Cœur fusionnel (peinture
d’Éliane Hurtado)
Au cœur de la fusionnelle
Coulée des signes carminés
De l’origine du monde,
Dans une complainte grégorienne
J’entends les promesses d’aube
D’une espérance en gésine,
Nous rappelant l’éphémère
Fragilité de la vie.
Un voile de pérennité
Aimerait draper
Les mouvances lactescentes
De votre indicible beauté,
Peinte sur une toile de lin
Maroufler de feuilles d’or.
***
Adirondacks (Sculpture
de Yolaine Rilhac)
Souvent nous songeons
A ces amours lointaines
Porteuses de parfums adolescents,
Où volettent des étoffes
Transparentes et légères
Sur de jeunes seins malicieux,
Où de belles mains gracieuses
Effilées caressent les rêves du ciel.
L’amour comme le temps
S’efface inéluctablement
Alors qu’il ne me reste
Que l’éclat de vos yeux,
Pour lire sur vos lèvres
L’émotion des souvenirs,
Avant qu’ils ne se perdent
Dans les profondeurs de la nuit.
***
Cage dorée (peinture de
Rini Ferhi, 2023)
L’apparition se fit porteuse
D’un romantisme poétique,
La femme était belle et troublante,
Les traits habités de la pureté
D’une icône enluminée,
Se faisant témoin du silence.
Sous l’espiègle douceur
D’un rayon solaire,
Le cou se prêtait à la grâce,
La tête légèrement s’inclinait,
Tout le rayonnement
De cette aube naissante
Vibrait sur les blondeurs mêlées
D’une tresse nuancée,
Allant des reflets de blés blonds,
Aux variantes de roses nacrées.
Tout ne se voulait que jeux
De sensuelles lumières,
Symbolisant l’intime élégance
Embellie par le sourire
Mutin d’un sein
Encore galbé de vives sèves.
***
Éclore (peinture de Rini Ferhi)
Pareils à un songe chimérique,
Vous m’offrez de vous-même
La plus intime essence
De votre corps en offrande,
Porté au seuil de l’abandon.
Alors laissez-moi m’évader
De votre mirage hypnotique,
Afin que mon regard glisse
De votre lumineuse épaule,
A l’échancrure de vos seins
S’arrondissant sous les sèves du désir,
Votre peau révèle les nuances
Des premières heures de nos errances.
Pareils à un songe chimérique
Vous m’offrez vos sèves pubiennes
Telles de délicates confidences
Se faisant calice pollinisé
Dans l’euphorie de notre jardin.
***
Dis-lui (peinture de
Roland Souchon)
D’une photographie jaunie,
Tel un mirage
S’éveille le souffle
D’une mémoire estompée,
Sur les semences d’amours anciennes
Que l’on voudrait porter en terre,
Nourri de cet espoir secret,
Au seuil d’une aube nouvelle
De les voir refleurir.
***
La main (peinture de
Safet Zec)
Il avait dans les yeux
Tous les feux merveilleux
De la lumière des cieux,
Il avait dans les mains
Toutes les lignes du chemin
Élevant jusqu’au divin.
Était-ce bien un homme,
Était-ce bien un ange,
Nul ne le savait,
Seul un rossignol le nomme
Tant sa beauté l’étonne.
Il allait en silence
De nuage en nuage
Effeuillant d’un geste lent
Les lys de la tempérance,
Effaçant par compassion
Ce que ce monde perdu
Porte de plus terrifiant.
Était-ce bien un homme,
Était-ce bien un ange,
Nul ne le savait,
Trop de sang lui coulait sur les mains.
***
Combien de temps
(peinture de Safet Zec)
Combien de temps faudra-t-il encore
Avant que les ailes d’un ange
Ne caressent la surface du monde.
Combien de temps faudra-t-il encore
Avant de voir l’hydre sulfureuse
De la violence, des exactions,
Se trouver à jamais terrassée.
Combien de temps faudra-t-il encore accepter
Au nom d’une quelconque allégeance
A d’hypothétiques croyances et rançons
D’enfants sacrifiés, mutilés, abusés,
Pour voir enfin naître une once de tempérance.
Combien de temps faudra-t-il encore cautionner
La chape de haine aveugle et ignorante,
L’agonie d’un monde maintenu en otage.
Combien de temps faudra-t-il encore
Pour que les peuples ne soient plus horrifiés,
Les innocents persécutés sous les yeux fermés
Occultant l’insoutenable arbitraire.
Combien de temps faudra-t-il encore
Avant de voir le blanc et le noir
S’enlacer et danser sur la place de la concorde.
Combien de temps faudra-t-il encore
Pour voir un jour s’élever dans le ciel
La lumière de l’astre de la tolérance embraser
Ce qu’il reste de poussière d’amour.
Combien de temps faudra-t-il encore
Avant d’enterrer la dépouille de l’ignominie ?
***
Le combat de l’ange
et de la bête (peinture de Bruno Altmayer)
Mais qui sont ces ignobles
Fossoyeurs des droits de l’homme,
A propos de qui, de quoi,
En fonction de quel droit,
Au nom de quelle loi
Brisent-ils l’écho de nos voix,
En raison de quel pouvoir osent-ils
Déclencher une tragédie mondialisée.
Mégalomanie démesurée,
Insoutenable paranoïa
Aveuglée des fumées de la vanité.
Mais qui sont ces hommes
Plus proches du Léviathan
Que de l’apparence humaine,
Nous rapprochant de l’immonde.
Aucune guerre, aucune violence,
N’ont de justes raisons
Sinon celle de l’aliénation.
Sur ce linceul silencieux,
Seul perce le cri prédateur,
Le ricanement cynisme
Sidérant symbole du chaos.
Mais qui sont ces créatures
Profanant le sens même de la croix,
Mais qui sont ces hommes
Sans nulle compassion
Pour leurs frères de sang
Portant la mort au fond du regard.
©Michel
Bernard – poèmes
© Éliane Hurtado, Yolaine Rilhac, Rini Ferhi, Roland Souchon, Safet
Zec, Bruno Altmayer - peintures
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