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ARCHIVES : CRÉAPHONIE

Été 2024

 

 

Hommage à Étienne Fatras. 

Par Michel Bénard

(*)

 

Une image contenant personne, habits, intérieur, Visage humain

Description générée automatiquement

L’artiste dans son atelier

 

 

A la mémoire de l’artiste

 

Dans le cercle privilégié des poètes et artistes, Etienne Fatras était particulièrement bien apprécié. En premier lieu pour son talent personnel et son inaltérable gentillesse, il avait toujours un sourire, un propos sympathique pour les amis et confrères.

À plusieurs reprises il exposa à l’espace Mompezat, siège de la Société des Poètes Français. Ses expositions nous ont toujours apporté un souffle de fraîcheur, sorte de bonheur presque innocent, car chacune de ses sculptures contenait sa propre histoire, sa propre écriture.

N’oublions pas qu’Etienne Fatras était également un poète taquinant la muse en entretenant toujours un lien entre ses sculptures et ses poèmes. Chacune de ses œuvres avait l’intensité d’un poème, d’ailleurs à ce propos c’est lui qui sculpta Érato, muse symbole de la Société des Poètes français, mais nous lui devons également de beaux bustes de Rimbaud, Verlaine, Villon, Baudelaire et bien d’autres œuvres qui trônent sur les bureaux de quelques poètes et hommes de lettres, jusqu’en Italie, terre de cœur qui influença beaucoup Etienne Fatras.

 

Etienne Fatras Rimbaud

Etienne Fatras : Rimbaud

 

Etienne Fatras Verlaine

Etienne Fatras : Verlaine

 

L’ensemble de ses créations nous invite à l’évasion en transgressant l’âpreté de ce monde par le miracle de la beauté, le mystère de la féminité en faisait souvent la démonstration.

 

Etienne Fatras, Beauté africaine

Etienne Fatras : Beauté africaine

 

Etienne Fatras. Ma première

Etienne Fatras : Ma première

 

D’une rare modestie Etienne ne chercha jamais à imposer son œuvre, mais préféra laisser le temps de suggérer, de préserver la part du rêve, le langage des anges, de laisser l’imagination s’épanouir. Seul dans son atelier, un peu comme un moine en sa cellule, il aimait créer dans la contemplation, la sérénité, en écoutant de la musique sacrée, chants grégoriens ou orthodoxes, à cet instant précis son esprit se faisait monacal afin de mieux s’abîmer dans le travail, comme une prière universelle : « Ora et labora » qu’il aurait voulu laïque.

Avec beaucoup d’humilité, signe distinctif d’Etienne Fatras, il était toujours dans ce dilemme du questionnement existentiel ou spirituel. Tel un alchimiste ébloui Etienne Fatras tentait la métamorphose de la vie, caressait l’énigme du temps. Pygmalion n’était pas loin. Pour lui la sculpture était un acte d’amour, une reliance avec l’existence.

 

Etienne FATRAS Le Méditant terre cuite patinée

Etienne Fatras : Le Méditant

 

Il était un sculpteur qui se faisait médiateur de la parole. À sa façon il préludait le futur et œuvrait pour un monde qu’il aurait voulu meilleur en lui donnant sens dans la protection des siens. La famille ayant chez lui une valeur cardinale. Sous forme de révérence symbolique, je lui laisserai la parole au travers de son poème et sculpture : « L’arlequin »

Allez salut l’artiste !

 

Etienne Fatras. Arlequin et la belle inconnue

Etienne Fatras : Arlequin et la belle inconnue

 

Le salut d’Arlequin

 

Certes c’est peu de chose

Un geste de la main

Un mouvement de la tête

Et même si j’ose

Une question indiscrète

Qui derrière ce masque

Cache ses frasques ?

Je sens son regard perçant

L’ironie de son sourire

Mais je ne saurais vous dire

S’il est bienveillant.

Lui-même existe-t-il vraiment

Sur ses jambes bien plantées,

Je ne vois plus son visage.

Rassurez-vous, ce n’est rien,

Vous, vous allez bien

Arlequin n’est que la mise en scène

De la fantaisie d’Étienne.

 

Étienne Fatras.

 

 

©Michel Bénard 

Lauréat de l’Académie française.

Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

 

 

(*)

 

Nous reproduisons cet article d’après la revue en ligne Souffle inédit du 18 mars 2024, pour signifier l’hommage que Francopolis rend à son tour au sculpteur Étienne Fatras (1945-2024) dont nous avons publié une Créaphonie (au n° de mai-juin 2023) et un livret complet intitulé Fatraisies à Reims – sculptures et poèmes – dans notre Bibliothèque Francopolis n° 9.

Notre hommage se glisse ainsi, par la pensée, sous la plume inspirée du poète Michel Bénard, artiste plasticien lui-même, à qui nous devons la découverte des silhouettes évidées et poétiques du sculpteur de Reims.

 

 

 

Créaphonie : Hommage à Étienne Fatras 

Francopolis, Été 2024

Recherche Dana Shishmanian

 

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Créé le 1 mars 2002