la poussière
á
la recherche d’un parfum connu
le
tracé clair des missiles sur l’azur
Comme
un silence étrange
á
mes oreilles sourdes après l’explosion
et
la fumée qui monte du sol froid
comme
des signaux indiens
qui
disent des mots d’effroi
S’élève
un chant nostalgique
surgi
d’on ne sait d’où
qui
doucement s’éteint
comme
s’il n’eut existé
Mélancolique,
à l’aube
ce
chant a envahi ma tête
il
ne me quitte plus
Il
est le seul butin que j’ai pu emporter
sur
le chemin des étrangers
©CeeJay.
28 oct.
849
Le trésor
Nous
reste à rêver aux Virgile, aux Platon, aux divins
á
l’enfance qui fut de paix
et
à l’insouciance des années d’après guerre
où
s’amuser était un droit, presque un devoir
aux
chansons niaises qui nous égaillaient
aux
vêtements fous aux couleurs de joies
les slow serrés et les baisers interminables
le
twist et le rock et Elvis notre blouson noir
Á
nos rêves de futurs fictionnesques
á
l’apolitique de nos pensées
á
l’inconséquence approuvée
au
bonheur de vivre sans se tracasser du reste du monde
á
l’égoïsme de la jeunesse et sa frivolité
qui
furent bien mérités
voyant
ce qu’aujourd’hui nous vivons
Aux
bandes de copains de toutes classes et de tout bords
quand
on aimait les gens sans poser de jugements
aux
papillons, à la flore, à la faune qui existaient alors
Les
vacances à la mer étaient le bout du monde
l’on
bronzait sur les plages fleuries de parasols
Les
pic-Nick en famille, les excursions
les
châteaux médiévaux, les églises aux vapeurs d’encens
Aux
ruines encore debout résultantes de la guerre
qui
n’étaient que des terrains de jeux interdits
où
nous aimions nous perdre
aux
trous de bombes qui faisaient nos cachettes
sur
les chemins de la cueillette des mûres
dont
nos mères ménagères
faisaient
les confitures qui enchantaient l’enfance
Ce
trésor nous reste pour affronter le fracas
De
ce vingt-et-unième siècle
de
cancers, d’incarcérations, de corruption et d’anéantissement
©CeeJay.
26 oct. 2019
1031 New world I (Futur is now !)
Les
auréoles des canettes de bière maculent
les
cercueils des manifestants morts
sous
les coups de brigades gouvernementales.
Amis
arbres, il vous suffit de nous survivre
pour
avoir l’éternité.
Ils
ont fait la mise à jour fatale
qui
a tout déglingué
nous
sommes tous bons pour un syndrome d’Asperger
avec
thérapie comportementale obligatoire
par
médias, réseaux « sociaux » et supermarchés
avec
inhibiteurs de sérotonine obligatoires
signés
Roundup & Bayer
délivrés
à domicile par huissiers.
À
se demander pourquoi ils ont interdit la cigarette
si
ce n’est pour n’avoir qu’un seul responsable officiel de cancer.
La
nouvelle culture unique est installée
les
anciens qui ont encore la mémoire des lois
sont
paupérisés à l’exsangue, bientôt exterminés avant l’heure.
Sont
chargés, blessés et tués tout manifestant
médecin,
pompier, professeur, pensionné, chômeur et étudiant
c’est
le « normal-légal » nécessaire à la sécurité.
Le
bleu meurtrier a fait place au bleu nuit amnésique !
©CeeJay.
27 oct.
848
Dans le silence perdu
Dans
cette ère barbare
retentit
la clameur des hères asservis
Brisés
sont les pactes
usés
déjà est ce siècle naissant
La
bête qui dirige les hommes
est
féroce et bondissante
sur
ses proies sans retenue se jette
et
exsangues les laisse sur les champs
gisantes
pour servir d’engrais
Carnassier
carnages d’un bout à l’autre du monde
s’empilent
les richesses derrière des murs invincibles
pour
seulement quelques uns
Obscène
la force armée de l’ordre
violente
le peuple sans ménagement d’âge ni de sexe
afin
de protéger les ignobles
qui
assèchent la terre par de honteux conflits
pour
la vider de ses substances vitales
jusqu’à
la destruction du monde
Ils
poussent à la guerre et à la délation
enseignent
la peur de l’autre et la haine
pour
mieux nous diviser
et
nous vaincre sans gloire
l’on
tourne en rond entre les murs
destin
de ceux que la vie exila
la
voix des aimés finalement s’est tue
et
seul parmi les milliers de migrants
esclaves
en puissance
notre
chagrin lui aussi dans le silence s’est perdu
©CeeJay.
26 oct.
