Le sang des innocents
© Bruno Altmayer, La mort en boîte.
« Toujours ces murs où la vie
est crucifiée… »
Toujours ces yeux d’hommes
Où s’imprime l’infinie détresse,
L’infamie de l’immonde chaos,
De l’insoutenable exaction.
Toujours ces cauchemars
humiliants
Colorés du sang des innocents,
Toujours ces pupilles horrifiées
D’êtres les témoins permanents
De tant de vies anéanties.
Toujours ces visages effarés,
Où ne demeure que l’ultime
Transparence de l’oraison
Des orbites évidées, horrifiées,
épuisées,
D’où ne s’écoule même plus
La désespérance des larmes.
Toujours ces yeux d’hommes
Stigmatisés par l’inqualifiable,
Mais qu’ont-ils fait de la PAIX
?
© Michel
Bénard
***
Perspective prométhéenne
© Bruno Altmayer, Perspective prométhéenne ou la tentation
de l’hubris
Poème dédié à Gabrielle Simond,
Ambassadrice de la Paix
Les faciès de la rue
Portent les traces
D’un étrange mystère,
Ils s’interrogent, s’abîment,
Sur l’incertitude d’un monde
Désincarné, désenchanté,
Les portes d’un désert s’ouvrent
Sous les vents de sable,
Une énigme plane.
Le temps se met en absence,
Ce n’est qu’un songe qui passe
Puis doucement s’efface.
Les faciès de la rue
Manifestent des signes
d’espérance,
Car ils savent que seuls les
poètes
Peuvent encore faire germer,
Des fleurs et des bouquets
d’étoiles
Sous le signe de la Paix.
© Michel
Bénard
***
La lettre rouge
© Michel Bénard, Collage :
La lettre rouge.
Lent effleurement du pinceau
Au grain du lin de la toile,
Le pigment dépose
Ses traces d’ombre
Sur l’énigme des signes,
Griffe la neige d’écume
Sur l’infini de l’océan.
La calligraphie se fait poème
Du non-dit, du non révélé,
Elle ouvre les grands espaces
Des hautes demeures intérieures.
© Michel
Bénard
15-08-2024
***
Une porte ouverte
© Éliane Hurtado,
peinture (reproduite de son site)
C’est une porte ouverte
Sur la ligne de l’infini,
C’est une chaise vide
Dont le linceul de soie
Masque une absence,
Ce sont des mains jointes
Dans l’élévation de la prière,
C’est une coupure de presse
Annonciatrice du drame
De l’inconsciente humanité,
C’est une
frêle embarcation cinglant
Vers une destination inconnue
Bien au-delà de l’horizon.
C’est une lettre oubliée
Dans la poche d’un corps
abandonné.
© Michel
Bénard
15-08-2024
***
Avant la tempête
© Daniel
Convenant, Avant la tempête
C’est le passage du silence,
L’heure des hautes solitudes,
Où de ténébreuses empreintes
sépia
Gravent d’énigmatiques paysages
Sur les replis drapés
De rêves en noir et blanc.
C’est l’écume du silence,
L’heure des hautes solitudes
Où doucement s’estompe
Le profil de la lune.
© Michel
Bénard
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Calligraphie d’or
© Éliane Hurtado,
La calligraphie d’or
Il ne nous reste plus
Que la fragilité éphémère
Des statues de sel,
L’érosion du livre de pierre
Sous les vents millénaires
Et permanents du désert,
La transmission de la Parole
Comme haut symbole,
En forme de poème sanctifié
Par l’encre sacrée du calame,
Il ne nous reste plus
Qu’une graine de silence.
© Michel
Bénard
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Imploration
© Safet Zec, Imploration
Il n’y a pas de justes guerres,
Il n’y a que des prétextes
imaginaires,
De toutes origines les guerres
Sont toujours insoutenables,
Mutilations des civilisations
Destructions du beau, du bon,
Apologie d’un mal inéluctable,
Inacceptable échec de
l’humanité,
Avilissement, asservissement de
l’homme,
Auteur de la mise en scène
De son propre deuil.
Dramatique perdition d’une
destinée,
Où nous vivons dans un monde
Sous parure mortuaire.
© Michel
Bénard
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À tous les peuples
© Safet Zec, À tous les peuples
A tous les
peuples victimes de la folie arbitraire et meurtrière des guerres ! Tache
indélébile scarifiant l’humanité.
Je m’avance sur les cendres
D’un pays qui n’existe plus,
Les mers en baignaient les
côtes,
Aujourd’hui elles sont
disparues.
Peuple stigmatisé portant
Dignement son deuil,
Pays écartelé, profané,
Par le passage incessant
Des invasions et des tyrans,
Dont les chants anciens
Reviennent de loin.
La litanie étend ses ondes
Sur les ruines du sanctuaire.
Un violon fédère
La mémoire d’une nation,
Il ne reste plus rien, tout
s’éteint,
Seul le silence d’une voix
s’installe
Descendant mystérieusement du
ciel.
Un archange de lumière vieille,
Paraphant l’évidence poignante
D’une puissante source
d’espérance.
© Michel
Bénard
***
Se taire… Parler enfin
Peinture de © Safet Zec
Texte
dédié à Ada Aharoni ambassadrice de la Paix.
Se taire,
Lorsque le supportable ne l’est
plus,
Se taire,
Migrant en terres et forets
défoliées,
Se taire,
Regardant des bibliothèques
incendiées,
Se taire,
Face aux femmes, enfants brulés ou mutilés,
Se taire,
Dans les ruines silencieuses des
villes,
Se taire,
Témoins de milliers de morts
anonymes,
Se taire,
Devant barbelés, murs et
frontières,
Se taire,
Au constat des barbares d’un
autre temps,
Se taire,
Ecoutant
ceux qui évoquent d’obscurs dieux !
Parler enfin,
Tout avouer même
bouches bâillonnées,
Parler simplement,
Pour réapprendre le sens de la
beauté,
Parler librement,
Pour épeler le verbe aimer,
Parler à tout vent,
Pour refonder l’humanité
Avant que le temps n’en soit
passé.
Textes de : © Michel Bénard
Œuvres de : © Bruno Altmayer, Michel Bénard,
Éliane Hurtado, Daniel
Convenant, Safet Zec.
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