
Rêve amoureux au fil de l’eau
La création s'est installée très tôt, comme un moyen d'expression au
même titre que la parole. J'ai choisi d'en faire mon métier car elle est
vraiment indispensable à ma vie de tous les jours.
J'ai commencé par faire des personnages en plâtre armé à partir du
lycée, puis en papier mâché.
J'ai fait plusieurs grandes pièces dans des expositions diverses,
qui m'ont amenée à créer avec de multiples matériaux : plâtre, fer,
plastique, tissus, assemblage... Le tissu est venu progressivement se mêler
à mes sculptures, sous forme de vêtements, et de laine pour les cheveux. Ma
participation à la Triennale des mini-textiles d’Angers, en 2017 m'a
définitivement installée dans le textile.
Il me semble que l'art est d'abord un dialogue : d'un côté
l’artiste a besoin de se décharger d'une émotion forte, d'exprimer un
concept important en lui donnant corps à travers une œuvre, quelle que soit
la forme qu'elle puisse prendre : littéraire, plastique, musicale,
etc. ; et de l'autre, le spectateur, sensible, se reconnaît où se
découvre dans ce qu'il reçoit...
Je cherche avant tout la légèreté, même dans ce qui est difficile à
dire où à vivre.
Ce que je crée a toujours l'air léger, doux, coloré, onirique. Mais
derrière une maison isolée sur son île, il y a la solitude, dans le noir
d'une autre, la colère, la blessure, et la mort. Mon univers est
discrètement ambivalent. C'est la Vie : un mélange d'univers opposés
sans délimitation distincte entre deux extrêmes, avec une pointe de
fabuleux que je rajoute avec des fils qui bougent, du doré, des couleurs qui
explosent et des fils qui brillent.
La nature dans sa globalité ou dans sa dimension microscopique
m'inspire. J'aime l'humilité de l'éphémère et le merveilleux dans le
presque rien. Mais aussi les impressionnistes pour leur vision du bonheur
dans la simplicité du quotidien, leur façon de perdre le spectateur dans la
couleur mystérieuse...
La poésie de Chagall, Barry Flanangan pour la rigolade à dimension
zoomorphique, les « drôleries » dans les enluminures du
Moyen-Âge, Marie-Rose Lortet pour son art de dompter le vide au travers de
ses structures de fil, Christian Lacroix pour le flamboyant, Robert
Doisneau pour la vie de tous les jours et l'enfance, Woody Allen pour la
maîtrise de l'angoisse, Paasilina pour la folie de ses personnages qui
s'autorisent tout, Gaston Lagaffe pour sa désinvolture, mon potager qui me
relie à la terre, aux odeurs et à l'essentiel, Colette pour son rapport à
la nature et aux bêtes, les oiseaux, les arbres, les scientifiques qui
expliquent pourquoi avec poésie, la
philosophie, Gilles Clément pour son bon sens, la sage résignation de
Souchon face à la bêtise humaine...
©Sophie Touret
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Chaise paysage
Ceci
n’est pas une chaise !
C’est un
jardin, une colline
De la
mousse sous un chêne
La
petite maison avec son toit framboise
Respire
une herbe fraîche
Et l’œil
du tronc noueux
Invite à
la curiosité bucolique,
A la
contemplation hallucinée
Au jeu
immodéré
Aux
jongleries, aux pitreries,
Aux fous
rires
Là tout
de suite
A en
tomber de sa chaise.
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Sous les flots
Mieux
vaut s’envoler !
Les arbres
voyagent sur des nuages arcs-en-ciel
Ils
dansent au gré du vent,
Si
mobiles,
Si
légers,
Ils
sont frères plus chanceux qu’Icare
Ils ne
s’approchent pas du soleil,
Ils ne
se brûlent pas les ailes,
Ils ne
tourbillonnent pas
Ne défaillent
pas,
Ils
jouent au-dessus des berceaux
Ils
sont des rêves
Qui
vont et viennent
Bulles
et babillages
Au fil
suspendu !
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Jonas a
trouvé son paradis.
La
maison l’a accueilli,
Son
lopin de terre l’a accueilli
Et il
aime à rêver à l’ombre de l’arbre sinueux
Qui
ressemble au voyage accompli.
Les feuilles
de l’arbre sont si belles,
D’un
vert si parfait,
L’ombre
le désaltère.
Comme il
est fier, Jonas, du toit vichy
Nouvelle
génération
Avec
bouton de sûreté
Garantie
à vie !
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Une
famille d’hirondelles
Y
construira son nid,
C’est écrit
dans le contrat.
Ses murs
bien isolés, l’isolent.
Ainsi il
peut méditer, bougonner,
Converser
à sa guise
Loin de
l’air marin,
Loin de
la baleine,
Loin de
Ninive
Si près
pourtant du très-haut
Qui ne
tardera pas
A le
mettre une fois encore
A
l’épreuve,
Ça aussi
c’est écrit !
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