Extraits d'un recueil inédit
illustré par l'auteure
La nuit s’ouvrit
en lui
Surchargée de silences.
Comment s’avancer sans frayeur
À travers ce pays suppliant ?
Comment regarder sans peine ?
Il fallait porter la solitude
Comme un poids hagard,
Comme une charge incertaine,
Dans les mains fissurées
Collées au visage.
Il fallait monter sans fin
Avec les pieds que rien ne lie
Suffisamment au sol.
À combien de pas se trouvait l’aube ?
Nous nous rassemblons dans les villes
Et attendons que les anges descendent.
Le battement des cœurs annonce leur présence.
Laissons-les tenir nos mains quand le temps nous prend
!
Laissons-les nous souffler l’agitation quand nous apprenons à
aimer.
Comme les enfants, ne tremblons pas !
L’été
n’est plus qu’une paix
Dont le vent
s’empare ;
On appelle cela
dimanche.
Te voilà
en éclat.
Et si tu marches
encore c’est que le ciel est clair.
Ton arrachement
ne connaît pas de fin.

Voyez
l’éclat de cette aile,
L’tendue de son
ouvrage.
Voyez
l’allégresse de l’ange
Quand il nous
accorde, hésitants, aux heures.
L’été
s’en va
Et nous sommes
riches de ce que nous avons aimé.
N’ayez pas peur
de cette diminution de lumière,
Elle s’en va sur
les rivages de la grande nuit.
Qui
déjà n’a pu pressentir
La fenaison du vent
L’effacement des feuilles
La naissance lointaine ?
Seuls les cœurs
les plus éclos sont rassurés
De ne pas
heurter la main tendue
À travers
le temps.
Tu
cèdes ton visage
Dans un
sourire ligoté à tes os.
La parole
devient une invocation,
Dont tu
n’a presque plus besoin.
Pour
remuer les membres
Il te
suffit un seul mot.
Nous
étions tous réunis à la table d’automne
Quand la joie
arriva,
Les fruits
éclatants s’affirmèrent dans leur chute.
Depuis des
semaines nous les attendions,
Non point
possesseurs, mais comme ceux
Qui restent
heureux sous la pluie
Pendant des
jours.
C’est
avec les mains
Que le monde est
recréé.
Ces mains en
équilibre,
Posées
sur la table, curables, parfois fiévreuses.
Inutile
de parcourir davantage les forêts.
Tu
désapprends le « je » pour retrouver
Celui qui se
rassemble en toi,
Le solitaire,
auquel un pays répondait ;
Durant des mois,
tu aspirais
À
effacer la distance.
Aujourd’hui tes
mains se retirent.
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