
Notre Dame de l’Heure, d’Alep, de Palmyre
Récompense divine de tendre Beauté,
Notre Dame est Isis, fermement sanctifiée
Par la fraîcheur de Rome, la chaleur de Rio
Un langage intérieur, délicat qui s’impose
À la lisière des voix familières,
Couvre de prières les cruels maux
Vêtus du linceul des vices qui empoisonnent.
Notre Dame demeure en adoration.
Notre Dame de Paris aux splendeurs de génie
Tes cloches égrènent les tourments des peuples
Tintent l’heure du Bataclan, de Charlie
L’heure où Paris a résonné du glas de mort.
Qui se suicide, ne sachant courber le front ?
L’imbécile borné, l’inculte sans mystère
L’intrus plus qu’inepte qui viole et fanfaronne,
Quand le vent ride doucement le fleuve désert.
Notre Dame demeure en adoration.
Notre Dame sert de réclame aux touristes
Quand travaux, bruit, impôts sont l’injuste lot
Des fidèles tranquilles de la haute nef
Qui siècle après siècle, telle un pur phénix
Ressuscite après la détresse des désordres.
Les misérables colériques seront oubliés
Oui ! ceux qui montrent la faconde d’un cuistre.
La Malcontente garde l’esprit rebelle et pur
Elle danse dans le brasier, plante les arcs
Du chœur dans le fumier des infidèles.
Notre Dame demeure en adoration.
Ils passent. Sans recueillement ni dévotion
Alors qu’Elle chérit le sillage de la Seine
Notre longue Colombe dans la nuée sereine
Nourrissant les Heures de Paris sans passion.
***

Notre Dame est
brûlée comme une Sorcière.
L’as-tu vue :
Ame fantastique immergée, tellurique et céleste, au regard laconique de
l’éternelle Nature naturante ?
Je ne peux
contempler les cendres
Les passants
photographient le bois calciné — cette
expansion, les golem, les frankestein
et, l’âme archaïque, végétale, tellurique survivant biotope aux méandres
sensoriels je suis allée rue de Bièvre, relier mes premières Paroles
célestes qui embellissaient Saint Saturnin de Gentilly où coule la Bièvre
polluée par les croyants incultes faiseurs de désastres, incendiaires
pour imposer un livre inégalitaire.
Le jour est
gris. L’air est glacial. Dix jours après, les rues de l’île sont fermées
aux voitures. Avant, ils faisaient des travaux au pont de l’Archevêché
car les nouveaux barbares bétonnent, c’est convenu, ils sont
rationnellement actifs…
Qui leur a
montré l’Archevêché détruit à la Révolution, les arbres de la forêt en
offrande aux oiseaux ? Pas les idodoles vénales
et télévisuelles souillant la cause des enfants, les opposants à Notre
Dame quand ne pas se reproduire est un signe de vitalité.
Quand Notre
Dame est brûlée comme une Sorcière.
La logique des
violeurs : abattre ce qui est plus grand que soi.
Jusqu’au XVIIIe
siècle, l’or des Indiens entrait à Cadix. Notre Drame de Cadix est de ne
plus briller, de ne plus rien promettre. Eteinte, Cadix ! pas de beauté
sans âme sensible.
La brute chercheur d’or va débusquer les morts.
Les yeux de
l’incendiaire suintent de convoitise. Au-dessus des déserts sursautent
les petits humains qui grignotent leur prochain, pour qu’il n’y ait plus
rien ceux dont les entrailles se drapent dans la mélancolie.
Quand Notre
Dame est brûlée comme une Sorcière.
L’esprit
invente la vie, s’il a la flamboyance, l’ardeur ancestrale, l’appel
vigoureux qui libère Temps, le grand broyeur où le profond turquoise
enserre l’or vivant.
Ton Or à Toi
la Foi
qui s’oppose au
néant.
©Camille Aubaude
Poème extrait de
Plainte pour l’embrasement de
Notre Dame de Paris
le 15 avril 2019, vers 19
heures,
publiée
par La Maison des Pages éditions,
Paris 2019
Les photos ci-dessous ont été prises le 16
avril, par Dana Shishmanian
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