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POÉSIE INCAS Avec l’arrivée des espagnols, les protections
artistiques propres aux Indiens du Pérou ont disparu. Les constructions
de style incasique se taisent, les céramiques sont réduites
aux formes utilitaires les plus banales, la tapisserie s’est éteinte,
même celles tissées pour les conquistadores. L’Indien est ce
qu’il reste de plus précieux. Mais comment peut il s’exprimer si son
art s’éteint ? Et bien, il a conservé sa langue, le quechua
(ou keshua), sa manière de penser, de sentir. Il s’exprime avec ses
mots mais aussi avec ses sons, les chants et la musique. C’est dans cette
tradition orale que nous pouvons retrouver des éléments de
sa personnalité.
Les peuples d’Amérique, même les plus évolués, n’ont pas connu l’écriture au sens où nous l’entendons. Les Mayas, les Zapotèques et les Aztèques avaient conçu un système de hiéroglyphes mêlés de dessins coloriés ressemblant un peu au rébus. Mais ce système n’a été utilisé que pour préciser les dates des fêtes, les jours fastes et néfastes et pour rappeler les principaux faits historiques. ![]() Les anciens péruviens n’avaient pas atteint ce
stade. Par contre ils se servaient de Quipu comme aide mémoire, outil
de comptabilité. Le quipu : frange dont les brins comprenant plusieurs
couleurs, portaient des nœuds à des hauteurs déterminées,
ce qui correspondaient à des multiples. Nous ne savons pas si le quipu
a servi à un autre usage que celui de la comptabilité.
(Résumé d’un texte de Raoul D’Harcourt,
Cahiers du Sud, 41ème année, n°327, février 1955) ******** « le peuple chantait ses amours en de petites pièces de « vers démesurés ». Les strophes avaient de la concision pour que la mémoire put les retenir aisément ; les vers, courts ou longs, avaient un nombre de syllabes comptées, mais sans rime. En exemple, il nous donne un tout petit quatrain où l’amant prévient celle qu’il aime qu’il viendra la voir au milieu de la nuit, et une pièce plus développée, dans laquelle le poète explique le mystère de l’orage et célèbre la pluie fécondante ; cette poésie qui provient du P. Valera, possède l’esprit et la forme incasique, on y trouve l’idée mythique de l’union du frère et de la sœur. » par Garcilaso ****** Des chants traditionnels en quechua ont été recueillis dans les années 20. Ces chants aux textes poétiques expriment la tristesse dans l’amour, l’amertume résignée, l’appel romantique de la nature… Le métissage entre les conquérants et les soumis n’enlève rien au fait que la distinction entre les deux types de texte reste souvent possible. Même si le vocabulaire s’enrichit de racines castillanes. Pour les mètres, c’est plus difficile de définir à quelle race ils appartiennent. Garcilaso est resté trop vague sur ce point. Même s’il déclare que la poésie de Valera est en vers de quatre pieds, le péruviens ont su adopter d’autres formes de vers. Il faut se rapporter à la métrique actuelle et nous constatons que le quatrain en octosyllabe l’emporte. Or la copla espagnole adopte aussi cette forme. Nous devons donc admettre une intrusion de la métrique occidentale chez les quechuas. Quand aux refrains, chez les anciens péruviens ce sont des onomatopées ou de courtes phrases qu’il s’agisse de plainte, d’appel ou d’excitation telles que : huachakas (tiens bien), hayli (triomphe), kaypipas, maypipas (ici ou là), tuyallay (diminutif de l’oiseau tuya)… Les thèmes abordés C’est sûrement donc dans la forme poétique que nous avons les meilleurs témoignages de la pensée indienne, davantage que dans les récits épiques. Le meilleur contenu reste dans les chants d’amour. Le sujet par excellent est celui de l’homme qui ne sent pas sa passion partagée. Les termes par lesquels il nomme sa bien-aimée sont nombreux : yanallay (petite noire), il la compare à une branche de gênet, à une liane qui s’attache à une fleur éclatante, et par dessus tout à une colombe (urpi) dont les longs roucoulements se répercutent dans la vallée. L’amour malheureux s’exhale en reproches, mais il est résigné. L’amant prendra à témoin le soleil et les astres qu’il pleure des larmes de sang. Parfois il propose un châtiment pour celle qu’il ne sait aimer : la jeter dans un lac, l’abandonner sur un champs de neige. Quand la femme parle c’est pour révéler l’infidélité du compagnon ou l’abandon. Mais l’indien sait aussi parler du côté humoristique des choses et des gens, il sait rire. Dans sa composition littéraire, un procédé de renforcement des idées par l’emploi successif de synonymes , et l’indien n’hésite pas à quechuasiser des termes espagnols. Il y a aussi des sortes de progressions, de renforcement de pensée qui par petits bonds successifs passent d’un palier à un autre palier plus élevé. « Les keshua avaient attaché plus d’une corde à leur arc et ils savaient tour à tour les faire vibrer ». photo Aaron |
Créé le 1 mars 2002
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