847
L’impossible terre
Avec
des visages et des peaux
tavelées
comme les vieilles pierres
les
chemins de la terre, sans la migration
ne
seraient que des tombes
Nous
sommes ce paysage lointain
qui
lorsque que l’on s’en approche
s’éloigne
comme l’horizon
Á
la recherche de l’accueil improbable
de
la faille la plus étriquée dans les autres cœurs
Avec
pour compagnons
les
arbres des forêts profondes
et
les petits animaux sauvages
lors
que vraiment sauvages sont les humains
dont
nous traversons les terres
Nous
mangeons les pierres et buvons le sable solitaire
enfonçant
nos pas dans l’épaisse poussière
des
ruines de la guerre désertant la folie
Voyageurs
sans balises
cherchant
la terre impossible où renaître encore
©CeeJay.
25 oct.
845 Festoient les ombres noires
Trébuche la mort
laissant le temps de guerre effarouché et contrit
suivis de nos silhouettes aveugles
dans les rues dévastées
Les dauphins tristes nagent parmi les noyés
et ne font pas de jeux
respectueux des morts dans le silence des flots
Les étoiles couvent de lumière
les dépouilles restées sur terre
étendues dans les vaux victimes des fausses
guerres
elles ne verront pas mai le joli mois d’amour
Festoient les ombres noires
avant d’assassiner sous les saules gris
dans les vallées humides
sous le vent qui ulule
©CeeJay
24
oct.
843
Ne voir que nos ombres
Courage,
audace et révolte
sont
essentiels à la survie de l’homme
toutes
qualités hélas perdues
où
du moins oubliées enfouies dans l’amnésie
Le
monde s’est étiré, allongé
résonne
comme un orage dans un crâne sourd
qu’une
main sadique frappe pour l’en extirper
Il
y a dans nos yeux une lueur
où
se terre la terreur
Nous
avons égaré la clé des paradis
ne
nous reste plus qu’à danser nus sous le soleil
plonger
dans l’océan et oublier « la civilisation »
tourner
le dos à l’astre de feu
Et
ne plus rien voir d’autre que nos ombres
©CeeJay.
22 oct.
842
La fin de l’ancien monde
Invisible
fond de la noirceur humaine
Les
traînées luisantes des limaces
sont
des écritures qui montrent le chemin des libertés
Les
marécages parcourus sont nos traversées du désert
les
monts de ronces sont les temples de nos prières
avec
dans la bouche le silex qui désaltère
les
culs-de-sac des routes fantômes
sont
les lieux de nos repos
les
pierres tombales nos couches de fortune
Endeuillés
de liberté
la
douleur ensevelie sous l’insensibilité du harassement
ombre
des ombres la vie s’attend
et
notre silence résonne comme un cri dans le lointain
de
la vallée où stagnent les nuages de l’aube
La
nuit notre corps astral commun
surplombe
la canopée
se
lie aux étoiles
et
prend l’espace infini comme chambre à coucher
Derrière
nous dans les villes bombardées
Nos
enfants résistants combattent l’invisible
le
monde et les médias les traitent de terroristes
et
un á un ils meurent déportés
au-delà
les murs dressés
entre
les quatre coins des miradors
charognes
dérisoires si vite oubliées
Ainsi
finit l’ancien monde humain
©CeeJay.
841
Semper Fidelis
Ses
yeux sont des sables mouvants
une
faille dans le béton glacé
Pour
renaître il faut d’abord mourir
Une
pensée comme un sabre saillant
La
foi au ventre et le diable au front
Un
prince stoïque sous le plafond digital
de
l’université de Paris 2
un
chacal flamboyant dans le désert urbain
l’esprit
dévasté par le cyclone
de
la nouvelle mentalité
La
souffrance est comme un phare
Braqué
sur lui dans la nuit
Elle
fait tout disparaître
Tant
d’écrits vains à écouter
respirer
le sable inculte
Des
tables de lois scélérates et des codes pénibles
En
besoin de démesure
ayant
pris l’habitude de sortir d’un trou
pour
tomber dans un puits
l’étudiant
de ce siècle s’est perdu
dans
les dédales d’un autre univers
enfoui
secrètement dans ce monde
©CeeJay.
21 oct.
839
Les ronds de fumée
Nous
sommes figés dans l’impossibilité d’agir
et
ne savons comment résister
pendant
que s’accélère comme dans un film de science-fiction
la
prise du monde sous une impitoyable poigne
Annihilation
!
Comme
un destin auquel nul ne peut échapper
Et
je me rappelle avant quand le soir
on
faisait des ronds de fumée que l’on regardait s’évanouir vers le ciel
ne
pensant à rien d’autre, libres et insouciants
©CeeJay.
2015
20 oct.
838
Les yeux de flammes
Mes
pensers rêveurs vont pieds nus
flâner
sur les rizières blanches
á
la recherche de l’orient des perles
reflet
à nul pareil
avec
des mines de l’autre monde
égaré
dans le glacier de la mémoire
Á
son coucher l’astre qui dore mon front
est
l’ultime consolation
Fuit
le temps dans les brumes obscures
nous
avons vu ce que l’on ne peut croire
Les
hommes sont droits et sans visages
avec
des corps aux allures échouées
ornés
des yeux de flammes
J’aimerais
qu’á l’instant de la mort
l’on
puisse confondre mes yeux et les étoiles
©CeeJay.
©CeeJay
(extraits par Dana
Shishmanian)
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